Ma famille agricole 3 janvier 2025

Une famille qui fait sa marque en rouge

SAINT-LOUIS-DE-BLANDFORD – La nouvelle année qui s’amorce marque le trentième anniversaire d’Atocas Bédard, à Saint-Louis-de-Blandford, laquelle intègre progressivement une nouvelle génération aux commandes d’une entreprise agricole dont la croissance ne dément pas.

La récolte de canneberges effectuée au cours de l’automne dernier, avec ses 12 millions de livres, est à classer parmi les meilleures chez Atocas Bédard.

« On est loin de ce qu’était l’entreprise à ses débuts », dit Patrick Bédard, président-directeur général, en faisant allusion aux débuts de son père dans la culture de la canneberge. C’était en 1995.

 La production de canneberges était encore embryonnaire au Québec. Denis Bédard, alors représentant pour une entreprise de fabrication d’engrais, s’est laissé tenter par cette culture encore marginale. Il a défriché une forêt de Saint-Louis-de-Blandford, dans le Centre-du-Québec, pour y implanter 75 acres (30 hectares) de canneberges, devenant ainsi le quatrième producteur au Québec. Aujourd’hui, ce sont 443 acres (179 hectares) qui sont exploités par l’entreprise.

Patrick Bédard retient l’audace dont a fait preuve son père, auquel il s’est joint en 2006, pour devenir coactionnaire un an plus tard. « Il ne faut pas oublier qu’un plant de canneberges met trois ans à produire. C’est donc le temps qu’il a fallu attendre avant d’avoir des revenus », précise-t-il. L’attente et les efforts en valaient la peine. 

L’âme de l’entreprise

Le fondateur est resté impliqué dans les activités de l’entreprise jusqu’à son décès en 2022. « Jusqu’à sa disparition, c’était vraiment l’âme de l’entreprise », affirme Nancy Goudreau, copropriétaire avec son conjoint et leurs deux fils, Camil et Gabriel.

Les deux frères sont impliqués dans les activités de l’entreprise depuis leur tout jeune âge. Aujourd’hui encore, ils sont actifs sur le terrain tout au long de la saison.

On exploite les forces et les talents de chacun. Que ce soit les connaissances en comptabilité de Camil ou celles de Gabriel, qui étudie en agronomie.

Nancy Goudreau
Denis Bédard est resté impliqué dans les activités de l’entreprise jusqu’à son décès en 2022. « Jusqu’à sa disparition, c’était vraiment l’âme de l’entreprise », affirme Nancy Goudreau. Photo : Gracieuseté de la famille Bédard

Croissance et diversification

Denis Bédard a rapidement compris l’importance de miser sur le développement de la petite entreprise et d’en diversifier la production. Les acquisitions de terre et les travaux d’implantation se sont donc poursuivis à un bon rythme. Puis, dès le tournant du siècle, il a implanté une bleuetière, qui a elle aussi connu une croissance constante avec la plantation de 40 000 plants de bleuets sur trois ans à compter de 2015. La bleuetière s’étend désormais sur 45 acres (18 hectares), ce qui en fait l’une des plus vastes au Québec. 

La progression de l’entreprise ne s’est toutefois pas faite sans heurts. Les producteurs ont aussi connu leur lot d’épreuves. « La crise de 2008 a été une période particulièrement difficile », se souvient Patrick Bédard. Le contexte économique précaire aux États-Unis avait entraîné une baisse substantielle des ventes. « On faisait le tour des restaurants pour offrir nos fruits. »

Les producteurs ont alors joué d’audace en investissant dans l’implantation d’une usine d’ensachage de fruits frais, en 2009. Aujourd’hui, la filiale Canneberges Québec commercialise les fruits frais sous les marques Baies d’or, Supra Fruit et Canneberges Québec. Plus de 90 % de la production est vendue à l’extérieur du Québec, soit partout au Canada et à l’étranger, tant en Europe qu’en Asie.

Et il y a encore d’autres projets en gestation comme l’ajout de 300 acres (121 hectares) de surfaces de culture, en attente d’autorisations, et sans doute aussi d’autres acquisitions. De quoi occuper la prochaine génération aux commandes de l’entreprise.

La construction de l’usine d’ensachage, en 2009, a permis aux producteurs de se concentrer sur la commercialisation de fruits frais. Une douzaine de personnes y travaillent. Photos : Pierre Saint-Yves

 

La technologie en renfort

Rapidement, Patrick Bédard a saisi l’importance de miser sur le développement technologique pour croître.
Dès 2010, il a mis à l’essai un nouveau type de récolteuse de la canneberge à sec, c’est-à-dire en évitant la traditionnelle inondation des bassins de culture.

« Le fruit ne touche jamais à l’eau, ce qui assure une meilleure conservation et donne une meilleure qualité », explique le président-directeur général. Il a toutefois fallu plusieurs années de développement pour que ladite machine atteigne son niveau d’efficacité actuel. Aujourd’hui, ce mode de récolte est l’un des plus utilisés, selon les conditions météorologiques.

Même dans l’usine, les améliorations technologiques sont constantes. Ainsi, l’automne a été marqué par l’ajout d’un système automatisé de manutention des fruits qui évite aux employés de manipuler des charges trop lourdes.

L’automne a été marqué par l’ajout d’un système automatisé de manutention des fruits qui évite aux employés de manipuler des charges trop lourdes.

Le bon coup de l’entreprise

Le tandem Goudreau-Bédard se félicite des efforts déployés pour assurer l’intégration de ses deux fils dans l’entreprise. Les producteurs ont fait appel à une firme de consultants dès 2020.

« On voulait que les jeunes s’intègrent dans les affaires de l’entreprise, mais sans les forcer », explique Patrick Bédard. « On voulait savoir ce qu’ils aiment et ce qu’ils aiment moins, quelle est leur vision, comment devait se faire la répartition des tâches et des responsabilités. La meilleure façon de le faire, c’était avec une personne qui est à l’extérieur de la famille. »

Le couple estime que l’exercice a été très profitable.

« C’est une démarche qu’on ne regrette vraiment pas », dit M. Bédard. « On va même les rappeler pour savoir où on en est rendus. »

Le dirigeant a ainsi repris l’exemple qu’il avait eu, puisque le fondateur, Denis Bédard, avait lui-même fait appel à des consultants pour faciliter l’intégration de son fils, en 2007. 

Patrick Bédard, Nancy Goudreau et leur fils aîné, Camil.
Fiche technique
Nom de la ferme :

Atocas Bédard

Spécialité :

Culture de canneberges

Année de fondation :

1995

Noms des propriétaires :

Patrick Bédard, Nancy Goudreau, Camil Bédard et Gabriel Bédard

Nombre de générations :

3

Superficie en culture :

443 acres (179 hectares) de cannebergière et 45 acres (18 hectares) de bleuetière

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