SAINT-HENRI-DE-TAILLON — Agriculteurs depuis deux générations au cœur du village de Saint-Henri-de-Taillon, sur le bord du lac Saint-Jean, les Gilbert n’en sont pas moins des mordus de fêtes champêtres et de sensations fortes. Passionnés de nature, ils carburent autant au diésel qu’à l’adrénaline, chevauchant leur tracteur ou leur kitesurf.

Dès les premiers mots de l’entretien, on ressent cette énergie débordante dans la voix de Pascal Gilbert, copropriétaire de la ferme avec son frère Gino. En 2021, ils ont fait l’acquisition complète de l’entreprise, autrefois détenue avec leurs parents, Benoît Gilbert et Diane Ouellet-Gilbert, qui demeurent très actifs à la ferme. 

« Nos parents ont acheté la ferme, ici, sur la rue Principale, en 1969. Benoît était auparavant aux côtés de son père dans le 5^e Rang de Saint-Henri-de-Taillon, où ils pratiquaient une agriculture de subsistance depuis deux générations », raconte l’agriculteur de 45 ans. 

Pascal et Gino ont grandi dans la ferme laitière, qui compte 300 têtes, dont 168 en lactation, avec près de 1,6 kg de MG par vache. La famille Gilbert cultive aussi 953 acres (385 hectares) en prairies, en maïs fourrager et en céréales. 

En 2017, la ferme a été détruite lors d’un incendie, ce qui a décimé presque totalement le troupeau. La ferme comptait alors 220 têtes, dont 112 vaches laitières et une quarantaine de veaux. Huit bêtes seulement ont été sauvées.

À court terme, la famille compte aménager une nouvelle bâtisse pour accroître la capacité du troupeau de 50 vaches laitières de plus. Cette construction marquera la phase 3 du projet de reconstruction. La phase 2 consistait à restaurer une autre bâtisse épargnée lors de l’incendie pour accueillir des veaux de 2 à 10 mois. La nouvelle étable accueillera une soixantaine de taures de remplacement qui se trouvent actuellement dans l’étable principale. L’espace sera ainsi récupéré pour les vaches laitières. 

L’étable principale a été prévue pour 200 vaches en lactation avec quatre robots. Les Gilbert aimeraient, d’ici 10 ans, passer de 243 kg à 320 kilos de quotas. 

Une qualité de vie

La reconstruction a aussi permis de mettre davantage l’accent sur le bien-être des animaux et la qualité de vie des producteurs. « On a pu se donner des horaires plus flexibles avec les robots », ajoute Pascal. Pour lui, il est important que le travail se fasse dans une ambiance agréable. Sa conjointe, Chantal Jean, est elle aussi impliquée dans les travaux de la ferme, en plus de la comptabilité et d’autres tâches administratives. Le couple a quatre adolescents. 

Gino, 48 ans, est, pour sa part, le père de cinq enfants, dont un avec sa coinjointe actuelle, Isabel Fortin. Rien n’indique encore si cette progéniture assurera la relève un jour. « L’important, c’est qu’ils aillent au bout de leurs projets, quels qu’ils soient! » lance Pascal.

La famille Gilbert peut aussi compter sur l’aide précieuse d’Étienne Laforest depuis qu’il a 12 ans – il en a maintenant 23 – et d’un travailleur du Guatemala, Jaime Sandoval, depuis trois ans. Quatre adolescents complètent l’équipe, dont Simon, le fils de Gino. Selon Pascal Gilbert, l’un des défis importants du monde agricole est d’améliorer les conditions salariales des travailleurs. C’est un gros cheval de bataille en agriculture. Il est important que tout le monde soit bien rémunéré : les employés et les propriétaires. « Quand c’est le temps d’acheter un tracteur ou du quota, on est toujours prêts, mais quand c’est le temps d’augmenter nos salaires, on hésite », fait-il remarquer.

Des gens impliqués

Ce qui démarque également la famille Gilbert, c’est son implication dans la communauté. Pascal est administrateur chez Nutrinor, tout comme son père l’a été avant lui. Benoît a entre autres été président local au sein de l’UPA et administrateur à la caisse Desjardins. Diane s’implique entre autres auprès des Agricultrices du Québec, dont elle est la présidente régionale. 

Pascal raconte que, plus jeune, son père organisait des courses de stock-car. C’est maintenant lui qui anime la vie du village en tenant un festival fermier dans la grange, où chanteurs et musiciens se produisent sur scène. Depuis deux ans, cet événement attire entre 250 et 500 personnes quotidiennement ­pendant deux jours.  

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