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En raison de la médiocre saison 2023 et des exportations records enregistrées en 2020 et 2021, la réserve stratégique de sirop d’érable des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) se retrouve à un niveau critique de 15 millions de livres.
Le printemps dernier, malgré des centaines de milliers d’entailles supplémentaires, les acériculteurs québécois ont enregistré leur pire récolte de sirop d’érable en six ans avec seulement 124 millions de livres. « Cela a été une mauvaise saison pour la majorité des régions. Celles plus au sud s’en sont tirées un peu mieux en profitant du temps clément à la fin février, mais 2023 ne passera définitivement pas à l’histoire », commente Joël Vaudeville, directeur des communications aux PPAQ.
Producteur acéricole à Hérouxville, en Mauricie, Éric Bouchard abonde dans le même sens. « C’est comme si on avait eu une demi-saison et là, je parle juste du volume, car en termes de qualité, c’était aussi beaucoup ordinaire. La saveur d’érable était moins présente dans le sirop cette année. » Le premier vice-président des PPAQ dit avoir récolté en moyenne de 2 livres à 2,5 livres à l’entaille, alors qu’il obtient généralement le double dans les bonnes années.
En 2020, en raison de la COVID-19, puis l’année suivante, d’une faible récolte chez les acériculteurs américains, les exportations de sirop d’érable au Canada avaient atteint un niveau record culminant à 158,3 millions de livres en 2021. « Ça avait été des augmentations de l’ordre de 20 % sur chacune de ces années, mais c’était une anomalie. Il y a eu une diminution de 6,5 % en 2022 et nous nous attendons maintenant à revenir à des augmentations annuelles d’environ 5 % », poursuit Joël Vaudeville. Ce ralentissement des exportations arrive à point dans les circonstances, alors que seulement 15 millions de livres se retrouvent en stock dans les entrepôts des PPAQ et qu’on ignore bien entendu à quoi ressemblera la saison 2024. Le directeur des communications remarque en revanche que les transformateurs avaient au printemps, de leur côté, des réserves de plus de 60 millions de livres. « Nous pensons que ce chiffre-là devrait être assez stable. Nous aurons le portrait juste à la fin octobre, mais nous pensons qu’il y a suffisamment de sirop dans l’ensemble de la filière pour pouvoir répondre advenant une petite récolte en 2024 », estime Joël Vaudeville.
De son côté, Éric Bouchard ne cache pas son inquiétude. « Ces 15 millions de livres, c’est surtout du sirop bio. Il n’y a presque plus de régulier. C’est certain que ça nous prend une bonne année en 2024 si on ne veut pas arriver en rupture de stock. Ça pourrait devenir problématique », craint le Hérouxvillois qui compte 3 200 entailles réparties sur deux érablières. L’autre élément qui permettra aux PPAQ de revenir, espère-t-on, à un niveau de 100 millions de livres de sirop d’érable dans la réserve stratégique d’ici cinq ans, ce sont les 7 millions de nouvelles entailles émises en 2021 et les 7 autres millions ouvertes ce printemps. L’échéance pour les acériculteurs qui avaient répondu à l’appel de 2021 est fixée au 1er avril 2024. « Présentement, c’est environ la moitié des 7 millions d’entailles qui a été installée. Nous sommes confiants de pouvoir nous rendre à un ou deux millions supplémentaires en vue de la prochaine saison », indique Joël Vaudeville.
Quant aux 7 millions d’entailles offertes en 2023, la tubulure devra être installée d’ici le 1er avril 2026. Éric Bouchard croit que la détérioration du contexte économique depuis un peu plus d’un an a refroidi l’ardeur des producteurs qui avaient soumissionné à l’appel de 2021. « Avec la hausse des taux d’intérêt et des coûts d’équipements, certains ont vu que leur plan d’affaires ne fonctionnait plus. J’ai confiance que ceux qui vont répondre à l’émission des 7 millions d’entailles lancée ce printemps vont aller de l’avant parce qu’ils savent déjà dans quel contexte ils s’embarquent », conclut le premier vice-président des PPAQ.
Ce texte est tiré de l’édition du 4 octobre 2023 du cahier spécial Les saveurs subtiles du sirop d’érable.