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Un couple d’apiculteurs d’origine ukrainienne, installé sur l’île d’Orléans depuis 2011, ne pourra plus importer ses abeilles de son pays d’origine cette année, comme il avait l’habitude de le faire depuis trois ans.
Volodymyr Levchenko et Valentyna Minenko, propriétaires des Ruchers de l’île d’Orléans, ont fait leur marque de commerce avec leurs abeilles ukrainiennes, qu’ils décrivent comme une race aborigène locale de ce pays, mieux adaptée à l’hiver québécois que les abeilles importées d’autres pays comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.
Ce dernier continue malgré tout d’espérer que ce permis lui sera livré à temps pour faire venir des reines pour sa saison 2024, même s’il commence à en douter.
Si les frontières se sont soudainement resserrées sur cette marchandise, c’est en raison d’un acarien, le Tropilaelaps, capable de dommages encore plus dévastateurs que le Varroa destructor dans les ruches. Ce parasite est présent en Russie, près de la frontière ukrainienne, ce qui a incité le Conseil canadien du miel (CCM) à alerter l’Agence canadienne d’inspections des aliments (ACIA). « Ce qu’on nous a dit, c’est que l’ACIA n’aurait jusqu’ici pas reçu tous les documents demandés à l’Ukraine pour pouvoir déterminer s’il était sécuritaire ou non d’autoriser l’importation d’abeilles en provenance de là cette année », a indiqué Rod Scarlett, directeur général du CCM, dans une entrevue accordée à La Terre.
Pour sa part, Volodymyr Levchenko ne pense pas que ce parasite soit présent dans les ruchers en Ukraine, a-t-il affirmé en se fiant à ce que lui ont dit ses contacts là-bas. Il estime également que l’importation de reines comporte peu de risque, puisque ce parasite est surtout présent dans le couvain, avec les paquets d’abeilles. Entre-temps, pas question d’importer ses reines ailleurs, pour ne pas brouiller les lignées génétiques de son cheptel. L’apiculteur a reproduit ses ruches lui-même, mais insiste sur le fait qu’au Québec, il est parfois nécessaire de faire l’importation d’abeilles, notamment pour pouvoir combler les pertes hivernales et démarrer la saison plus rapidement.
Peu d’apiculteurs touchés
M. Levchenko reste toutefois l’un des rares apiculteurs québécois à subir l’effet de cette fermeture de frontière. À l’échelle canadienne, ils seraient très peu nombreux, environ trois, selon lui, à importer leurs abeilles de l’Ukraine, alors que la majorité des importations proviennent de pays comme l’Australie, Hawaï (États-Unis) ou la Nouvelle-Zélande.
Si ce parasite à déclaration obligatoire devait être détecté dans l’un de ces pays d’importation, une fermeture de frontières entraînerait cette fois des enjeux de production beaucoup plus préoccupants chez les apiculteurs québécois et canadiens, entrevoit, de son côté, M. Scarlett. Ce que reconnaît également Raphaël Vacher, président des Apiculteurs et apicultrices du Québec. Celui-ci encourage néanmoins les apiculteurs à s’approvisionner en abeilles et en reines abeilles directement au Québec pour limiter les risques d’introduire des maladies d’autres pays, tout en permettant le développement de lignées d’abeilles mieux adaptées au climat québécois.
Des pertes hivernales moindres que prévu
Les pertes hivernales d’abeilles, notamment celles reliées au parasite Varroa destructor, ont été revues à la baisse dans les entreprises apicoles du Québec, alors qu’au début du printemps, quelques apiculteurs craignaient une saison aussi catastrophique qu’en 2022. « Chez les apiculteurs commerciaux, ça semble être bien, en général, sauf deux ou trois entreprises qui ont été plus touchées », rapporte Raphaël Vacher, président des Apiculteurs et apicultrices du Québec. Il estime que le taux de pertes tournera autour de 35 % pour la saison 2024. « C’est plus haut que la normale, mais c’est loin du 50 % de 2022 », souligne-t-il.