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RAGUENEAU – Quand son fils Adam lui a proposé l’idée de faire du vin sur la Côte-Nord, une région réputée pour sa température fraîche et ses courtes saisons de croissance, Simon Desbiens n’a pas hésité. Sur la terre où il gardait des chevaux à Ragueneau, il a entrepris d’aider son fils à planter des vignes.
Depuis mars dernier, Adam Desbiens est devenu propriétaire avec sa conjointe, Sandra Gagné, de la terre que lui a léguée son père, Simon Desbiens. Avec leurs quatre enfants, ils entretiennent les 7 000 vignes qu’ils ont plantées.
Même si l’agriculture est rare et plutôt récente sur la Côte-Nord, ce bout de terre du 2e rang de Ragueneau est cultivé depuis près d’un siècle. « Mes parents sont arrivés ici en 1932 », raconte Simon. « Ils ont défriché la terre et construit une maison en bois rond, où on a vécu avant qu’elle soit plus tard transformée en grange. On était 12 enfants. »
La famille Desbiens cultivait des pommes de terre et d’autres légumes. Ils gardaient des chevaux, des vaches, des poules et des moutons, poursuit le patriarche. « On cultivait aussi des fraises et on les vendait par les maisons. On avait chacun nos tâches et moi, c’était ma tâche. »
Son frère a repris la terre de ses parents, mais Simon, qui travaillait à la papeterie Québec North Shore, rêvait depuis toujours d’avoir des chevaux. « J’ai acheté la terre voisine, que j’ai déboisée, explique-t-il. J’ai construit une grange et puis j’ai eu mes chevaux. En 2011, quand mon fils Adam m’a demandé si je voulais essayer de planter de la vigne, j’ai repéré un bout de terrain où je pensais que ça pourrait être le plus profitable et on s’est lancés. Il a fallu en planter plusieurs sortes avant de trouver des vignes qui poussent bien sur la Côte-Nord », raconte-t-il.
Cette idée originale de planter de la vigne en région nordique, Adam l’a eue lors d’un voyage à Paris. « J’ai visité le château de Versailles, mais c’était les jardins qui m’intéressaient. Je suis tombé sur un petit vignoble, cultivé de façon très artisanale, et ça m’a donné envie de cultiver de la vigne. »
Adam est alors retourné étudier en administration des affaires. « Sur la Côte-Nord, on ne produit pas beaucoup nos matières premières. Je voulais produire ma matière première et la transformer. Quand est venu le temps de choisir les vignes, ce n’est pas des vignobles du sud du Québec ou de la France que j’ai voulu m’inspirer. Il me fallait des cépages qui fonctionnent bien en courte saison. On a donc choisi des cépages du nord de l’Europe, et en particulier de la Russie. »
Le projet de vignoble est devenu un projet de famille. En plus des vignes, la famille Gagné-Desbiens a planté un grand champ de fraises et des parcelles de cassis. Tandis que les fraises demeurent destinées à être mangées fraîches – une vraie richesse dans cette région où les producteurs sont rares –, le cassis entrera dans la fabrication d’alcools dès que le vignoble obtiendra ses permis de production.
En attendant ce moment, qui viendra quand le chai et les bâtiments de production seront achevés, des tests de vinification sont menés pour produire des vins blancs, rouges et rosés. Chaque automne, les vendanges se font en famille. Les enfants d’Adam et Sandra, Angélica, 20 ans, Tristan, 14 ans, et les jumeaux Donovan et Bianca, 17 ans, mettent leurs efforts en commun. « Les garçons m’aident pour les travaux physiques, comme planter les poteaux. Les filles vont tailler la vigne et récolter les fruits. On organise aussi des journées d’autocueillette, autant pour le raisin que pour les fraises et le cassis. Ça fonctionne bien », dit Adam.
Quand le chai sera construit et que la production de vin sera sur les rails, il se promet une chose : ravoir des chevaux comme en avait son père, pour travailler entre les vignes.
Fait maison
Parmi les équipements du Domaine Côte du Nord, un en particulier suscite souvent des commentaires. « Les gens me posent beaucoup de questions sur mon rouleau faca. C’est difficile à trouver ici, alors je m’en suis patenté un moi-même », explique Adam Desbiens. Avec du fer recyclé et des rouleaux de métal, il s’est fabriqué une remorque qu’il traîne avec son VTT. « Je passe ça entre les rangs de vignes. Ça couche les herbes par terre sans les tuer, ce qui permet de garder l’humidité du sol. Leur système racinaire continue de se développer, alors ça structure le sol et favorise la vie microbienne. »
Le bon coup de l’entreprise
Adopter la toile tissée pour mettre sous les fraises a tout changé au Domaine Côte du Nord. « Au début, on avait fait des buttes avec du plastique pour limiter les mauvaises herbes, mais ça demandait beaucoup d’arrosage. Maintenant, je ne fais plus de butte. Je fais des rangées de la largeur de mon tracteur à gazon, ce qui me permet de tondre entre les rangées. Au lieu du plastique, j’utilise de la toile tissée qui laisse passer l’eau. C’est beaucoup moins de travail, moins d’arrosage, moins de désherbage et on ne travaille plus le sol », dit Adam Desbiens.
En arrosant moins, le producteur pense avoir amélioré le goût de ses fraises. « Elle goûtent moins l’eau, et sont vraiment meilleures », affirme-t-il.
La réorganisation de ses rangs de fraises a aussi eu un autre avantage. « Les gens qui viennent pour l’autocueillette apprécient. C’est plus facile de circuler et c’est plus propre. »
Nom de la ferme : | Domaine Côte du Nord |
Spécialités : | Productions viticole et maraîchère |
Année de fondation : | 2015 |
Noms des propriétaires : | Adam Desbiens et Sandra Gagné |
Nombre de générations : | 3 |
Superficie en culture : | 2,25 hectares |
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