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SHEFFORD – Achat de nouvelles terres, agrandissement de l’étable, ajout d’un centre de grains : les travaux et les investissements se sont multipliés à la Ferme Mojoguy, au cours de la dernière décennie. Et il en va de même pour les gestes à caractère environnementaux posés par la famille Ostiguy, de Shefford.
Depuis 2018, la Ferme Mojoguy aménage chaque année de nouvelles bandes riveraines arbustives pour contrer l’érosion de ses terres dans la rivière Yamaska et le ruisseau Ostiguy, en Montérégie. Elles totalisent désormais 4 km. Une démarche née sous l’impulsion du club conseil en agroenvironnement Gestrie-Sol.
« On veut conserver notre bonne terre », fait valoir Joël Ostiguy, qui représente la troisième génération d’Ostiguy à la tête de la ferme. « Souvent, la terre qui est emportée par l’eau est la meilleure. Il y a de la roche ici. Donc, quand la terre part, il ne reste que la roche. »
L’implantation de cultures de couverture est également préconisée pour lutter contre l’érosion. Ces mesures ont permis à l’entreprise agricole de se démarquer dans le cadre des bourses AgrEAUresponsables de Desjardins, à l’automne 2023.
Cet intérêt pour la préservation de l’environnement n’est pas nouveau. Joël Ostiguy le partageait avec son père, Jérôme, décédé en 2022, et il a su le transmettre à ses quatre enfants, dont Raphaël. Diplômé en gestion et technologies d’entreprise agricole, l’aîné de la famille travaille à temps plein à la ferme.
Diversification
Ce n’est d’ailleurs pas le travail qui manque. La diversification des activités est encouragée à la Ferme Mojoguy. En plus de la production laitière et des grandes cultures (céréales, maïs et soya), les Ostiguy réalisent des travaux (séchage, battage, semis et arrosage) à forfait, en plus d’exploiter un moulin à scie et une érablière.
Le moulin à scie, géré notamment par Raphaël et sa sœur Kim, fait partie des investissements comptabilisés au cours des dernières années. Il a été acquis en 2020. Joël Ostiguy fait valoir qu’il n’est pas question ici de rivaliser avec les centres de rénovation sur le prix des « 2 x 4 », mais plutôt de répondre à des « commandes spéciales ». L’approvisionnement en matière première s’effectue à même les 121 hectares de bois de la ferme.
Au fil des décennies, l’entreprise n’a cessé de se transformer et de croître. Avant Joël et son père Jérôme, le père de celui-ci, Rolland, y cultivait la terre et élevait des porcs, des poules et des vaches. Anecdote : la ferme est située à un jet de pierre du rang Ostiguy, où les quatre frères de Rolland étaient également établis.
Jérôme Ostiguy a mis une croix sur les porcs pour miser plutôt sur la production laitière. Il augmentait son quota quasi annuellement, note la conjointe de Joël, Anny Lefebvre.
Joël Ostiguy a suivi les traces de son père. L’étable a été rénovée et agrandie en 2015 et en 2017. Un robot de traite a été acquis dans cette foulée. La production moyenne de lait est de 10 600 kg de matières grasses par jour. Mme Lefebvre, les trois filles du couple, ainsi que la mère de Joël Ostiguy, Suzanne Gatien, veillent aux soins quotidiens du troupeau.
Des traditions à poursuivre
Pour sa part, Raphaël Ostiguy ne manque pas d’idées pour poursuivre le travail en cours. Il aimerait entre autres intégrer d’autres cultures aux rotations actuelles pour enrichir le sol en matières organiques et trouver une façon de décaler les semis afin de mieux utiliser la machinerie de la ferme.
Bien qu’elle ait le regard tourné vers l’avenir, la famille Ostiguy ne met pas pour autant une croix sur les traditions. Par exemple, une bonne partie des récoltes de sirop, issue de ses 2 300 entailles, est vendue aux Producteurs et productrices acéricoles du Québec, mais le reste trouve preneur (en conserves, en vrac ou en produits transformés) auprès d’une clientèle fidèle développée au fil du temps par Jérôme et Rolland Ostiguy. À une certaine époque, ce dernier vendait d’ailleurs divers produits, dont des pommes de terre, des œufs, de la viande et du bois.
Les ruches installées chaque année en bordure des champs pour favoriser la pollinisation sont par ailleurs le fruit d’ententes conclues par Jérôme Ostiguy avec les entreprises Miel Dubreuil et l’Hydromellerie Les Saules.
Et la tradition semble vouloir se poursuivre. Les quatre représentants de la quatrième génération, âgés de 22 à 15 ans, ont tous la « fibre agricole », se réjouit Joël Ostiguy. Reste à voir la place que chacun prendra.
Équipement communautaire
La Ferme Mojoguy a participé activement au projet de semoir communautaire lancé il y a quelques années par l’Organisme de bassin versant (OBV) de la Yamaska, en collaboration avec plusieurs partenaires. L’initiative visait à encourager les producteurs à planter des cultures de couverture et des semis d’automne. M. Ostiguy a contribué à la modification de l’équipement pour les besoins du projet et a été choisi pour effectuer les travaux à forfait avec ce semoir. Cela s’inscrit dans le cadre d’un projet collectif du bassin versant du lac Boivin afin de contribuer à améliorer l’eau du lac et de la rivière Yamaska Nord.
Le bon coup de l’entreprise
Les différents gestes posés par l’entreprise agricole de Shefford pour favoriser la protection de l’environnement ne peuvent qu’être « gagnants » pour tous, estiment ses propriétaires. Joël Ostiguy est d’ailleurs aux premières loges. En tant qu’administrateur du club conseil Gestrie-Sol, il se dit « ouvert aux nouvelles idées » lorsque des projets sont mis de l’avant. C’est de cette façon qu’il a expérimenté l’aménagement de bandes riveraines ainsi que la mise en œuvre d’autres pratiques, dont une utilisation réduite de pesticides. La proximité de la ville de Granby et du lac Boivin, vers où s’écoulent les eaux de ruissellement de ses terres, incite notamment la famille d’agriculteurs à multiplier les gestes en faveur de l’environnement.
Fiche technique | |
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Nom de la ferme : | Ferme Mojoguy |
Spécialité : | Production laitière, grandes cultures et acériculture |
Année de fondation : | 1984 |
Noms des propriétaires : | Joël Ostiguy, Anny Lefebvre et Suzanne Gatien |
Nombre de générations : | 4 |
Superficie en culture : | 283 hectares, dont 40 en location |
Cheptel : | 210 vaches, dont 130 en lactation |
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