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HÉBERTVILLE-STATION — C’est une histoire de famille qui remonte à 1911, à l’époque de la colonisation au Lac-Saint-Jean. Elie Maltais défrichait les premières terres de ce qui deviendrait la Ferme Maltais, maintenant gérée par ses petits-enfants et arrière-petits-enfants. Au fil du temps, la production laitière a augmenté. L’entreprise, en parallèle, s’est spécialisée en criblage de semences.
FICHE TECHNIQUE Nom de la ferme Spécialité Année de fondation Nombre de générations Noms des propriétaires Superficie en culture Cheptel Quota de lait |
Pascale Maltais nous accueille dans sa maison d’Hébertville-Station au Lac-Saint-Jean, acquise de son grand-père un peu avant son décès, il y a trois ans. Autour de la table, son père Camil, son oncle Léon et son frère Olivier se joignent à la conversation et se remémorent des souvenirs de famille. « Moi je suis presque né ici, raconte Camil. On était dix enfants. » Pour Pascale, l’achat de cette résidence avec son conjoint était l’occasion d’habiter à proximité de la ferme. Son frère Olivier, avec qui elle prend la relève, habite pour sa part dans une autre maison non loin de là, où vivait auparavant son oncle Jean, frère de Camil et Léon et ancien copropriétaire de l’entreprise.
« C’est une histoire de quatre générations. La cinquième est peut-être dans la bedaine de ma fille », indique Camil avec le sourire, en pointant le ventre de Pascale, enceinte.
L’agriculture dans les veines
Olivier et Pascale sont depuis quelques années copropriétaires de la Ferme Maltais avec leur père Camil et leur oncle Léon. Éventuellement, le frère et la sœur en prendront les rênes à eux seuls. « Les profs d’orientation me trouvaient plate. J’ai toujours su ce que je voulais faire », témoigne Olivier, qui a suivi une formation collégiale en gestion d’exploitation agricole. De son côté, Pascale a des souvenirs très clairs de l’amour qu’elle avait pour les vaches dès l’enfance. « On a commencé à tirer les vaches vraiment jeunes. […] Notre sœur plus vieille n’aimait pas la vie rurale du tout, mais pour Olivier et moi, c’était le contraire », souligne celle qui garde aussi de précieux souvenirs du dévouement de son grand-père Albert à la ferme. « Il a continué à faire de petits travaux jusqu’à l’âge de 80 ans, je pense », témoigne-t-elle. Camil a lui aussi l’intention d’aider ses enfants jusqu’à ses vieux jours. L’agriculture, c’est à la vie, à la mort dans votre famille? « Quasiment », répond-il en riant.
Le criblage de semences
En parallèle à la production laitière et de grandes cultures, l’entreprise intègre un poste de criblage de semences. Au fil des ans, la famille Maltais a développé une expertise devenue plutôt rare et parvient, grâce à ses installations et à son efficacité, à conserver de bons contrats de nettoyage de grains de semences auprès de Sollio Groupe Coopératif et Semican. « Mon père avait commencé avant que j’arrive […], indique Camil. On enlève les mauvaises herbes et on garde juste les bonnes semences », explique-t-il, spécifiant que l’entreprise nettoie aujourd’hui 2 000 tonnes de semences par année issues de sa propre production et aussi d’autres fermes. « Avant, dans le temps de mon père et mon oncle, ça devait être 100 tonnes par année », raconte-t-il.
La production laitière croît radicalement
Camil a pris la relève de la ferme vers 1985 avec son frère Jean. En 1992, leur jeune frère Léon s’est joint à eux. La production laitière annuelle est alors passée de 60 kilos de quota dans les années 1980 à 90 kilos en 2010. « Mon père et mon oncle avaient déjà grossi beaucoup avant, indique Camil. Ils ont pas mal été des leaders pour le drainage et l’amélioration des terres. » Depuis l’implication d’Olivier dans l’entreprise, en 2010, la production laitière a bondi encore plus radicalement, passant de 90 kilos de quota à plus de 180 kilos. « Mon père a un gros penchant pour les céréales. Pascale et moi, on est plus portés à vouloir grossir dans le laitier qu’à acheter des terres », soutient le jeune agriculteur, précisant que plusieurs investissements ont été faits en ce sens dans les dernières années. « On a démoli une grange pour ajouter un silo. On voulait plus de capacité pour nourrir les vaches. Après, on a allongé l’étable [en 2013 et en 2018]. On a aussi installé deux grands parcs de vêlage et de tarissement, énumère le jeune homme. À partir de là, on a été capables de pousser la production », ajoute celui qui a pour objectif d’atteindre progressivement un quota de 200 kilos de lait. L’agriculteur prend plaisir à travailler sur la génétique et le confort du troupeau. Quant à Pascale, qui détient un baccalauréat en agroéconomie à l’Université Laval, elle s’occupe beaucoup des chiffres. « On travaille toujours à réduire les coûts d’alimentation. On préconise aussi une agriculture durable », dit-elle.
Le bon coup de l’entreprise La modernisation des équipements et des installations pour le criblage en temps opportun, il y a environ six ans, est l’un des bons coups de l’entreprise, estime Camil Maltais. « En tout, on a investi entre 700 000 $ et 800 000 $. Ça nous a permis de nous positionner au bon moment, parce que les exigences des clients augmentent d’année en année. » Il reste peu de cribleurs détenant des contrats pour le Groupe Sollio au Saguenay‒Lac-Saint-Jean. Les Maltais affirment se démarquer avec leur rare expertise et la capacité de leurs installations. « On a choisi d’investir pour un gros entrepôt qui nous a permis de mettre toutes nos semences à la même place l’hiver. […] Sollio venait chez nous parce qu’on était efficaces et qu’on était capables d’en prendre plus », indique Olivier. Camil spécifie que le développement de ces activités parallèles génère un revenu intéressant aux agriculteurs durant l’hiver, en période plus tranquille.
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Fait maison
Camil et Olivier sont allés en Chine en 2013 pour faire l’acquisition d’un crible qu’ils avaient trouvé en fouillant sur Internet. Il s’agissait d’une copie d’un modèle danois d’une valeur de 100 000 $ qu’ils ont obtenu pour 16 000 $. Camil a ensuite imaginé le nouvel aménagement du poste de criblage. « On est allés en Chine pour trouver de l’équipement qu’on n’aurait pas trouvé ici. Plusieurs autres cribleurs sont venus voir le set-up que mon père a dessiné. Tout est petit, compact et fonctionnel », indique Olivier.