Quand les projets se succèdent à la ferme

PIERREVILLE – Il règne, à la Ferme Jean-Yves Gamelin de Pierreville, une frénésie devenue presque normale depuis quelques années, conséquence de deux facteurs qui sont intimement liés : l’implication d’une quatrième génération dans les activités de l’entreprise, laquelle a entraîné la réalisation d’un audacieux projet d’expansion du complexe de serres de l’exploitation maraîchère.

Dans un sens, on pourrait presque dire que les années se suivent et se ressemblent à la Ferme Jean-Yves Gamelin tant les projets de toutes sortes se succèdent.

Fiche technique

Nom de la ferme
Ferme Jean-Yves Gamelin

Spécialité
Production maraîchère

Année de fondation
1956

Noms des propriétaires
Nathalie Gamelin, Sylvain Lavoie et leurs enfants Véronique et Étienne

Nombre de générations
4

Superficie en culture
30 hectares au champ, 1 hectare en cultures abritées, 55 000 pieds carrés en serres

« Un projet n’attend pas l’autre », confirme Sylvain Lavoie, coactionnaire de l’entreprise avec sa conjointe Nathalie Gamelin et leurs deux enfants, Véronique et Étienne.

Les derniers projets dans la longue liste sont l’agrandissement du complexe de serres, récemment agrandi, puis la construction d’un nouvel atelier mécanique et d’un nouveau et vaste kiosque à la ferme. Depuis cinq ans, c’est 2 M$ qui ont été investis pour doubler la production de la ferme.

« Évidemment, on n’aurait pas fait autant d’investissements sans avoir la certitude que nos enfants allaient prendre la relève », explique Nathalie Gamelin.

Tous ces développements ne réussissent même pas à étourdir son père Jean-Yves Gamelin, une force de la nature de 83 ans, qui a entrepris en 1996 le processus de transfert de la ferme à sa fille et à son conjoint. C’est lui qui a construit les premières serres de la ferme.

« Je suis pas mal fier de voir faire ça », confie le vétéran producteur, qui demeure très actif dans l’entreprise.

Avec son épouse, Mariette Allard, il avait pris en 1960 les commandes de l’entreprise lancée quelques années plus tôt par son père Étienne, tout près de la rivière Saint-François à Pierreville. La ferme se spécialisait alors dans la culture de pommes de terre tout en offrant une certaine variété de légumes. La production de la ferme a évolué depuis.

« Jean-Yves était d’accord pour diversifier la production afin de répondre aux besoins des clients, raconte Sylvain Lavoie. On a donc ajouté une grande variété de légumes et de petits fruits, fraises, framboises, et développé l’autocueillette. »

Pour le travail au champ, Sylvain Lavoie compte sur une escouade d’une douzaine de travailleurs étrangers temporaires. Avec sa conjointe, Nathalie Gamelin, il s’est rendu au Guatemala il y a quelques années pour visiter certains d’entre eux.
Pour le travail au champ, Sylvain Lavoie compte sur une escouade d’une douzaine de travailleurs étrangers temporaires. Avec sa conjointe, Nathalie Gamelin, il s’est rendu au Guatemala il y a quelques années pour visiter certains d’entre eux.

Un contact privilégié avec les consommateurs

Les propriétaires de la Ferme Jean-Yves Gamelin ont fait le choix d’offrir leurs produits directement aux consommateurs.

« On aime le contact direct avec les clients et on a une belle relation avec eux, notamment au marché de Drummondville, confie Sylvie Lavoie. L’automne, à la fin de la saison, il y a plusieurs clients qui viennent nous serrer la main et nous dire qu’ils nous attendent le printemps suivant. »

C’est d’ailleurs ce contact avec les consommateurs qui incite encore le grand-père à travailler au marché de Drummondville comme il le fait depuis… 60 ans. 

« Je connais tout le monde là-bas », dit Jean-Yves Gamelin, visiblement fier de ce lien privilégié qu’il a développé avec la communauté au fil des années.

Nul doute, selon les producteurs de Pierreville, que la production additionnelle sera facilement écoulée.

« Uniquement au Marché de Drummondville, la demande explose », indique Sylvain Lavoie.

En dépit de cet accroissement de leur capacité de production, l’entreprise continue à s’approvisionner chez d’autres producteurs de légumes qu’elle ne cultive pas.

