Acériculture 27 août 2024

L’installation d’érablières, un service en plein essor

À l’origine du service d’installation proposé par Dominique Pépin et Francis Roy : un besoin bien présent chez les acériculteurs, mais surtout, la volonté de conserver la main-d’œuvre de l’entreprise à l’année. Il y a six ans, les deux beaux-frères lançaient officiellement Les installations Érablière Roy & Pépin.

« Au départ, nous sommes des producteurs. Nous avons développé une expertise en installation à force d’en faire pour nous, raconte Dominique. En grossissant au fil du temps, avec de plus en plus d’entailles, nous avions besoin de main-d’œuvre et nous voulions garder notre personnel toute l’année, non pas seulement à temps partiel. C’est comme ça que Les installations Érablière Roy & Pépin a vu le jour. » 

Située à Saint-Côme-Linière, en Chaudière-Appalaches, l’entreprise se distingue aujourd’hui d’Érablière Roy & Pépin, créée en 2008 lorsque le père de Dominique a choisi de prendre sa retraite et que le fils et le gendre de celui-ci se sont associés afin d’assurer la relève. À l’époque, 30 000 entailles étaient en exploitation, un nombre qui, 16 ans plus tard, s’élève à 70 000, bientôt 140 000 avec l’acquisition en cours.

L’équipe arrive chez les clients avec tout le nécessaire pour procéder aux travaux, sauf le matériel à installer. 

Depuis la reprise, nous avons toujours racheté; environ une érablière aux deux ans. Aux 70 000 entailles détenues au Québec s’ajouteront prochainement 70 000 autres aux États-Unis. C’est quasiment fait, il ne reste plus qu’à passer chez le notaire! Nous avons actuellement une douzaine d’employés. Au sud de la frontière, quatre travailleurs étrangers vont se greffer à l’entreprise.

Dominique Pépin, acériculteur

Une bonne réputation qui rapporte

Une production qui prend de l’ampleur, d’excellents rendements, un recrutement plutôt aisé en raison des conditions offertes aux membres de l’équipe : il n’en fallait pas plus pour que la bonne réputation de l’Érablière Roy & Pépin rapporte. Même avant 2018, plusieurs acériculteurs du secteur font appel aux services de Francis Roy et Dominique Pépin pour effectuer certaines installations sur leur exploitation.

« Il y a un client pour qui c’est la septième année où nous réalisons des travaux, signale Dominique. Ceux qui ont de la difficulté à avoir de la main-d’œuvre ou qui ne veulent pas s’occuper d’installer leur tubulure, leurs relâcheurs, leur séparateur ou de connecter leurs bassins, par exemple, nous nous en chargeons pour eux. Nous touchons un peu à tout, car toutes ces tâches, nous les faisons chez nous. »

Les installations Érablière Roy & Pépin proposent aussi des services de bûchage, de débroussaillage, d’entaillage et de désentaillage. Selon l’envergure des projets confiés, le nombre de clients peut varier d’une année à l’autre. En 2024, du début de juin jusqu’à la période des Fêtes, une douzaine d’acériculteurs – qui exploitent entre 500 et 20 000 entailles – recourront au soutien de l’entreprise beauceronne. 

Une demande en croissance 

« Nous avons commencé à faire des installations pour des amis, des voisins, puis le cercle s’est graduellement élargi. La plupart du temps, nous travaillons dans la Beauce, mais nous nous rendons maintenant jusqu’en Estrie. Ça fait trois ans que nous allons également en Montérégie. Il y aurait possibilité de s’éloigner plus, mais pour des motifs familiaux, nous ne le faisons pas », confie l’entrepreneur acéricole. 

L’ex-travailleur du domaine de l’imprimerie évoque de « beaux projets aux États-Unis et au Nouveau-Brunswick ». Cependant, il souhaite éviter que les employés qui ont de jeunes enfants soient séparés de leur famille trop longtemps en raison du travail. Il confirme au passage que les besoins sont très présents et qu’il s’agit d’un volet de l’acériculture qui connaît, ces années-ci, une croissance importante.

Ça fait deux fois depuis trois ans que de nouvelles entailles sont attribuées, ce qui occupe beaucoup de monde comme nous. De la compétition, il en existe, mais il y a plus d’ouvrage à faire que ce que sont capables d’absorber les installateurs. Plusieurs entreprises commencent dans le métier et n’ont pas les compétences, donc dans le marché, il y aurait de la place pour d’autres joueurs.

Dominique Pépin

Beaucoup d’organisation

La demande est en hausse et Les installations Érablière Roy & Pépin auraient l’occasion de prendre de l’expansion, mais les deux entrepreneurs préfèrent limiter son essor. L’embauche de main-d’œuvre supplémentaire, son maintien en emploi 12 mois par année, la gestion de l’ensemble du personnel, auxquels s’ajoute l’achat d’équipement additionnel, sont des facteurs qui viennent freiner ce genre de visée.    

« Déjà, nos activités exigent beaucoup d’organisation, car il faut prévoir du travail pour toutes les personnes qui sont en place et c’est ce qui est le plus difficile. Nous devons, en plus, être en mesure de composer avec les intempéries qui font assez souvent partie du quotidien. Concernant l’équipement, nous avons besoin de tout ce qui est requis pour l’installation et de remorques pour le transport du matériel. »

Dominique Pépin rappelle au passage que son équipe arrive chez les clients avec tout le nécessaire pour procéder aux travaux. « Du côté des producteurs qui nous engagent, tout ce qu’ils doivent fournir, c’est le matériel à installer », indique l’entrepreneur.

Continuer à apprendre et s’engager

Il y a, bien sûr, tous les nouveaux défis associés à la collecte de l’eau d’érable. « Parfois, nous avons un mandat pour faire du souterrain; c’est quelque chose d’intéressant, de différent et nous possédons une pelle mécanique, lance-t-il. Sinon, c’est bien beau de vouloir en faire davantage, mais encore une fois, il faut y aller avec le monde que nous avons et pouvoir occuper les gens à l’année. »

Tous deux détenteurs d’un diplôme d’études professionnelles en production acéricole obtenu à Saint-Romain en reconnaissance des acquis et en suivant des formations à temps partiel le soir et les fins de semaine, Francis Roy et Dominique Pépin continuent à apprendre et à s’engager. « Francis, par exemple, est président des PPAQ pour la région. Nous nous impliquons, puis nous nous tenons au courant pour rester à jour dans le métier! »