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La Société des alcools du Québec (SAQ) a annoncé qu’elle se prendra, dès le 1er mai, une plus grande marge bénéficiaire sur les bouteilles de vin de plus de 15 $, ce qui aura un effet haussier sur les prix que devront payer les consommateurs. Ces augmentations, même si elles se traduiront parfois par quelques sous, rendent des vignerons et des distillateurs québécois craintifs à l’idée de perdre des ventes.
« Moi, le vin que j’ai le plus en stock à la SAQ se vend en ce moment à 19,95 $, au détail. Avec l’augmentation, on va se retrouver avec un prix qui va [monter au-dessus de 20 $]. On franchit la barrière psychologique des 20 $. Ça n’a l’air de rien, mais ça pourrait avoir un impact monstre sur mes ventes », calcule Stéphane Lamarre, copropriétaire du vignoble Château de cartes, à Dunham, en Estrie.
Lors de son annonce, le 12 février, la SAQ a expliqué devoir procéder à un « ajustement modéré » de ce qu’elle appelle la « majoration », soit la marge de profit qu’elle prend sur chaque bouteille vendue, dans un contexte où elle fait face à des augmentations de coûts, notamment pour les salaires et les baux commerciaux.
La dernière fois que la société d’État avait ajusté ses marges, en 2017, elle l’avait fait à la baisse.
Au 1er mai, l’ajustement de la marge bénéficiaire de la SAQ, qui variera selon différentes fourchettes de prix de vente, pourrait se traduire, par exemple, par une augmentation de 0,6 % du prix au détail ou de 0,15 $, pour une bouteille de vin à 25 $. Pour un spiritueux à 45 $, la hausse serait aussi de l’ordre de 0,6 % ou de 0,27 $ sur les tablettes, indique la SAQ. Les ajustements exacts de prix au détail seront connus plus tard, car ils dépendront également des coûts d’approvisionnement pour les produits que la SAQ négociera avec ses fournisseurs.
Coincés entre l’arbre et l’écorce
« Moi, je veux que mon vin continue à se vendre à 19,95 $ aux consommateurs. Je ne veux pas que ça monte à 20,07 $. Pour éviter ça, je n’aurai pas le choix de baisser le prix que moi je demande à la SAQ pour mes bouteilles. C’est moi qui devrai accepter une baisse de mes marges si je veux faire en sorte que le prix reste tel quel en magasin et que ça ne nuise pas à mes ventes », exprime Stéphane Lamarre, qui n’a pas osé hausser ses prix depuis 2021, afin de rester compétitif.
Le président de l’Union québécoise des microdistilleries (UQMD), Joël Pelletier, est aussi d’avis que les fournisseurs se retrouvent « coincés entre l’arbre et l’écorce ». Il redoute que les consommateurs, ayant moins de pouvoir d’achat, réduisent ultimement la consommation de spiritueux à 45 $ et se tournent vers des boissons moins chères.
« Dès qu’on monte les prix globalement, c’est sûr qu’il y a un impact pour nous. Ça fait en sorte qu’on est moins compétitifs par rapport à d’autres choix que les clients peuvent faire. La hausse des prix sur les tablettes aura un impact aussi sur les produits québécois, qui sont en général un peu plus chers que les produits étrangers », signale M. Pelletier.