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LAVAL – Présente sur l’île de Laval depuis l’arrivée, en 1750, de son ancêtre Louis Beaulieu, venu opérer un moulin, la famille Beaulieu perpétue sa pratique agricole. Entre tradition et modernité, Donald Beaulieu et ses enfants font partie des battants qui maintiennent l’agriculture vivante dans l’une des zones les plus urbanisées de la province.
Réunie sous l’une des pergolas installées dans le pâturage où broutent les animaux de la ferme Agneaux de Laval, propriété de Donald Beaulieu et de sa fille Catherine, la famille Beaulieu partage ses souvenirs.
« On est tous nés dans la vieille maison du rang Saint-Elzéar, qui appartient à la famille depuis le 18e siècle et qui est aujourd’hui classée maison patrimoniale », raconte Germaine, la tante de Donald.
Avec son frère Guy, Germaine évoque les corvées aux champs en famille.
Les anecdotes fusent. Tout le monde se souvient des histoires entourant les livraisons au Marché Bonsecours, dans le Vieux-Port de Montréal. L’été, des légumes, et l’hiver, de la viande. Autrefois en traîneau tiré par un cheval, avec des couvertures de poils et des briques chaudes aux pieds; plus tard, en camion.
Ils se souviennent de Tante Lydia, à peine âgée de 12 ans, revenue seule du Marché Bonsecours, conduite par le cheval, qui connaissait le chemin par cœur. Et du grand-père Élie, qui avait menti sur son âge pour avoir un permis de conduire et pouvoir aller livrer le maïs au marché.
Au cœur de l’histoire familiale, la vieille maison du rang Saint-Elzéar est toujours habitée par Marielle, la mère de Donald. Un parc industriel l’encercle désormais, les terres cultivées par des générations de Beaulieu ayant été expropriées dans les années 1980.
« Quand je me suis mariée, en 1965, mon mari, Élie, et son frère Jean-Jacques se sont associés. Ils cultivaient choux, choux de Bruxelles et maïs », raconte Marielle.
Même si son père et son oncle ont cultivé les champs du rang Saint-Elzéar aussi longtemps qu’ils l’ont pu, Donald a dû déménager quand il a voulu s’établir et fonder sa propre ferme. Formé en horticulture, il a acheté une terre sur l’avenue des Perron, où il a construit une grande serre et géré Les Serres Beaulieu durant plusieurs années.
« Ça allait bien jusqu’à ce qu’il arrive un Smart Center, avec un Patrick Morin et un Canadian Tire. Nos ventes diminuaient de 5 à 10 % par année. On était stressés. En 2007, j’ai décidé d’acheter des moutons, puis en 2019, on les a déménagés sur une autre terre, sur la rue Principale. C’est là que j’ai construit le magasin. Il y avait une piste cyclable et un arrêt d’autobus, alors on faisait plus de ventes à cet endroit », raconte Donald.
Les Beaulieu réussissent à tirer leur épingle du jeu, mais ils sont de plus en plus encerclés par le développement urbain. « Chaque fois qu’on passait sur l’autoroute 440, mon grand-père me disait : ‘‘ Regarde, juste ici, c’était mes champs.’’ Je m’en souviendrai toujours », dit Catherine.
Aujourd’hui, la jeune femme de 28 ans s’apprête à devenir copropriétaire des Agneaux de Laval avec son père. Son frère Guillaume donne un fier coup de main aux champs et à la mécanique. En plus d’élever 200 moutons pour la viande, ils cultivent leur foin et se sont lancés dans la production d’œufs, avec 99 poules, un élevage qui passera bientôt à 350 têtes.
Le magasin de la rue Principale leur permet d’écouler la viande d’agneau, les œufs, et d’autres produits transformés. Détentrice d’une formation en ventes et en marketing, Catherine a pris les choses en main. « Je ne compte pas mes heures. J’arrive ici tôt le matin et je pars le soir quand j’ai fini. Ç’a toujours été comme ça pour moi. Quand j’étais jeune, on allait faire des livraisons de fleurs, la nuit, avec mes parents. J’aime bouger et, pour moi, c’est ça la vie, c’est de travailler », affirme Catherine.
Le bon coup de l’entreprise
Confier la boutique à sa fille Catherine a tout changé, dit Donald Beaulieu. « Avec les études qu’elle a faites en ventes et en marketing, elle a une foule de connaissances que je n’ai pas », fait-il remarquer.
Catherine a ajouté de nouveaux produits, dont des bagels tout chauds faits sur place avec des assortiments de fromage à la crème aromatisés, un concept qui a rapidement fait fureur sur TikTok. « J’ai pris le contrôle des réseaux sociaux et on a vu un changement. Ç’a rajeunit et renouvelé la clientèle », constate Catherine.
Au lieu de promouvoir les produits tels que vendus dans leurs emballages, elle les cuisine et propose des photos de plats alléchants pour inspirer sa clientèle. « Ça marche! se réjouit-elle. L’autre fois, au lieu de vendre seulement un morceau d’agneau, j’ai vendu les légumes et autres ingrédients qu’il y avait dans ma recette! »
3 conseils pour… réussir un projet agricole en milieu urbain
Embrasser l’agrotourisme
Selon Donald Beaulieu, la première chose à faire pour réussir son projet agricole en milieu urbain, c’est d’ouvrir ses portes à la visite. « On est entourés de trois millions de personnes ici, à Laval; il faut en profiter. Pour les gens de la ville qui ont envie de se dépayser, venir chez nous, c’est accessible, même en transport en commun! »
Proposer des produits qui font entrer les passants
La popularité de la boutique des Agneaux de Laval grandit sans cesse. Entre autres grâce aux bagels chauds et aux poulets rôtis, dont l’odeur alléchante attire les passants, même ceux qui attendent l’autobus au coin de la rue.
S’impliquer dans la communauté
Donald Beaulieu s’est rendu compte que beaucoup de ses concitoyens n’ont parfois jamais mis les pieds dans une ferme. Il s’est donc donné comme mission de faire connaître la réalité agricole, entre autres en visitant des classes d’enfants avec l’organisme École-O-Champ.
Fiche technique | |
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Nom de la ferme : | Agneaux de Laval |
Spécialités : | Viande d’agneau et œufs |
Année de fondation : | 2007 |
Noms des propriétaires : | Donald Beaulieu (Le nom de Catherine Beaulieu s’ajoutera d’ici quelques mois.) |
Superficie en culture : | 100 hectares |
Cheptel : | 200 moutons et 99 poules |
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