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LÉVIS – Le gouvernement du Québec a lancé, en septembre dernier, son chantier sur le Plan Nature, lequel a l’objectif de protéger 30 % des écosystèmes de son territoire d’ici 2030. Certains acériculteurs y voient une occasion d’affaires et d’autres, la menace de l’interdiction ou de l’encadrement abusif de l’exploitation des érables dans ces nombreuses aires protégées à venir.
Une résolution portant sur ce sujet a été longuement débattue lors de l’assemblée générale semi-annuelle des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ), le 22 novembre, à Lévis. À un certain moment, un producteur, Maurice Vigneault, a pris le micro pour dire que toute cette discussion sur la production acéricole dans les aires protégées était très importante, mais devenait très complexe. Il souhaitait des informations plus complètes avant de s’engager à voter une résolution. Des délégués et membres de la direction des PPAQ ont alors envisagé de suspendre ladite résolution pour la remettre au menu d’une assemblée ultérieure.
C’est à ce moment qu’un autre acériculteur, Dominic Gravel, a changé le cours des discussions. « Le Plan Nature [qui englobera notamment la création des aires protégées] se prépare présentement et sera déposé en avril. Si on n’agit pas aujourd’hui, on va l’échapper. On aura perdu notre chance d’avoir notre mot à dire », a-t-il prévenu. Les délégués l’ont écouté et ont finalement décidé de voter une résolution demandant au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs de reconnaître l’acériculture comme une activité durable conciliable avec les objectifs de la biodiversité, et ce, sans créer un fardeau financier ou réglementaire supplémentaire pour les producteurs.
De l’argent, beaucoup d’argent
Dominic Gravel, qui détient une érablière en Estrie et un doctorat en biologie, assure que l’industrie de l’érable doit sauter sur cette occasion de participer à l’élaboration du Plan Nature au lieu de se le faire imposer. En entrevue avec La Terre, il entrevoit de surcroît plusieurs avantages stratégiques à toute cette ambition gouvernementale associée à la biodiversité. Il insiste sur l’importance de profiter du Plan Nature pour demander au ministère de mettre en place des moyens pour protéger les érablières, pouvant elles-mêmes être perçues comme un élément de biodiversité à sauvegarder. « Les enjeux de peste et de pathogènes sont là; ils sont à nos portes. Pensons à ce qui arrive aux hêtres, aux frênes, etc. Des stress s’en viennent pour les érablières avec les changements climatiques, qui menacent cette biodiversité. »
Bénéficiant d’un investissement historique de 650 M$ sur sept ans, et adopté à l’issue de la 15e Conférence des Parties (COP15) à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, le Plan Nature du gouvernement québécois destiné à la biodiversité pourrait ainsi aider les acériculteurs dans la préservation des écosystèmes des érablières. Dominic Gravel ajoute que les érablières en exploitation se caractérisent par un couvert forestier mature peuplé d’arbres de grande taille qui remplissent un rôle essentiel pour leur fonction de maintenir la connectivité entre les peuplements forestiers fragmentés, notamment dans le sud du Québec.
Et l’image
Comme autre avantage de la biodiversité, il désigne l’image de l’acériculture. « Ce n’est pas juste de dire que le sirop, c’est un beau et un bon produit. [Le caractère durable pour la biodiversité], c’est clair que ça peut faire partie du branding : ‘’Ce sirop a été produit dans une réserve de la biodiversité’’. Est-ce que cela va augmenter les ventes, ou les prix? On verra, mais c’est sûr que ça va augmenter la valeur du produit. »