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Le parasite Varroa destructor a encore lourdement frappé dans les ruchers québécois cette année, avec des pertes hivernales moyennes de 40 %, selon les données colligées par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) auprès des apiculteurs. Ceux-ci devront d’ailleurs redoubler d’ardeur dans la lutte contre ce parasite, dont la reproduction pourrait être favorisée par des automnes de plus en plus chauds.
À Mirabel, dans les Laurentides, Christian Macle, de l’entreprise apicole Intermiel, déplore des pertes hivernales d’abeilles de 30 à 40 %, alors que sa moyenne tourne normalement autour de 10 à 15 %. « Le varroa a été un problème cette année, comme pratiquement chaque année », regrette l’apiculteur.
Il s’inquiète maintenant de la chaleur qui a perduré cet automne et des conséquences que cela pourrait avoir sur les abeilles.
En effet, les apiculteurs devront être très vigilants au printemps, prévient Julie Ferland, vétérinaire responsable en apiculture au MAPAQ, surtout si l’hiver est froid, car les réserves pourraient être basses en raison de la saison qui s’est étirée. « Il y a quand même moyen de les nourrir en leur apportant un nourrissage d’appoint en attendant que les ressources naturelles soient disponibles », spécifie-t-elle.
L’autre conséquence possible de ce réchauffement automnal est la reproduction du parasite Varroa destructor. « On doit s’attendre à des quantités plus grandes au printemps, car le parasite se reproduit avec le couvain et on a une production de quatre semaines de plus cet automne », rappelle-t-elle.
La vétérinaire voit toutefois un point positif à tout cela : le couvain produit en fin de saison apportera aux ruches de jeunes abeilles qui seront une bonne aide au printemps, mais encore faudra-t-il que les apiculteurs aient pu contrôler le varroa convenablement pour permettre leur survie.
Changer les habitudes
Ce réchauffement des températures, qui allonge souvent la saison « de deux semaines au printemps et de trois à quatre semaines à l’automne depuis environ cinq ans, remarque la Dre Ferland, chamboule les méthodes apicoles développées au Québec ». « Je ne dis pas que c’est ingérable, car si on regarde en Europe, les hivers sont généralement plus courts, donc on peut s’approcher de ces conditions-là, qui sont plus naturelles pour l’abeille. C’est juste que nous, notre régie d’il y a vingt ans, elle est complètement perturbée », remarque-t-elle. La lutte au varroa doit désormais se faire « dès le printemps, pendant l’été, et être très intense à l’automne », insiste la vétérinaire, alors que ce n’était pas le cas avant.
Cette situation demande des efforts de réadaptation pour les apiculteurs, « alors qu’il y a encore beaucoup d’inconnu et de surprises », souligne-t-elle, en plus de générer des dépenses supplémentaires pour les traitements et les soins.
Une bonne récolte malgré tout
Même si la saison a démarré avec de lourdes pertes hivernales d’abeilles pour plusieurs, les conditions climatiques favorables au butinage ont permis aux apiculteurs d’obtenir un bon rendement par ruche au terme de la saison 2024. « Les conditions étaient parfaites dans plusieurs régions. Il y a eu un peu d’eau, mais pas trop, et un peu de chaleur, mais pas trop », résume Raphaël Vacher, président des Apiculteurs et apicultrices du Québec.
Dans la majorité des régions, la récolte a même dépassé la moyenne, « avec environ 80 à 90 litres de miel par ruche, alors qu’elle tourne normalement autour de 70 livres », rapporte M. Vacher.
Du côté d’Intermiel, à Mirabel, Christian Macle parle plutôt d’une récolte moyenne, « mais quand même bonne, en comparaison aux dix dernières années », affirme-t-il. Pour d’autres, comme l’apiculteur Joël Laberge, de la Miellerie St-Stanislas, en Montérégie, la saison 2024 s’est démarquée par une « énorme » demande de location de ses ruches pour la pollinisation. « On a envoyé 75 % de plus de ruches en pollinisation que d’habitude. Ici, on n’a pas eu beaucoup de pertes hivernales, donc nos ruches étaient disponibles et très en demande », rapporte-t-il.