Ma famille agricole 27 septembre 2024

Pour l’amour de l’agriculture

KINNEAR’S MILLS – La famille Côté-LaBranche se consacre, depuis 30 ans, à faire grandir ses fermes porcines et ovocoles, nichées dans la « Suisse du Québec ». La construction de son kiosque fermier, l’an dernier, symbolise à la fois tout son amour pour l’agriculture et son engagement envers sa clientèle.

Joanne LaBranche et Patrick Côté n’ont pas chômé depuis qu’ils ont acquis, en 1994, une ferme porcine « en manque d’amour » de 240 truies dans le joli village anglophone de Kinnear’s Mills. Le couple a enchaîné les projets sans ralentir pour sans cesse solidifier son entreprise.

En l’espace de trois décennies, ces deux entrepreneurs ont agrandi et modernisé leur porcherie pour produire du porc certifié sans antibiotique, ont créé deux fermes ovocoles — dont l’une avec 14 000 poules en liberté —, sont devenus actionnaires d’une meunerie, ont entrepris de cultiver du panic érigé et se sont lancés dans l’acériculture bio dans le but de « s’amuser en famille ».

Pour couronner le tout, ils ont inauguré, en juin 2023, un kiosque fermier doté d’une salle de débitage et de fumage, ainsi que d’une cuisine de transformation, pour donner une vitrine à toute la gamme de leurs produits et à ceux des autres producteurs de leur coin de pays. 

Placé devant ce bilan, Patrick Côté esquisse un sourire en coin. « Je n’ai cherché qu’à garantir notre avenir. Je n’ai fait que saisir les occasions qui se sont présentées à nous pour augmenter notre résistance au risque financier », explique-t-il avec un haussement d’épaules.

« Patrick carbure aux projets », rétorque sa conjointe, le regard complice. « Il éprouve un fort sentiment de satisfaction de voir un projet se réaliser exactement comme il l’avait imaginé. Quand il en a terminé un, il passe au suivant. »

« Nous avons la chance de nous épauler l’un et l’autre depuis le début », enchaîne M. Côté.

Nos compétences en administration et en agriculture, à Joanne et à moi, et maintenant celles des garçons, sont complémentaires. C’est ensemble qu’on peut faire avancer nos projets à pas de géants.

Patrick Côté
Revêtue de sa propre combinaison de travail, la petite Pénélope apprend très jeune à apprécier les joies de la ferme aux côtés de son père, Anthony.   

Destin

Ce fort désir d’entrepreneuriat ne date pas d’hier. C’est ce besoin irrépressible de faire son propre chemin qui a convaincu le couple de s’expatrier pour acheter sa première ferme.

« À ma sortie de l’ITAQ [Institut de technologie agroalimentaire du Québec], j’ai travaillé pendant cinq ans pour la Coop fédérée. Je conseillais les producteurs d’œufs », explique ce natif de l’Estrie, qui a eu la piqûre pour la production agricole à l’adolescence en travaillant à la ferme porcine de son oncle à Stoke, près de Sherbrooke. « C’est à force de côtoyer des producteurs que je me suis mis à ressentir un désir très fort de posséder ma propre ferme ovocole. »

« Nous nous disions à l’époque : “Pourquoi travailler pour les autres quand nous pourrions le faire pour nous-mêmes?’’ » se rappelle Joanne LaBranche, une comptable professionnelle agréée. « Mais le prix du quota [des œufs] était trop dispendieux à l’époque. Ça ne fonctionnait pas financièrement. »

Le couple s’est donc tourné vers la production porcine. Grâce au coût abordable des terres dans la région montagneuse de Kinnear’s Mills, près de Thetford Mines, il a pu acheter une première porcherie en mal de productivité. Une rénovation, associée à un suivi rigoureux des animaux, lui a permis une hausse de natalité de 56 % par truie en quelques années. 

Cette réussite ne lui a cependant pas fait oublier son rêve de détenir une ferme ovocole. L’occasion s’est présentée avec le lancement du programme d’aide au démarrage de la Fédération des producteurs d’œufs. « Le jour où j’ai lu ça dans La Terre de chez nous, je me suis dit : “C’est pour nous, ça !” » raconte le premier bénéficiaire du programme, en 2006. 

Les fondateurs enchaînent les projets depuis l’acquisition de leur première porcherie en 1994. Ils cultivent notamment du panic érigé dans leurs champs pour fournir de la paille aux producteurs de leur région. 

Au fil des ans, les fermes ont grandi au rythme des agrandissements et des acquisitions. Puis, l’arrivée dans l’entreprise des deux plus jeunes fils, Anthony et Justin, a permis une nouvelle phase de développement avec l’acquisition d’une érablière de 4 000 entailles et la construction du kiosque fermier. Cette cadence n’est-elle pas essoufflante? 

Pour nous, c’est la normalité. C’est quand on parle avec nos amis qu’on se rend compte du courage que ça prend pour accomplir tout ce que nos parents ont réussi. Nous sommes chanceux de pouvoir poursuivre le travail.

Justin Côté

Le bon coup de l’entreprise

Les marchés de niche font partie du plan stratégique de Patrick Côté et de Joanne LaBranche. Depuis le début des années 2000, ils élèvent du porc nourri aux grains végétaux, sans l’utilisation d’antibiotiques ni d’hormones de croissance. Dans la même veine, ils ont construit, en 2017, un poulailler d’environ 14 000 poules pondeuses logées dans un système d’élevage en liberté. Enfin, à la suite de l’achat d’une érablière, ils ont opté pour une production acéricole biologique. « La plus-value de nos produits nous procure des revenus supplémentaires, mais aussi une perception positive des consommateurs », souligne M. Côté. 

Diplômé en agronomie de l’Université Laval, Justin Côté est à l’origine du concept de kiosque fermier des Fermes Rudbeckie. 

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Un bon suivi technico-économique

Des informations techniques rigoureuses sont primordiales pour prendre de bonnes décisions d’entreprise, souligne Patrick Côté. Des données comptabilisées avec discipline à chaque étape permettent une évaluation économique des différents produits. Elles permettent également de trouver les faiblesses de la chaîne de production et d’améliorer les rendements.

Une bonne planification stratégique

Prendre le temps de rédiger un plan n’est pas superflu. Cette démarche permet de réfléchir aux attentes et aux objectifs de tous les partenaires. « Bref, cela permet de savoir où nous nous en allons tous ensemble à court, à moyen et à long terme. Il ne faut pas gérer par opportunisme », explique M. Côté.

Cette planification doit cependant être flexible pour pouvoir saisir les nouvelles occasions d’affaires. « Il faut être ouvert aux nouvelles idées. Pour nous, la diversification a fait une différence », affirme l’agriculteur.

Une bonne matrice de rôles

Les relations humaines ne sont pas à négliger dans la gestion d’une entreprise agricole, surtout quand la relève commence à prendre des responsabilités dans la conduite des activités. « Une bonne matrice de rôles permet de déterminer qui va faire quoi dans la poursuite des objectifs. Chacun doit trouver sa place dans l’entreprise, de sentir qu’il est écouté et qu’il peut faire une différence », souligne Joanne LaBranche. 

Photo : Fermes Rudbeckie
Fiche technique
Nom de la ferme :

Fermes Rudbeckie

Spécialités :

Porc, œufs et produits de l’érable

Année de fondation :

1994

Noms des propriétaires :

Patrick Côté, Joanne LaBranche, Anthony Côté et Justin Côté

Nombre de générations :

2

Superficie en culture :

132 acres (53 hectares)

Cheptel :

240 truies et 24 000 pondeuses

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