Acériculture 14 janvier 2025

Les acériculteurs deviennent prioritaires pour Hydro-Québec

À la suite des pannes du printemps dernier qui ont paralysé la production de sirop d’érable de plusieurs entreprises dans différentes régions, Hydro-Québec place les acériculteurs sur une liste prioritaire. 

« Un niveau de priorisation de rétablissement plus élevé en cas de panne isolée sera attribué aux installations acéricoles entre le 1er février et le 30 avril. De plus, nous serons en mesure d’éviter autant que possible que des interruptions planifiées n’affectent les installations acéricoles durant cette même période », explique à La Terre Alexandre Pelletier, conseiller en relations avec le milieu pour Hydro-Québec.

Plusieurs acériculteurs ont un tarif résidentiel qui ne permet pas à la société d’État de savoir qu’il s’agit bel et bien d’une érablière. Ces propriétaires sont invités à contacter leur fédération des Producteurs et productrices acéricoles du Québec afin de s’assurer que leurs installations se trouvent sur la liste prioritaire soumise à Hydro-Québec. 

Une bonne nouvelle, mais…

À Saint-Jacques-de-Leeds, dans Chaudière-Appalaches, l’acériculteur Michaël Gagné salue ce concept de liste prioritaire. Il souhaiterait par contre plus de fiabilité du réseau électrique.

On a eu huit pannes pendant le printemps dernier. C’était catastrophique! Je suis content de savoir qu’on est maintenant sur une liste prioritaire, mais la semaine passée, on a eu une belle neige et le courant a planté quand même. Ce n’est pas de bon augure. 

Michaël Gagné, acériculteur

Il explique qu’une panne de courant qui interrompt le fonctionnement des pompes entraîne, d’une part, la perte de l’eau d’érable qui n’est évidemment pas pompée. D’autre part, cela crée un recul d’eau d’érable dans le réseau de tubulure. La sève qui coulait ainsi dans le réseau retourne dans les arbres, mais étant entrée en contact avec les tubes, elle s’était préalablement chargée de bactéries et le fait de retourner dans l’arbre précipite la cicatrisation de ­l’entaille, explique-t-il. « Ça raccourcit ta saison. Chez un de mes voisins, les coulées ne sont jamais reparties après la grosse panne. C’est clair que c’était ça. » 

Michaël Gagné souligne que des arbres pliés sous le poids de la neige ont touché à des fils électriques, ce qui a été à l’origine de quelques pannes dans son secteur, le printemps dernier. Il constate que les équipes d’Hydro-Québec n’ont pas enlevé tous les arbres suspects. Alexandre Pelletier répond qu’Hydro-Québec patrouille l’ensemble de son réseau et prélève les arbres qui sont à risque. Ceux qui ne le sont pas sont de la responsabilité du propriétaire. 

Réduire les pannes de 35 %

Dans son plan d’action 2035, Hydro-Québec se donne l’objectif de réduire le nombre de pannes de 35 % d’ici 7 à 10 ans, mentionne Alexandre Pelletier. « Nous allons d’ailleurs intensifier les travaux de coupe de branches et d’arbres à proximité des lignes électriques afin de réduire le taux de pannes liées à celles-ci de 30 % d’ici 2028. Pour y arriver, nos budgets alloués à la maîtrise de la végétation en distribution ont doublé au cours des dernières années, passant de 62 M$ en 2018 à près de 130 M$ en 2024. » 

Responsabilité?

Advenant qu’un acériculteur manque une partie de sa saison en raison d’une incapacité d’Hydro-Québec de lui fournir l’électricité, peut-il entamer des recours contre la société d’État et obtenir un dédommagement? Alexandre Pelletier répond par l’article 4.1 des conditions de service approuvées par la Régie de l’énergie affirmant
qu’Hydro-Québec ne peut être tenue responsable de tout dommage matériel causé par une ou plusieurs variations ou pertes de tension ou interruptions de service, sauf en cas de faute intentionnelle ou lourde. Il conseille aux clients de la société d’État de communiquer avec leur assureur en cas de perte de revenus ou autre.