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SAINT-LÉANDRE — D’abord ferme de subsistance pendant ses trois premiers quarts de siècle d’existence, la Ferme Maridel, maintenant plus que centenaire, compte 150 vaches en lactation pour tout près de 185 kilos de quota. L’entreprise, dont la gestion glisse peu à peu vers une relève toute féminine, dispose d’installations capables de supporter de 250 à 300 kilos de quota de plus, un objectif que poursuivent ses propriétaires grâce à l’amélioration génétique du troupeau.
Fiche technique Nom de la ferme : Spécialité : Année de fondation : Noms des propriétaires : Nombre de générations : Superficie en culture : Cheptel : |
La première chose qui frappe en entrant dans l’étable de la Ferme Maridel est la propreté de l’endroit et la qualité de l’aménagement. L’espace est aéré et l’éclairage naturel abonde. Les 150 vaches en lactation se déplacent librement sur d’épais tapis de caoutchouc, nettoyés à intervalles réguliers par une « raclette » automatisée qui se déplace à vitesse très, très petit v.
La seconde chose qui attire l’attention est l’arrivée de Stéphanie, 28 ans, et de Kim, 23 ans, qui accueillent La Terre, les choses manifestement bien en main. Les deux jeunes femmes, à la poignée de main solide, forment la relève de la Ferme Maridel. « C’est comme bizarre un peu », s’amuse leur père Benoit. « Je n’ai pas fait de gars.
On me disait : « Benoit, t’auras pas de relève. » Finalement, deux de mes filles vont continuer », dit-il, le sourire aux lèvres et la fierté dans le regard. Kim et Stéphanie possèdent leur diplôme en agriculture de l’Institut de technologie agroalimentaire de La Pocatière. Elles représentent la cinquième génération de Blouin sur les terres que la famille occupe depuis 120 ans, environ.
Identifier la date exacte de l’établissement des aïeux, sur une terre, se révèle parfois compliqué. Les mémoires sont embrouillées, les premiers actes de propriété ont disparu, bref, l’exercice s’avère souvent périlleux.
Ces souvenirs diffus quant au moment de fondation de la ferme, c’était un peu le cas de la famille Blouin… Jusqu’à ce qu’une porte-patio soit installée sur la maison ancestrale. « On a trouvé un journal du 20 septembre 1900 dans le mur de la maison », raconte René Blouin, le frère de Benoit. « C’était un exemplaire de la section agriculture de La Presse. Le journal servait de coupe-vapeur dans ce temps-là », souligne le diplômé en agriculture du Cégep de Matane, sourire en coin.
C’est Désiré qui a occupé les terres le premier. « C’est un lot qu’il avait obtenu. On colonisait le territoire », explique Benoit. « C’était plus un gars de bois, par contre », ajoute-t-il. Même chose pour le fils de Désiré, Antoine, qui a pris la relève de son père. « Mon grand-père avait une petite ferme. Y’avait peut-être quatre, cinq, six vaches, mais il allait encore bûcher dans le bois l’hiver », poursuit-il. « C’est ma grand-mère qui s’occupait de ça. À un moment donné, elle a dit à ses gars : « Décidez ce que vous faites parce que moi, je vais vendre ». Ça fait que mon père, Delano, a dit : « Bien,
je vais continuer ». »
Lorsque Delano a repris la terre de son père, ce n’était encore qu’une ferme de subsistance. « Mon grand-père possédait huit vaches croisées, un taureau, deux truies, 25 brebis et 20 poules », énumère Kim. C’est plus tard que Delano a décidé de « virer boutte pour boutte » pour se lancer dans le lait, ajoute-t-elle. « Mon père a acheté une terre voisine où se trouvait déjà un petit troupeau laitier », précise Benoit, diplômé en mécanique.
Une journée de social par silo
Les deux frères ont frappé un grand coup en 2018. Comme Stéphanie et Kim allaient prendre graduellement la relève, il fallait agrandir et moderniser. Un garage, une nouvelle étable et une deuxième fosse à lisier ont été construits. Trois robots de traite et la place pour un quatrième ont été ajoutés. En tout, cinq millions de dollars d’investissements. « On y pensait depuis 10 ans », souligne Benoit.
En plus de tous ces équipements, ils ont installé un système automatisé de silo peseur qui prépare les rations des animaux. « On a acheté l’automate, mais tout le reste, c’est nous autres à 100 % », raconte Benoit. « René est parti sur un bord de la Gaspésie, moi sur l’autre bord, puis on s’est dit : « On va trouver des silos » », se rappelle-t-il. « Ça nous a coûté une journée de social par silo, mais ce n’est pas grave », ajoute Benoit dans un éclat de rire. Mine de rien, cet équipement permet des gains de productivité significatifs, soutient Stéphanie. « Tous les matins, René programme l’automate selon le nombre de vaches et leur condition. Les quantités d’aliments sont envoyées au mélangeur avant d’être distribuées aux animaux », explique-t-elle. « On économise du temps, mais c’est aussi beaucoup plus précis et ça paraît sur la production », ajoute la jeune entrepreneure.
Le bon coup de l’entreprise Quand René et Benoit ont pris la relève de Delano, à la fin des années 1980, la ferme disposait de 36 kilos de lait par jour. Il a fallu grossir pour faire vivre les familles qui se sont ajoutées. Les deux frères ont acheté 10 kilos de quota d’un seul coup, quelques années après leur entrée dans la compagnie. « On a misé, puis on l’a eu à 16 500 $ le kilo », souligne René. Mine de rien, ce coup d’audace donne de l’élan à l’entreprise. « Le monde disait qu’on était fous un peu », se rappelle Benoit, « mais ça amène des liquidités, ça amène de l’argent, du quota. » Ces 10 kilos de quota, achetés d’un coup, n’étaient d’ailleurs qu’une première étape. Les deux frères ont continué d’acheter année après année. « On a acheté du quota, même si on n’avait pas les vaches. On a acheté des 10, |
Claude Fortin, collaboration spéciale
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