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Le patriarche de la famille agricole de l’année, Marcel Bourgeois, est entré dans la salle tout sourire, la canne en l’air, suivi de son épouse Solange et du reste du clan Préfontaine-Bourgeois, de Saint-Ours. L’image de l’arbre est revenue souvent pour décrire cette famille aux branches nombreuses, mais aux racines uniques.
Sous le regard approbateur de sa compagne de vie des 60 dernières années, M. Bourgeois a fait part de son immense fierté d’avoir une aussi belle et grande famille. « Mon conjoint Marcel a toujours eu de la facilité à parler », s’est contentée de dire Solange Préfontaine. Ce à quoi il a répliqué : « C’est de même que je t’ai enjôlée! » soulevant un éclat de rire généralisé.
Au-delà de leurs traditionnels partys de tourtières, les Préfontaine-Bourgeois réinventent depuis sept générations une recette qui a contribué au succès de la Ferme St-Ours. Les ingrédients de ce succès? Une bonne dose d’implication, de respect et de plaisir!
Tous réunis autour de la table de la cabane à sucre familiale, force est de constater que les membres de la famille derrière la production d’œufs biologiques forment un clan soudé, où les compétences de chacun sont valorisées. L’esprit qui y règne est convivial et chaleureux. Au cours de l’entrevue, on se taquine souvent! « Je les agace tout le temps, raconte avec bonhomie Patrick, l’un des fils de Solange Préfontaine, 84 ans, et Marcel Bourgeois, 89 ans, les piliers de la famille. Aujourd’hui, je me suis mis sur le dos de ma sœur Chantal », dit-il, rieur.
À travers les blagues, on sent la volonté de « faire sentir que chaque membre de l’équipe, peu importe son niveau, est important », témoigne Patrick.
Martine, l’une des trois filles de Solange et Marcel, renchérit. « C’est important de respecter l’autre dans ses différences et ses choix. Que chacun soit heureux, peu importe le métier. » Depuis qu’elle était toute petite, cette agronome rêvait de suivre les traces de ses parents. Un rêve devenu réalité en 1993, lorsqu’elle a pris possession de la ferme avec son mari, Serge Lefebvre, et sa sœur Chantal.
Guidés par la passion
Le travail est prenant et sans relâche au sein de l’entreprise familiale. « Je pense que personne ici n’a jamais compté ses heures pour faire ce qu’il aimait », enchaîne Martine. Son frère Gaétan est reconnaissant de l’encouragement que lui et ses frères et sœurs ont eu de leurs parents à faire des études « pas seulement pour trouver un travail, mais une passion. On incite aussi nos enfants à suivre [cette philosophie] et à pousser plus loin », témoigne-t-il.
De toute évidence, Marcel et Solange ont réussi à transmettre leur passion de l’agriculture à leurs enfants, mais également à leurs petits-enfants. Tous ont œuvré dans les poulaillers, les champs ou à l’érablière.
Des CV bien étoffés
Ils sont également très actifs dans le milieu, chacun ayant une feuille de route impressionnante. Entre autres implications, Martine est membre des Agricultrices du Québec et a été nommée Agricultrice de l’année en 2017. Sa fille Marie-Pier ainsi que son fils David sont ambassadeurs de la Fédération des producteurs d’œufs du Québec. Gaétan est membre expert actif au Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) et son frère, Patrick, est délégué régional de l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec (AMVPQ).
« Ce n’est pas un fardeau de s’impliquer en dehors de notre activité principale. On dit que les gens occupés ont toujours du temps. Eh bien, c’est vrai », fait valoir Serge Lefebvre, qui est notamment président du Groupe Nutri et administrateur du Salon de l’agriculture.
« Le succès, c’est dans nos gènes. Nous sommes innovateurs dans la famille », affirme avec fierté Marcel, qui a été dirigeant de la Fédération de l’UPA de Saint-Hyacinthe. Cet idéal de réussite se retrouve aussi dans l’équilibre travail-famille. Après avoir suivi des ateliers sur le couple et la famille, Marcel et sa femme Solange sont devenus formateurs à leur tour. « On en a sauvé quelques-uns [des couples] », dit-il spontanément, entraînant ainsi des éclats de rire autour de la table.
Mémoires de famille Comme le dit l’adage, les paroles s’envolent, mais les écrits restent. C’est pourquoi Solange a pris l’initiative de rédiger les mémoires de la famille en quatre tomes. Un cinquième ouvrage est même en route. Écrire et classer des photos, « ça me permet de me reposer, car je suis incapable d’arrêter de travailler », admet la doyenne. Ses ouvrages donnent l’occasion de faire revivre de beaux moments à toute la famille, comme les fameux partys de tourtières, où tous se réunissent pour préparer jusqu’à 150 pâtés à la chaîne. « On en roule assez pour avoir mal aux poignets », raconte Patrick. À constater l’esprit de famille qui règne chez les Préfontaine-Bourgeois, tout porte à croire que cette tradition est là pour de bon. |