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La ferme des Champagne, dans Chaudière-Appalaches, se démarque par son innovation, puisqu’elle a été l’une des premières à passer en stabulation libre, en 1968. Elle se distingue aussi par l’importance accordée à son monde. La ferme fait vivre huit familles et est accompagnée par une intervenante sociale, qui vient chaque mois, en prévention, prendre soin de ses artisans. Le clan Champagne vient de remporter le titre de famille agricole de l’année.
Fiche technique Nom de la ferme : Spécialité : Année de fondation : Nombre de générations : Noms des propriétaires : Superficie en culture : Cheptel : |
C’est Viateur Champagne, dans les années 1960, qui a eu l’idée de frapper un grand coup : créer une seule grande ferme qui réunirait celles de ses frères. « Viateur voulait changer le modèle de l’agriculteur qui travaille sans arrêt sept jours sur sept durant toute l’année. Il voulait un modèle d’entreprise qui priorise un équilibre de vie, où chacun a droit à une fin de semaine de congé à l’occasion », explique Fred Martineau, la deuxième génération aux commandes de la Ferme Champagne et Frères, située à Sainte-Agathe-de-Lotbinière.
Le plan de Viateur était non seulement de se rassembler avec ses frères pour alléger les tâches, mais surtout, d’utiliser les meilleures idées de chacun pour développer une entreprise performante et rentable. Cette philosophie s’est transposée dès le départ dans la construction de leur étable. « Viateur, c’est quelqu’un qui lisait beaucoup, qui s’informait de ce qui se faisait en Ontario et aux États-Unis. Avec mes oncles Boniface et Michel, ils ont construit eux-mêmes l’étable. En 68, c’était l’une des premières en stabulation libre au Québec. Ils se faisaient traiter de fou! Ils avaient même choisi une litière sur sable pour améliorer le confort des vaches », décrit Fred Martineau. Ce dernier mentionne que la litière sur sable était cependant mal adaptée à l’époque où tout le sable devait être placé à la main. « Je les comprends d’avoir changé pour des tapis. Ils étaient tannés de pelleter! »
Une dure épreuve
Lors d’une opération de routine avec une machine, dans les années 1970, Viateur a perdu la vie tragiquement. Boniface et Michel ont maintenu l’entreprise en activité, non sans difficulté. « Viateur avait des responsabilités qu’on a eu beaucoup de difficulté à partager à d’autres.
C’est lui qui s’occupait du troupeau. Et émotionnellement, [son décès] ç’a été rough. En plus, on a eu des périodes où les intérêts sont montés en fou au début des années 80. Il y a des bouttes où on n’avançait pas beaucoup, mais on n’a pas reculé », raconte Michel.
En 2002, Fred Martineau et quatre autres nouveaux propriétaires, des jeunes issues de la famille, ont pris les rênes de l’entreprise. La production a continué à augmenter. Il y a sept ans, en 2015, ils ont construit un nouveau complexe laitier. « On avait choisi la litière de sable, raconte Fred. Et quand Michel et Boniface ont vu ça, ils nous ont dit : « Ben voyons les p’tits gars, qu’est-ce que vous faites là avec le sable? »
Plus récemment, les jeunes de la relève ont incité l’entreprise à faire l’acquisition d’une ferme porcine de 5 000 têtes et d’une érablière de 5 000 entailles.
Une intervenante sociale à la ferme
La première génération de propriétaires a misé sur l’être humain, sur la qualité de vie et sur la gestion participative pour faire jaillir les meilleures idées. Il en est de même pour les 2e et 3e générations de gestionnaires de la ferme, qui compte aujourd’hui 400 vaches en lactation pour un quota d’un peu plus de 640 kilos. L’entreprise a même embauché une intervenante sociale qui passe à la ferme chaque mois. « On travaille en prévention. Elle vient pour nous aider à faire perdurer les valeurs familiales, nous aider à être meilleurs dans notre communication de groupe. Et si quelqu’un a besoin de lui parler de façon personnelle, pour une rencontre individuelle, elle est là. Et c’est la ferme qui paie », précise Fred.
L’intervenante les conseille notamment dans leurs discussions sur le transfert intergénérationnel, car la ferme fait vivre aujourd’hui huit familles. « Elle a rencontré la jeune génération à part pour aller au fond des choses, aller chercher les non-dits et les limites de chacun. Elle a fait la même chose avec nous, le groupe des plus vieux. Ensuite, on a fait des rencontres de tout le monde ensemble. Car les agriculteurs, nous sommes des experts pour parler des vaches et de la machinerie, mais pour parler de nos visions d’entreprise, des choses plus délicates, on n’est vraiment pas les meilleurs! » affirme-t-il. L’intervenante sociale lui a d’ailleurs dit avoir rarement vu un esprit de groupe si fort dans une entreprise.
Pas de batteuse
Chaque décision est passée au peigne fin afin d’aller chercher le plus de rentabilité et d’efficacité. L’entreprise, qui cultive près de 500 hectares, ne possède ni moissonneuse-batteuse ni ensileuse, une façon de ne pas gonfler la dette de l’entreprise inutilement. « On n’est pas orgueilleux de vouloir tout posséder notre machinerie. On y va avec ce qui est le plus rentable, en essayant d’acheter des tracteurs usagés, récents, qu’on paie moins cher. On fait faire à forfait les récoltes. Quand tu regardes ce que ça nous coûte annuellement de forfait, c’est moins cher que les paiements d’une batteuse ou d’une ensileuse neuve », précise Fred Martineau.
Le souci du détail La ferme des Champagne affiche une moyenne de production qui se situe entre 38 et 40 litres de lait par vaches par jour, mais ce qui rend Fred Martineau particulièrement fier, c’est la qualité du lait (et sa prime!) ainsi que la santé de ses animaux. Le compte des cellules somatiques est sous la barre des 100 000, « et pour les suivis de Proaction associés au bien-être animal, nous avons eu une note de 100 % pour la qualité des jarrets, du cou et pour l’état de chaire, et 96 % pour la locomotion », partage le producteur. « Avec 380 jours comme intervalle de vêlage et un taux de gestation supérieur à 35 %, on est dans les 3 % des fermes de 300 vaches et plus au Canada qui ont la meilleure reproduction de troupeau », ajoute-t-il. |
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