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MATANE — Lorsque Martin Gauthier revient sur la terre familiale, en 1996, le troupeau de vaches laitières n’y est plus. Son père, Jean-Paul, l’a vendu six ans plus tôt, convaincu (ou dans l’espoir) qu’il n’aurait pas de relève. Aujourd’hui, non seulement son fils cultive toujours la terre du secteur Saint-Luc-de-Matane, mais sa sœur Johanne s’est jointe à lui.
« Mettons que mon père n’était pas d’accord avec l’idée d’avoir de la relève », raconte Martin Gauthier, copropriétaire de la Ferme des érables et cousins, avec sa sœur Johanne. « Pour lui, c’était de la misère », poursuit le producteur et transformateur de bœuf et de porc de Matane. « Il n’a pas été chanceux. J’ai une maudite tête de cochon. Ça fait que j’ai pris la relève pareille », dit le représentant de la quatrième génération de Gauthier à exploiter cette terre après Philibert, Auguste et Jean-Paul.
Martin Gauthier est seul lorsqu’il démarre son élevage de bœufs, au milieu des années 1990. « J’ai commencé avec 25-30 vaches, des croisées », explique celui qui a conservé son emploi de soudeur au chantier naval d’Hilaire Journeault, à Matane, le temps de pouvoir vivre de la terre. « Quand j’ai eu assez de revenus de la ferme pour justifier le changement de zonage, en 2003, on a pris notre maison au village et on l’a montée icitte. On l’a transformée en 2017 pour faire la transformation et la vente de nos produits. »
Un tournant
L’agriculteur commence la transformation de son bœuf au début des années 2000. Avec l’arrivée de la crise de la vache folle, le prix s’effondre; il doit faire quelque chose. « Je venais tout juste d’acheter la ferme de mes parents. Je me poignais la tête à deux mains », se rappelle-t-il. « Puis en plus, tu as la Financière agricole qui t’appelle et qui te dit : ‘‘Là, on te coupe toutes tes marges de crédit et tout ça.’’ C’était la folie furieuse. »
Puis, après un bref silence, il ajoute : « C’est là que je me suis dit que je ne serais pas dépendant d’un système qui n’est pas conçu pour des petites entreprises comme la nôtre. » Bien que le producteur soit convaincu de sa vocation depuis l’enfance, il est tout aussi convaincu que son coin de pays ne jouit ni de la géographie ni du climat pour copier le modèle d’affaires agricole des plaines du Saint-Laurent.
En 2016, Johanne Gauthier se joint à son frère, débordé par le travail. Le maillage se fait bien. « J’ai toujours été présente, même si je me suis incorporée avec mon frère il y a six ans seulement », souligne la diplômée en gestion d’entreprise agricole.
L’entreprise grandit à force d’huile de bras, et au rythme des revenus engrangés par la vente de bœuf, de porc, de produits de l’érable et d’une brochette de produits dérivés qui vont de la saucisse à la viande fumée, en passant par le filet mignon, le bifteck de côte et la côtelette.
Un centre de découpe pour les contrats privés complète aussi le portrait. « [On dessert ainsi] les producteurs qui se gardent trois ou quatre vaches pour eux et la famille, et les chasseurs qui viennent avec leur orignal. On n’a pas eu d’aide pour construire ça. Pourtant, on l’a agrandi quatre fois », signale Martin Gauthier, qui aimerait ajouter le poulet à sa gamme de produits. « Comme ça, on aurait les trois principales viandes que consomment les gens. »
Fait maison
La remorque réfrigérée, entièrement bricolée sur place, permet de récupérer les carcasses des animaux abattus à l’abattoir de Luceville. « Avec ça, on monte nos bœufs deux par deux à Luceville, une fois par mois, puis huit cochons », expliquent les propriétaires, Johanne et Martin Gauthier.
Le bon coup de l’entreprise
La décision de transformer ses produits à la ferme constitue sans doute le choix décisif dans la réussite de la ferme, mais autour de cette décision cruciale se greffe une suite de petites acquisitions qui rendent le succès possible au quotidien. C’est le cas, entre autres, du nouvel évaporateur d’eau d’érable, qui permet à Martin Gauthier de gérer presque seul la production de ses 2 300 entailles auxquelles un millier d’autres devraient bientôt s’ajouter. « Il est plus performant que mon autre, et il me coûte moins cher en bois. Puis, au lieu de finir à minuit, deux heures du matin, je termine à cinq, six, sept heures du soir. »
C’est aussi le cas du mélangeur à pâtissier dont se sert Johanne pour préparer sa viande à saucisses. « Les vrais mélangeurs à viande, ce sont des lots de 35 kilos. Moi, je fais des plus petites quantités de
8 à 10 kilos par saveur. »
Fiche technique 🐂🐷 | |
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Nom de la ferme : | Ferme des érables et cousins |
Spécialités : | Élevage bovin et porcin, boucherie et transformation |
Noms des propriétaires : | Martin et Johanne Gauthier |
Nombre de générations : | 4 |
Superficie en culture : | 223 hectares en propriété et 20 hectares en location |
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