Ma famille agricole 27 février 2024

Six générations actives dans le foin

SAINT-HUGUES La famille derrière la Ferme Lumunick exploite sa terre depuis le 19e siècle! Spécialisé dans le foin de culture, ce clan tissé serré s’enorgueillit de fournir un produit de haute qualité qu’il vend au pays et aux États-Unis.

C’est une voix anonyme qui a résonné dans la boîte vocale de La Terre de chez nous, il y a quelques semaines : « Dans votre journal, vous demandez si on connaît des fermes familiales? Bien, il y a la Ferme Lumunick. C’est un producteur de foin. Un gros producteur de foin… » 

Lors de la visite de La Terre, la famille composée des aïeuls, Luc Dumaine et Murielle Simoneau, de leurs enfants, Yanick Dumaine et Sophie Desrochers, ainsi que du fils de cette dernière, Olivier Malo, est rassemblée autour d’un petit comptoir de cuisine pour se remémorer son histoire.

« C’est mon grand-père, Ernest, qui s’est installé ici aux alentours de 1880 », explique Luc, un conteur naturel. Déjà, à l’époque, ils étaient dans le foin, qui était livré au train, pas trop loin de la ferme, en direction des États-Unis. Rien d’exceptionnel dans cette région où, selon Luc, ce type d’agriculture était la norme. 

Mon grand-père avait tout perdu.

Luc Dumaine

Il s’en est fallu de peu pour que la famille, désormais si enracinée à Saint-Hugues, n’y soit plus. Pendant la Première Guerre mondiale, Ernest possédait plusieurs terres. Il fallait produire beaucoup et les prix étaient bons. Mais après, les prix ont chuté et est survenue la Grande Dépression. Ernest, pour subvenir aux besoins de ses enfants – il en a eu douze –, a décidé de tenter sa chance aux États-Unis pour travailler dans les usines. « Mon père est né là-bas », indique Luc. Mais l’appel de la terre a été trop fort. Ayant gardé un lopin à exploiter, Ernest est revenu avec toute sa bande après s’être « refait ». Il a fait les foins de nouveau et la famille n’a plus jamais regardé en arrière.

Même si Sophie et Yanick sont dans la force de l’âge, ça n’empêche pas le frère et la soeur de déjà planifier la relève. « Oui, ça m’intéresse », avoue Olivier. Photo : Charles Prémont

Le père de Luc, Paul, a repris la ferme dans les années 1940. Luc et sa conjointe, Murielle, ont fait de même dans les années 1970. Et il n’était pas question pour Murielle d’être une femme à la maison. « C’est une des premières qui a conduit un tracteur dans la région, insiste Luc, admiratif. Elle en a inspiré d’autres à faire pareil! » Pourquoi ce désir d’être aux champs? « Mon père était ­agriculteur. Déjà quand j’étais jeune, je le suivais partout », répond-elle, simplement. Une poignée de main permet de constater que les siennes ont été façonnées par le travail de la terre.

Pendant longtemps, l’entreprise n’a presque pas eu de dette, mais, comme plusieurs, elle a un problème de main-d’œuvre. Vers 2009, la famille a décidé de prendre un grand virage. Elle a acheté de l’équipement à la fine pointe de la technologie pour réduire au maximum son besoin d’employés. Depuis, les investissements se sont succédé. Les étés pluvieux des dernières années l’ont poussée à construire un séchoir pour le foin. Cette année, elle a bâti un nouvel entrepôt pour la machinerie afin d’avoir amplement d’espace pour stocker sa récolte. 

Les producteurs ont multiplié les clients, affiné leurs processus et amélioré leur productivité. La ferme a atteint un niveau de maturité. « On veut continuer d’être des leaders dans le foin », dit Yanick. En optimisant ses façons de faire, la ferme a maximisé le potentiel de sa superficie cultivable pour produire un foin de grande qualité. « Et on donne un excellent service », ajoute Sophie. C’est, selon elle, la marque de commerce de la Ferme Lumunick. 

Et même si Sophie et Yanick sont dans la force de l’âge, ça ne les empêche pas de déjà planifier la relève. « Oui, ça m’intéresse », avoue Olivier. Et il risque de ne pas être seul. Les cousins, encore adolescents, ont été ­sondés. « Les gens ne pensent pas à la relève en se disant que c’est loin, dit Luc, mais dix, quinze ans, ça passe vite. » Surtout dans la perspective d’une ferme familiale qui a presque 150 ans!  

Produisant surtout du foin, la Ferme Lumunick effectue tout de même une rotation de culture sur ses terres, notamment avec du maïs. Photo : Charles Prémont

Équipement techno

L’acquisition d’une machine Bale Baron autour de 2010 a changé la donne pour la Ferme Lumunick. « On a été les premiers à s’en procurer une au Québec », précise Luc. Après la décision d’automatiser la ferme le plus possible, il s’agit de l’un des premiers achats réalisés. Cette pièce a permis à la ferme d’être plus performante et d’offrir un meilleur service. « Avant, ça prenait deux heures et demie à cinq hommes pour charger un camion, estime Yanick. Aujourd’hui, ça prend 30 minutes. » Même si l’équipement a nécessité un endettement qui a obligé l’entreprise à revoir ses façons de faire, les actionnaires ne regrettent rien. 

Yanick ne se passerait pas de sa Bale Baron. Photo : Charles Prémont

Le bon coup de l’entreprise

« On met 100 000 ou 200 000 $ sur une machine, mais on n’investit jamais sur l’aspect humain », philosophe Luc.

Lorsque Sophie a suggéré d’em­bau­­cher Syneraction, une firme spécialisée dans le transfert d’entreprises, elle a été reçue avec scepticisme. Mais l’idée a fait son chemin. « Dans une entreprise familiale, il y a un côté émotif, indique Sophie.

C’est important d’avoir des outils de communication, que chacun sache quels sont ses rôles et ses ­responsabilités. » Alors que la relève est maintenant bien ­enclenchée et qu’elle se déroule en douceur, tous sont d’avis que cet investissement valait son pesant d’or. 

La plaque d’inauguration de l’entrepôt rappelle que la communication est primordiale dans une entreprise familiale. Les noms de Marie-Claude et de Stéphanie, qui complètent la fratrie, y apparaissent également.
Fiche technique 🌾
Nom de la ferme :

Ferme Lumunick

Spécialité :

Foin de commerce

Année de fondation :

Aux alentours de 1880

Noms des propriétaires :

Luc Dumaine, Murielle Simoneau, Sophie Desrochers et Yanick Dumaine

Nombre de générations :

5 (bientôt 6)

Superficie en culture :

330 hectares

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