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SAINT-ALBERT — Dans un champ du rang 6, à Saint-Albert, sont apparus depuis quelques années des végétaux plutôt inhabituels; comme des éclats de couleurs dans les cultures traditionnelles de la campagne du Centre-du-Québec. C’est le domaine de la Pivoinerie Lili, produit du rêve d’une passionnée de fleurs, Lizianne Fortier, qui, avec l’aide de son conjoint producteur de lait Pascal Rheault, a fondé sa ferme florale… et une famille.
FICHE TECHNIQUE Nom de la ferme Spécialité Année de fondation Nom de la propriétaire Nombre de générations Superficie en culture |
La fête des Mères a amené les premiers cueilleurs de la saison dans la plantation de la Pivoinerie Lili, ouverte pour la première fois à l’autocueillette de tulipes. « Pour nous, c’était une étape importante dans ce projet un peu fou qui a démarré il y a cinq ans, alors vous comprendrez que j’étais vraiment excitée », explique Lizianne Fortier, la maîtresse des lieux, pendant qu’elle exécute un arrangement floral dans son atelier-boutique aménagé dans l’ancienne laiterie de la ferme.
Ce projet un peu fou, c’est celui de sa ferme florale spécialisée dans la culture de pivoines, « la reine des fleurs » à ses yeux, et aussi d’un bouquet d’autres variétés : tulipes, lys, dahlias, lisianthus, lilas, tournesols…
L’exploitation est toute jeune, mais elle est établie sur les terres de la ferme laitière de Pascal Rheault, le conjoint et partenaire de Lizianne, et de son frère Miguel, la troisième génération de producteurs laitiers sur le rang 6. Les deux frères élèvent maintenant environ
300 vaches pour un quota de 200 kilos.
Ils ont réservé quatre acres (1,6 hectare) de leur propriété à la production de fleurs.
« Elle n’a pas eu vraiment à me persuader parce que dès le départ, j’ai cru à son projet, raconte Pascal Rheault en parlant des plans de sa conjointe. J’ai embarqué assez vite même s’il ne s’agissait pas d’une production conventionnelle parce que les résultats peuvent prendre quelques années. »
Au cours des cinq dernières années, toute la famille a mis la main… à la pelle, dont la maman de Lizianne, Marysa Beaulieu, et les parents de Pascal, Louise Beaulieu et Réal Rheault, pour la plantation des milliers de plants de pivoines d’une bonne centaine de variétés.
Un tournant personnel et professionnel
De l’aveu même de la jeune productrice de fleurs, l’implantation de la pivoineraie a marqué un tournant important dans sa vie personnelle et professionnelle. C’est le moment où elle a abandonné la vie trépidante de la ville de Montréal pour adopter la campagne. De plus, elle a délaissé temporairement son rôle d’experte en communication et marketing pour de grandes entreprises afin de se consacrer à la production florale et elle a changé son statut de célibataire pour celui de mère de deux jeunes enfants aux noms évocateurs du monde floral, Rose-Elizabeth et Laurier.
Le point de départ de tous ces changements a été sa rencontre avec son compagnon. « Il m’a apporté ce dont j’avais besoin, confie la jeune productrice. J’ai l’impression qu’il n’y a jamais de problème pour lui. »
Après avoir vendu sa résidence montréalaise, Lizianne Fortier a pris le chemin de Saint-Albert pour y investir ses REER dans son rêve de jeunesse : une ferme florale.
« Ma petite ferme de fleurs, elle a cette grande mission : semer du bonheur! » est-il écrit sur le site Internet de l’entreprise.
C’est ce bonheur que la floricultrice dit vouloir partager en ouvrant sa plantation à l’autocueillette, aux séances de photos pour les mariés, et aussi en offrant ses surplus à certains organismes communautaires du milieu, notamment une maison de soins palliatifs et un centre d’hébergement pour les victimes de violence conjugale.
Ainsi, la citadine s’est transformée en productrice agricole, même si elle hésite encore à en adopter le titre. Son conjoint, lui, la voit comme telle. « Ces dernières années, j’ai vraiment vu se développer chez elle un état d’esprit propre à la production agricole en acceptant qu’il n’est pas possible de tout contrôler. Par exemple, elle est davantage préoccupée à choisir le bon moment pour faire une plantation, alors qu’au début, il fallait que ça se fasse là, là, tout de suite. Et lorsque les fleurs ouvrent, c’est le moment de cueillir même si ce n’est pas prévu. »
En ce début du mois de juin, Lizianne Fortier est prête à accueillir les visiteurs pour l’autocueillette de pivoines. Elle cogite aussi mille et une nouvelles idées comme celle d’une fragrance de pivoine mise au point pour la production de sel de bain. C’est sans compter ses occupations de consultante en marketing pour les entreprises agricoles, une activité qui la tient occupée pendant une autre partie de l’année et qui lui permet de mettre à profit son expertise acquise dans son ancienne vie.
Fait maison
Les installations quasi abandonnées de la ferme laitière voisine achetée il y a plus de vingt ans par la famille Rheault ont largement été mises à profit par la nouvelle productrice. À commencer par la vieille laiterie qui est devenue l’atelier-boutique de l’entreprise.
« J’ai sorti mes pinceaux et mes outils pour faire le ménage et aménager les lieux, raconte Lizianne Fortier, qui a fait installer une chambre réfrigérée pour ses fleurs coupées. Avec l’aide de ma mère, j’ai remis en état de vieux meubles et fabriqué ma table de travail. »
De plus, le recyclage de la vieille fosse à fumier est pour le moins inattendu. « J’avais besoin d’une bonne réserve d’eau pour l’arrosage de mes plants et mes fleurs et la fosse, en bon état, était disponible. On a installé un réseau de conduits dans la plantation et le tour était joué », a mentionné Lizianne.
Et la récupération des vieilles installations n’est peut-être pas terminée puisqu’il y a d’autres bâtiments abandonnés encore disponibles!
4 conseils pour… se lancer dans une production peu commune
Utiliser toutes les ressources disponibles
« Je pense notamment à AGRIcarrières qui est une source d’informations incroyable, explique Lizianne Fortier. Pour ma part, j’y ai obtenu des conseils qui m’ont été grandement profitables. »
Consulter d’autres producteurs
« Il ne faut surtout pas hésiter à contacter d’autres producteurs qui ont déjà fait leur chemin dans la production qu’on a choisie. Les producteurs sont vraiment généreux de leurs conseils. De mon côté, j’ai établi des contacts jusqu’en Alaska et en Europe. »
Avoir un bon plan de commercialisation
« C’est l’outil qui nous guide et aussi l’instrument qui doit démontrer le sérieux de notre démarche et qui servira à vendre notre projet notamment auprès des organismes de financement. »
ET pourquoi pas… croire en ses rêves et foncer
« Toute mon enfance, mes parents m’ont enseigné qu’il fallait aller au bout de ses rêves. J’ai appris qu’il fallait croire en ses convictions, prendre le chemin qu’on croyait, aller à gauche si on le veut, même si tout le monde se dirige à droite. »