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L’ISLET – Pour assurer la survie de la ferme familiale, Andréane Thibault s’est tournée vers l’élevage d’une race bovine japonaise, la vache Wagyu, reconnue pour sa viande tendre et son goût persillé. La maréchale-ferrante poursuit en parallèle un élevage de chevaux d’Appaloosa, une race à la robe tachetée originaire du nord-ouest des États-Unis.
Fiche technique Nom de la ferme Spécialité Année de fondation Nom de la propriétaire Nombre de générations Superficie en culture Cheptel |
Andréane Thibault est aujourd’hui la quatrième de sa génération maternelle à occuper cette terre cultivée par la famille Lemieux depuis des décennies. La ferme qui n’a pas encore de nom officiel est située dans le rang Lamartine, à L’Islet. Un endroit que la productrice n’hésite pas à qualifier de coin de paradis, tant la quiétude et la vue sont magnifiques.
Pour sa mère, Gaétane Lemieux, il est difficile de dire avec exactitude quand ses premiers ancêtres se sont établis à cet endroit. « Mon grand-père, Phydime Lemieux et son épouse, Eugénie Jean, habitaient au village avant de venir prendre la relève de la ferme », raconte Gaétane. Ce sont ensuite ses parents, Paul-Émile Lemieux et Marie-Rose Gamache qui ont assuré le suivi de l’entreprise laitière. Le couple a eu sept enfants, quatre filles et trois garçons.
« Quand j’ai pris la relève en 1977, j’étais la seule jeune femme célibataire propriétaire d’une ferme dans le comté de L’Islet », raconte Gaétane Lemieux avec fierté. Elle s’est mariée lorsqu’elle était déjà agricultrice. Même à l’époque de ses parents, ce n’était pas une très grosse ferme, le troupeau laitier comptait à peine une trentaine de têtes. Son père occupait en parallèle un emploi au moulin à scie. Gaétane a vendu le quota en 2000, en pleine crise de la vache folle, tout en conservant quelques têtes pour la viande en compagnie de sa fille Andréane.
De mère en fille
Andréane Thibault a commencé à garnir son troupeau bovin il y a environ cinq ans. Après avoir travaillé dans une chèvrerie, elle a fait un diplôme d’étude professionnelle en production laitière dans l’idée de démarrer cette production pour relancer la ferme. Toutefois, le vent a tourné quand elle a fait la connaissance de Jeannot Luckenuik, propriétaire de Wagyu Québec. Il lui a vendu un jeune taureau de cette race, Kun, avec qui elle a pu démarrer l’élevage, en 2020. Le jeune géniteur a déjà cinq veaux croisés à son actif.
Compte tenu des temps de croissance, Andréane compte vendre ses premières carcasses Wagyu en 2023. « Même si on a juste la moitié de la race, on peut appeler ça du Wagyu », dit-elle. La productrice de 40 ans aimerait acheter quelques têtes pur-sang quand les revenus des ventes vont rentrer de façon à pouvoir composer un troupeau au moins à 25 % pur-sang. Andréane aimerait produire une trentaine de têtes par année.
Réservé aux mieux nantis dans le pays du soleil levant à cause de son prix élevé, le bœuf Wagyu est tout de même considéré comme un produit de niche au Québec. La viande est plus tendre que celle des autres races et se distingue à son persillé supérieur au Angus. On lui attribue un goût de noisette et de beurre. Andréane vise notamment le domaine de la restauration pour vendre ses produits et prévoit d’ici trois ans ouvrir un kiosque à la ferme. « On sent déjà un intérêt pour mes produits depuis que j’ai passé dans les médias régionaux », avoue la productrice.
Ce pas vers l’agrotourisme l’amènerait à acquérir d’autres animaux, bien que l’on puisse déjà y admirer huit chevaux, dont six de la race Appaloosa, ainsi qu’un cochon vietnamien.
Les vaches sont gardées en pâturage tout en ayant accès à un bâtiment froid. Le troupeau est séparé en fonction de l’âge de façon à réserver les possibilités d’accouplement aux sujets en âge de se reproduire.
C’est Andréane qui est responsable du troupeau. Elle est aidée par sa mère, mais surtout par sa tante Ghislaine Lemieux. « Elle vient tous les jours me donner un coup de main et participer au train quotidien quand je dois m’absenter pour mon travail de maréchale-ferrante », conclut l’agricultrice.
Le bon coup de l’entreprise À la question « Quel est le bon coup que l’entreprise a réalisé? », Gaétane Lemieux dit que c’est sa décision de ne pas avoir vendu la ferme quand elle s’est débarrassée de son quota au début des années 2000. Les offres étaient bonnes. Les occasions de vendre auraient été nombreuses, mais elle a préféré conserver le bien acquis depuis des générations. Ce choix a été profitable, car il permet aujourd’hui à sa fille Andréane de poursuivre son élevage, ce qu’elle n’aurait pu faire si elle avait eu à acheter une ferme, compte tenu des coûts que ça représente. |
3 conseils pour… se lancer dans une production rare
S’informer et faire du bénévolat
Avant de se lancer dans la production d’une race plus rare, Andréane recommande d’aller chercher toute l’information qui est disponible sur les techniques d’élevage, les marchés, etc. Plus précisément, elle recommande de suivre une formation et d’aller faire du bénévolat dans une entreprise qui fait la production de cette espèce animale. Le succès en dépend!
Acheter de bons sujets de départ
Après s’être informé, le temps viendra d’acheter ses sujets de départ. Il y a des risques importants à essayer d’acheter au rabais. Il vaut mieux toujours aller vers des producteurs reconnus dans le domaine et qui sont spécialisés dans cette race, même au risque de payer plus cher.
Profiter des ressources disponibles
Il existe plusieurs organismes disponibles pour venir en aide aux personnes qui veulent se lancer dans une production. Les consulter aidera le producteur à éviter bien des ennuis et l’aidera dans ses démarches. Andréane a elle-même bénéficié de l’aide financière de l’UPA de la Chaudière-Appalaches, de La Financière agricole et du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.