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SAINT-PIE — Jocelyne Ravenelle n’a pas de problème de relève, bien au contraire. Ses quatre enfants, qui portent le patronyme de Beauchemin, veulent poursuivre son œuvre une fois qu’elle sera à la retraite. « Je suis très fière d’eux, dit-elle. Je ne pensais pas qu’ils avaient cette fibre entrepreneuriale. » Si cette reprise est une bonne nouvelle, les défis que pose cette transition sont toutefois bien réels.
Jocelyne Ravenelle a lancé Canard du Village en 1994. À l’époque, son père parlait de vendre les terres, faute de relève. « Je suis la quatrième génération de Ravenelle sur cette terre, dit-elle. Quand j’ai vu qu’il pensait s’en départir, j’ai décidé de réorienter ma carrière et de plonger. »
Celle qui travaillait en réadaptation physique décide de suivre une formation à l’Institut de technologie agroalimentaire. Elle commence modestement, avec une centaine de canards. L’entreprise Canard du Village grandit tranquillement. Les deux garçons de Jocelyne l’aident avec sa production.
L’arrivée de sa fille Marie dans l’exploitation modifie la donne. Avant de partir en voyage avec sa mère à Bali, celle-ci ne s’était jamais intéressée à l’entreprise. « Elle évoquait sa retraite et moi, je me demandais un peu ce que j’allais faire, alors j’ai plongé », explique Marie.
Chemin de croix payant
La jeune fille s’est lancée dans le développement des affaires, un chemin de croix qui paye aujourd’hui. Désormais, l’entreprise produit près de 10 000 canards chaque année. La relève n’avait pas le choix : pour que quatre personnes touchent un salaire, il fallait croître. Et la pente est raide. Dire qu’en 2016, Canard du Village élevait environ 3 000 volatiles par an.
« Nos méthodes ont beaucoup évolué, indique Gabriel, l’aîné des garçons. On a travaillé fort pour maximiser notre élevage. C’est la première fois cette année qu’on est en mesure de garantir la livraison de 200 canards chaque semaine. »
Les enfants usent de leurs forces respectives pour améliorer le sort de l’entreprise. Elise voit aux nombreuses commandes, et Gabriel est responsable de la production avec son frère Antoine, étudiant en génie agroalimentaire, qui s’occupe aussi de l’optimisation des opérations.
Deuxième emploi
Malgré tous leurs efforts, les enfants de Jocelyne Ravenelle ne peuvent vivre des revenus générés par l’entreprise. C’est pourquoi ils ont tous un deuxième emploi qui leur permet de se créer un salaire décent. Et cela risque de rester ainsi. Tous s’entendent pour dire que Canard du Village va continuer à croître, mais que l’entreprise gardera un aspect artisanal qui leur permettra de préserver les activités connexes auxquelles ils tiennent. « Au pire, on engagera », ajoute Antoine.
S’organiser en famille Lorsque Jocelyne Ravenelle a vu que ses quatre enfants souhaitaient s’investir dans son entreprise, elle n’a pas hésité à s’endetter de nouveau pour leur faire une place. Or, ils se sont rendu compte que pour que leur projet réussisse, il fallait se structurer. « On avait engagé un consultant et lorsqu’il nous demandait quelles étaient nos divisions, on ne savait pas quoi répondre », se souvient Gabriel. À force de rencontres, de tests et de négociations, la famille a réussi à trouver son équilibre. Et la mère dans tout ça? « Si tout va bien, je prends ma retraite cette année! » annonce-t-elle. |