Ma famille agricole 12 septembre 2024

Tombés sous le charme d’un verger

KINNEAR’S MILLS – Lysa-Pier Bolduc et Zachary Verschelden n’ont pas hésité longtemps. Une seule visite d’un verger en vente à Kinnear’s Mills les a convaincus de se lancer dans la production de pommes. Le fruit était trop tentant pour ne pas croquer dedans à pleines dents.

Lysa-Pier Bolduc et Zachary Verschelden se connaissent depuis leurs études secondaires à Thetford Mines. Elle a grandi dans une ferme laitière et acéricole de Saint-Pierre-de-Broughton, et lui provient d’une famille de mineurs de Saint-Adrien-d’Irlande. Elle est travailleuse de rang; il est technicien en production agricole.

Ensemble, ils caressaient le projet de reprendre un jour la ferme familiale pour la transformer en ferme fruitière et maraîchère. Mais les plans ont changé, au printemps 2023, quand un ami leur a appris qu’une pancarte « à vendre » avait été plantée devant un verger mature de Kinnear’s Mills, tout près de chez eux.

« Au début, nous ne voulions pas aller le visiter, car nous avions peur d’être séduits au premier coup d’œil. Et c’est exactement ce qu’il s’est produit ! » s’esclaffe la productrice. « À notre défense, les pommiers étaient en fleurs. Avec les montagnes et les éoliennes au loin, c’était dur de dire non. »

On se serait cru dans La grande séduction.

Zachary Verschelden (en riant)
La travailleuse de rang Lysa-Pier Bolduc, qui rêvait au départ de faire pousser du cassis, se développe une passion pour la pomme.

Décor de carte postale

Le verger de 3,5 hectares est, en effet, bucolique à souhait. Ses arbres, plantés pour la plupart à la fin des années 1980, produisent pas moins de 16 variétés de pommes. Il compte également une dizaine de poiriers, une vingtaine de pruniers et des rangs de framboisiers. La ferme comprend également une érablière et une prairie. 

« Les anciens propriétaires étaient avant tout des acériculteurs. Ils n’ont gardé le verger que pendant deux ans, le temps de se rendre compte que la production du sirop d’érable et [celle] de pommes étaient plus ou moins compatibles, car il faut tailler les pommiers en février, en pleine saison des sucres », explique Zachary.

« Ils étaient très motivés à ce que le verger survive. Ils étaient prêts à nous accompagner dans cet apprentissage-là. Sans eux, le projet n’aurait pas pu fonctionner », ajoute Lysa-Pier.

Une fois la décision prise de sauter dans l’aventure, une course contre la montre s’est amorcée, puisqu’un autre acheteur avait déjà déposé une offre conditionnelle. 

« Par un heureux hasard, pour mon projet de fin d’études en gestion et technologies d’entreprise agricole au cégep de Victoriaville – que je venais tout juste de terminer – j’avais déjà dressé un plan d’affaires. Il me suffisait de remplacer les chiffres pour déposer une demande de financement », raconte le pomiculteur.

Par crainte « de mettre les chiffres trop beaux », le couple n’a pas hésité à soumettre son plan à l’épreuve de quelques experts financiers. Avec leur approbation, le financement a été obtenu et l’offre d’achat acceptée. Quelques semaines plus tard, Lysa-Pier Bolduc et Zachary Verschelden étaient propriétaires d’un verger. « Cela nous a pris du temps pour nous convaincre que nous étions ici chez nous », concède Zachary.

Apprentissage rapide

La gestion du verger, en revanche, ne pouvait attendre. Rapidement, les nouveaux pomiculteurs ont dû faire l’apprentissage de la taille des pommiers, de la conservation des fruits, de l’approvisionnement des points de vente et de la fabrication des produits transformés. « Nous n’avons pas le choix d’être efficaces, car tous les deux, nous occupons aussi des emplois à temps plein », fait remarquer Lysa-Pier.

Une étable rappelle le passé de ferme laitière du Verger Custeau.

La gestion du stress d’une mauvaise saison fait aussi partie de l’apprentissage, ajoute-t-elle. « En comparaison avec d’autres cultures, la pomme offre une certaine résilience face à la mauvaise météo. Mais il suffit d’une vague de grosse chaleur suivie de grosses pluies pour que la maladie s’installe. On peut perdre une récolte en une seule fin de semaine. » 

Malgré tout, le couple ne regrette rien. « On se verrait difficilement faire autre chose. Une saison se compose d’une grande variété de gestes à poser. Ce n’est jamais pareil. On a longtemps l’impression qu’il ne passe rien, puis paf ! Soudain, toutes les pommes apparaissent dans les arbres. C’est très gratifiant », affirme le producteur. 

Le couple caresse quelques projets. Déjà, il a instauré une nouvelle tradition dans la région avec une fête de la floraison, au printemps. « Nous invitons le monde à venir pique-niquer en famille sous les pommiers en fleurs. Nous voulons faire découvrir ce moment de beauté qui nous a séduits », conclut Lysa-Pier.  

Le bon coup de l’entreprise

Lysa-Pier Bolduc et Zachary Verschelden se félicitent d’avoir accepté l’aide offerte par les anciens propriétaires du verger, Valérie Roy et Claude Rodrigue. « Ils sont prêts à s’investir pour nous enseigner tous les rouages. Leur aide est très généreuse. Ils sont toujours disponibles. De notre côté, nous sommes ouverts à accepter leur main tendue. Dans le fond, tout le monde a à cœur la survie du verger », explique la pomicultrice, qui se sent redevable envers tous les anciens cultivateurs qui ont pris un soin jaloux du verger. « Nous récoltons le fruit du travail accompli par nos prédécesseurs », reconnaît-elle. 

Plus d’une quinzaine de variétés de pommes poussent dans le verger.

3 conseils pour… se lancer en agriculture

Savoir foncer

« Il est facile de se décourager quand on entend tout le monde dire que c’est trop cher ou trop difficile de se lancer en agriculture. Plusieurs projets n’ont sans doute jamais vu le jour à cause de ces commentaires », affirme Lysa-Pier Bolduc. « Il faut faire ses propres devoirs et oser croire en son idée. C’est une question d’équilibre entre le réalisme et le positivisme. »

Savoir accepter l’aide

« Il existe plein de services-conseils pour nous aider à monter un plan d’affaires. Il ne faut pas hésiter à aller voir ces experts. Ils nous permettent de dégager une vision claire de notre projet. Ils remettent beaucoup en question notre démarche pour nous obliger à trouver des solutions. Cela permet d’augmenter notre crédibilité face aux bailleurs de fonds », explique Zachary Verschelden.

Savoir s’arrêter

« Il ne faut s’écœurer à l’ouvrage. Il arrive parfois des moments où il faut accepter que tout ne soit pas parfait. Car si on ne sait pas s’arrêter à temps, on prend notre projet en aversion. Au fil des jours, notre passion devient un fléau », dit Zachary. « Il faut aussi se parler, l’un et l’autre », ajoute Lysa-Pier. « Car si l’un avait prévu travailler toute la journée, et l’autre pensait y consacrer deux heures, ça ne marche pas. »

Lysa-Pier Bolduc et Zachary Verschelden ont acheté le Verger Custeau, à Kinnear’s Mills, après avoir été séduits par cet endroit enchanteur.
Fiche technique
Nom de la ferme :

Verger Custeau

Spécialité :

Production fruitière

Année de fondation :

2023

Noms des propriétaires :

Lysa-Pier Bolduc et Zachary Verschelden

Nombre de générations :

1

Superficie en culture :

3,5 hectares

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