Ma famille agricole 23 octobre 2022

Quand l’agriculture a un petit goût sucré

SAINT-ZACHARIE – Ils sont tous les deux issus du monde agricole. Denise a grandi dans une ferme laitière, alors que chez Jean-Noël, on produisait du lait et des bovins de boucherie. Puis, ils ont décidé d’acquérir leur propre ferme, qui se spécialise aujourd’hui dans le secteur acéricole et la transformation de produits à base de sirop d’érable.

Fiche technique

Nom de la ferme :
Ferme J.N. Morin

Spécialité :
Transformation de produits de l’érable

Année de fondation :
2006

Noms des propriétaires :
Jean-Noël Morin
et Denise Larivière

Nombre de générations :
1

Superficie en culture :
465 acres (188 hectares)

Jean-Noël Morin et Denise Larivière forment la première génération de la Ferme J. N. Morin de Saint-Zacharie. M. Morin se souvient de son enfance à la ferme familiale. « C’était une agriculture de subsistance. On cultivait tout ce qu’on mangeait, on faisait notre sirop d’érable. C’est un peu l’histoire traditionnelle des familles québécoises », raconte-t-il.

Démarrer sa propre ferme

Par la suite, en 2006, le jeune couple a décidé de voler de ses propres ailes en démarrant la Ferme J.N. Morin. Jean-Noël possédait déjà une érablière depuis 1987, qui compte aujourd’hui 16 000 entailles. Au départ, les Morin produisaient du sirop en baril, mais aussi des œufs de poule, des œufs de cailles, quelques variétés de pommes de terre et des surplus de jardinage qu’ils écoulaient au marché public de Saint-Georges de Beauce pour voir si la demande était présente.

« On avait une centaine de poules, une centaine de cailles pondeuses et notre propre poste de classement à la ferme. Ça nous a permis de nous faire connaître et de nous mener là où on est aujourd’hui », raconte le producteur. À cette époque, il avait aussi un petit troupeau d’animaux à bœuf.

Comme il y avait toujours des retours du marché public, le couple a commencé à les transformer pour leur donner une valeur ajoutée. Denise et Jean-Noël ont aussi commencé la transformation du sirop d’érable en tire, en beurre, en bonbons et en sucre granulé.

À partir de 2010, ils ont abandonné graduellement les autres productions agricoles pour se concentrer uniquement sur l’érablière et la fabrication de confitures, de gelées, de relish, de marinades, etc. « On inclut du sirop d’érable dans toutes les recettes où on peut remplacer le sucre blanc », ­précise M. Morin. Se sont ajoutés les mets ­préparés traditionnels.

Le couple a commencé à transformer les aliments invendus du marché public pour leur donner une valeur ajoutée. Photo : Gracieuseté de la famille Morin
Le couple a commencé à transformer les aliments invendus du marché public pour leur donner une valeur ajoutée. Photo : Gracieuseté de la famille Morin

Place à l’achat local

Encore certains produits de base comme les pommettes et la rhubarbe qui servent à fabriquer les confitures sont récoltés sur les terres de la famille Morin. Les autres produits et petits fruits tels que les fraises et les framboises sont achetés de producteurs locaux.

Depuis 2018, Jean-Noël a cessé d’envoyer des barils de sirop d’érable à la fédération. Tout est transformé à la ferme.

Implication et croissance

Denise et Jean-Noël durant le travail de transformation. Photo : Gracieuseté de la famille Morin
Denise et Jean-Noël durant le travail de transformation. Photo : Gracieuseté de la famille Morin

Jean-Noël et Denise exécutent toutes les tâches avec le soutien d’une employée occasionnelle pour la transformation et de deux employés saisonniers pour la récolte et le bouillage de l’eau d’érable à la cabane, construite en 1987.

« On a six enfants de 19 à 36 ans, mais ils ne sont pas encore impliqués dans l’entreprise », poursuit M. Morin. Cela ne l’inquiète pas trop, car il a lui-même travaillé une quinzaine d’années à l’extérieur avant de s’établir à son compte. Il souhaite donc trouver une relève au sein de ses enfants quand viendra le moment de la retraite pour son épouse et lui.

Depuis deux ans, l’entreprise a connu une croissance de 55 %, dit-il. Une croissance qu’il attribue à un intérêt plus grand pour l’achat local et à une plus vaste distribution de leurs sauces BBQ.

La Ferme J. N. Morin a aussi quelques projets pour l’avenir. Elle complète présentement un nouvel agrandissement de l’atelier (le 3e en 10 ans), de façon à mieux répondre à la demande et à diminuer les tâches manuelles. « On aura plus de place pour ­travailler », se réjouit Jean-Noël, car l’atelier dans lequel il compte rentrer cet automne sera six fois plus grand. 

Le bon coup de l’entreprise

Pour Jean-Noël et Denise, le bon coup de l’entreprise a été de lancer les sauces BBQ au sirop d’érable. C’est ce produit haut de gamme qui leur a permis de croître plus rapidement et de se tailler une place à la grandeur du Québec. Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à rechercher des produits de qualité, originaux et faits maison, croient les entrepreneurs. Ils n’hésitent pas à dire que leurs sauces sont vite devenues le produit vedette.

« Nous avons développé une gamme de 14 saveurs différentes de sauces BBQ qui contiennent chacune 50 % de sirop d’érable pur, nous avons aussi une gamme de 15 épices différentes qui contiennent toutes du sucre d’érable pur (aucun sucre blanc, aucune cassonade) et nous avons aussi une gamme de trois sauces piquantes différentes », souligne Jean-Noël.

Quelques-unes des saveurs de sauce BBQ. Photo : Gracieuseté de la famille Morin
Quelques-unes des saveurs de sauce BBQ. Photo : Gracieuseté de la famille Morin

 

3 conseils pour démarrer une entreprise de transformation :

  • Être authentique

À tous ceux qui souhaitent se lancer dans une entreprise de transformation similaire à la sienne, Jean-Noël dit : « Soyez authentiques, gardez vos valeurs et ne craignez pas la compétition, qui pousse toujours à faire mieux. On peut regarder ce que les autres font à condition de ne pas trop s’y attarder. »

  • Commencer petit

Commencer modestement est le deuxième conseil que donnent Jean-Noël et Denise aux débutants. Il faut commencer par tester le marché et voir quel est l’accueil réservé aux produits avant de se lancer dans les investissements. « On agrandit quand le besoin est là, en évitant de trop s’endetter sans connaître le potentiel de nos produits », soutient le producteur.

  • Se donner le temps

Comme troisième conseil, le couple met en garde les nouveaux entrepreneurs contre la pensée qu’ils pourront vivre exclusivement de leur production les trois premières années. Il faut se donner le temps, quitte à occuper un autre emploi en parallèle. On doit quand même croire en nos idées et les pousser le plus possible. Généralement, on pourra en vivre après cinq ans. Il faut se faire connaître et être à l’écoute de la clientèle pour progresser.

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