Quatre des membres de l’équipe de la Ferme Mario Massicotte. La sixième génération : Carole Sévigny et Mario Massicotte, puis deux représentants de la suivante, Jessica et son conjoint, Martin Cossette. Photos : Pierre Saint-Yves
Une famille qui mise sur la diversification
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SAINT-MAURICE — Lors de la visite de La Terre, Mario Massicotte et sa conjointe, Carole Sévigny, préparaient le calendrier et la machinerie pour les semences de pommes de terre, pendant que leur fille, Jessica, faisait la tournée du troupeau laitier et que leur fils, Rémi, s’affairait à l’expédition des porcs à l’abattoir. Bienvenue dans le quotidien d’une famille agricole aux occupations aussi nombreuses que diversifiées.
Les épreuves et les défis qui ponctuent les années n’ont en rien altéré la détermination et la passion des membres de la famille Sévigny-Massicotte pour l’agriculture. « C’est parce qu’on a ça dans le sang », explique Mario Massicotte, fier que ses deux enfants s’impliquent dans l’entreprise, représentant la septième génération à exploiter cette terre de Saint-Maurice. C’est sans oublier la huitième qui pousse rapidement avec les quatre enfants de Jessica Massicotte : les jumeaux Alex et Émile, Léo et Fernande, et les trois petits de Rémi Massicotte : Elie, Cody et Andy.
« La relève nous motive à continuer à développer », reconnaît le producteur.
Et des développements, il y en a eu! Principalement au cours des deux dernières décennies, ce qui a contribué à transformer l’entreprise laitière.
Des débuts modestes
Carole Sévigny se souvient des modestes débuts de la petite entreprise laitière que son beau-père venait de leur céder. « On est loin de nos débuts lorsqu’on faisait la traite à la chaudière », raconte-t-elle.
« On avait une douzaine de vaches pour un quota de huit kilos. On voulait agrandir, prendre de l’expansion, mais [nous n’avions] pas d’argent », ajoute son conjoint, Mario Massicotte.
C’était il y a exactement 40 ans, en 1984. Mario Massicotte, le petit dernier de la famille, et assez turbulent, avait exprimé à son père Julien son désir de prendre la relève de la ferme. Or, ce dernier était sceptique quant aux aptitudes de gestion de Mario. « On n’avait pas la même vision du développement de l’entreprise, mais il m’a fait confiance. Il a cru en moi. » Il a fallu des années d’efforts et de ténacité au couple pour parvenir à bâtir l’entreprise, dont les activités se sont grandement diversifiées et dans laquelle s’impliquent maintenant leurs deux enfants, Jessica et Rémi.
« En diversifiant nos productions, nous pouvions mieux affronter les imprévus », explique le producteur. « Si ça va mal dans un secteur, on peut espérer qu’une autre production puisse compenser. »
C’est particulièrement au tournant du siècle que la diversification de la production s’est opérée, d’abord avec la construction des porcheries, puis, il y a quelques années, avec la culture de la pomme de terre. « On s’est dit qu’il serait plus facile de traverser une crise dans une production en sachant qu’une autre est en santé », explique le producteur.
Reste que de bâtir des porcheries au début des années 2000 n’était pas très populaire. « Il y a eu une vive opposition, mais on est allés de l’avant et quelques années plus tard, des opposants farouches sont venus s’excuser. »
L’épisode de grogne des concitoyens n’a pas réussi à miner la détermination et l’engagement de Mario Massicotte, également conseiller municipal à Saint-Maurice depuis plus de 30 ans. « J’aime travailler pour ma communauté », dit-il.
Une chance que les enfants sont là. Ils nous ont aidés à traverser les moments difficiles et nous donnent la motivation de continuer.