« On a développé des liens particuliers avec plusieurs fournisseurs comme Jardin A Guérin et Potager Riendeau qui savent exactement ce dont on a besoin », précise Sylvain Lavoie.

La moitié de la production de la ferme est ainsi écoulée au marché et l’autre moitié au kiosque de la ferme qui, pour la nouvelle saison, aura pignon sur rue dans un nouveau local permanent trois fois plus grand que le précédent.

« Ces nouvelles installations vont nous permettre d’être plus efficaces et seront plus agréables pour la clientèle  », explique Véronique Lavoie.

Trouver sa voie

Si son frère Étienne s’est orienté vers l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITA), campus de Saint-Hyacinthe, pour sa formation, Véronique, de son côté, a d’abord fait des études universitaires en psychoéducation, avant de se rendre à l’évidence que la production agricole était sa véritable voie.

Sa formation universitaire lui sert maintenant dans ses tâches reliées au service à la clientèle et à la gestion du personnel affecté à la vente. Elle partage également certaines tâches de comptabilité avec sa mère, cette dernière ayant également la responsabilité de la classification et de l’expédition des légumes.

Pour leur part, les deux hommes de la famille se chargent de la production dans les serres et au champ avec, notamment, la gestion de l’équipe d’une douzaine de travailleurs étrangers. Parmi ces derniers, certains travaillent à la ferme depuis 15 ans. 


Le bon coup de l’entreprise

Nathalie Gamelin et Sylvain Lavoie l’affirment à l’unisson : l’intégration de leurs enfants Véronique et Étienne comme actionnaires de l’entreprise a sans contredit été un très bon, ou plutôt un excellent coup.

« Pour nous, il était clair que les enfants seraient nos partenaires dès qu’ils auraient complété leur formation et qu’ils commenceraient à travailler dans l’entreprise », explique Sylvain Lavoie.

Rapidement donc, Véronique et Étienne sont devenus copropriétaires de la ferme familiale. « J’ai terminé mon cours à l’ITA en mai 2016, mais j’avais des parts dans l’entreprise un mois avant, raconte Étienne, détenteur de 20 % des actions, tout comme sa sœur Véronique qui a joint le groupe d’actionnaires il y a un peu plus d’un an.

Si les deux parents ont procédé de la sorte, c’est parce qu’ils se considèrent chanceux d’avoir une relève qu’ils souhaitent inclure rapidement dans le développement de l’entreprise familiale. « C’est l’âge où ils ont leur plein potentiel et on l’a bien vu avec les projets qu’on a réalisés ces dernières années »,  indique Sylvain Lavoie.

Pour Véronique et Étienne Lavoie, travailler avec leur grand-père Jean-Yves est une chance exceptionnelle.
Pour Véronique et Étienne Lavoie, travailler avec leur grand-père Jean-Yves est une chance exceptionnelle.

Équipement techno

La fierté est bien visible sur les visages des membres de la famille Gamelin-Lavoie lorsqu’ils font visiter leur nouveau complexe serricole chauffé à la biomasse avec contrôle de la température, de l’humidité et de l’éclairage assisté par ordinateur et, bien sûr, suivi sur appareil mobile.

« L’investissement est important, mais ça nous permet de doubler notre production et on gagne énormément en rendement  », explique Étienne Gamelin. C’est lui qui a lancé la première phase de développement de 10 000 pi2, conçu dans le cadre de son projet de fin d’études à l’ITA. Une autre phase a permis d’ajouter 5 000 pi2 et la superficie vient d’être doublée avec l’ajout de16 000 pi2 de superficie de cultures. Ces nouvelles surfaces de culture s’ajoutent aux 25 000 pi2 de serres plus anciennes qui sont, elles aussi, chauffées à la biomasse.

Les producteurs sont particulièrement fiers d’avoir réalisé eux-mêmes une grande partie des travaux, notamment l’installation du réseau de conduits de chaleur et l’installation de cheminées au milieu des serres, obligeant la pose d’une section fixe de toile thermique. 

Étienne et Sylvain Lavoie et ont eux-mêmes installé l’imposant système de conduits de distribution de la chaleur, avec l’aide de Ghislain, le frère de Sylvain.
Étienne et Sylvain Lavoie et ont eux-mêmes installé l’imposant système de conduits de distribution de la chaleur, avec l’aide de Ghislain, le frère de Sylvain.