La relève
Les deux enfants de Mario et Carole n’ont pas tardé à s’impliquer dans la ferme pour suivre l’exemple de leurs parents. « C’est certain que j’allais m’impliquer », raconte Jessica Massicotte, qui a pris en charge le troupeau laitier, tout en poursuivant une carrière dans le secteur de la santé. « J’ai toujours aimé les vaches, dit-elle. À dix ans, je promenais les vaches sur les terres. »
Pour sa part, Rémi Massicotte a investi ses efforts dans la production porcine tout en s’impliquant dans les autres activités de l’entreprise.
C’est sous l’impulsion de cette relève qu’un projet d’agrandissement et de modernisation de l’étable a été lancé avec l’installation de deux robots de traite. « Notre travail s’en est trouvé grandement facilité », explique Jessica.
Les réalisations des dernières années ont causé un grand nombre de défis à cette septième génération. D’autres projets sont maintenant en gestation afin de stimuler la prochaine génération.
Le bon coup de l’entreprise
Mario Massicotte est catégorique : « On ne serait pas rendus où on est si on n’avait pas été débrouillards ». À preuve, l’achat récent d’une sous-soleuse qu’il a fallu adapter aux besoins de l’entreprise.
« L’an dernier, avec toute la pluie qu’on a reçue, on nous conseillait d’utiliser une sous-soleuse pour améliorer le drainage de nos champs. Évidemment, on n’avait pas les moyens d’acheter un équipement de 40 à 50 000 $. Jusqu’à ce qu’on en trouve un pour quelques milliers de dollars. Le problème, c’est que l’appareil, avec ses 10 pattes [étançons], était beaucoup trop lourd. On l’a tout de même acheté et Martin Cossette, conjoint de Jessica, s’est mis au travail pour la séparer en deux. On en a eu deux pour le prix d’une », affirme Mario.
« Quand on prend le temps, on peut tout faire », ajoute Martin Cossette, aussi surnommé l’ingénieur de la famille. Et c’est sans compter tous les travaux de construction et les aménagements aux camps qui sont effectués par l’équipe familiale.
3 conseils pour… stimuler la relève agricole
Impliquer sans insister
Les Sévigny-Massicotte se gardent bien d’affirmer détenir LA recette pour stimuler la relève. « On ouvre la porte, mais c’est eux qui décident », lance Mario Massicotte. Celui-ci donne l’exemple de ses deux petits-enfants les plus âgés, les jumeaux Alex et Émile, à qui sont fournis les occasions de réaliser des « bricolages » mécaniques et même de développer la petite érablière.
Adopter un discours positif
Les membres de la famille sont unanimes : parler seulement des problèmes de l’agriculture n’est pas très stimulant pour la relève. « On évite de parler seulement de ce qui va mal », dit Martin Cossette, le conjoint de Jessica. « Il faut que les jeunes sentent qu’il y a des défis intéressants à relever », renchérit Mario Massicotte.
Encourager et faire de la place
Que les jeunes veuillent aller travailler à l’extérieur de la ferme n’est pas une mauvaise chose, croit Mario Massicotte. « Je suis allé chercher d’autres expériences avant de revenir à la ferme. Si les jeunes ont la passion de la ferme, ils vont revenir avec un plus grand bagage qui va leur servir un jour ou l’autre. Il faut alors les intégrer non seulement dans les opérations, mais dans la vision du développement. »
| Fiche technique | |
|---|---|
| Nom de la ferme : | Ferme Mario Massicotte, Ferme Massiporc et Ferme Maléfa |
| Spécialités : | Production laitière, porcine et culture de pomme de terre |
| Année de fondation : | 19e siècle |
| Noms des propriétaires : | Carole Sévigny, Mario Massicotte, Jessica Massicotte, Rémi Massicotte et Martin Cossette |
| Nombre de générations : | 7 |
| Superficie en culture : | 485 hectares, 300 ha en culture (avoine, maïs, foin) dont 80 ha en pommes de terre. Une érablière à aménager. |
| Cheptel : | 72 vaches pour un quota de 80 kilos et production porcine (jusqu’à 14 000 porcs à l’engraissement/an) |
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