SEPT-ÎLES — Établi sur le terrain de son grand-père, Patrick Bergeron s’est lancé dans un projet de ferme maraîchère. Relevant déjà le défi de mener un projet agricole en région nordique, il a en plus choisi comme spécialité une plante tropicale : le piment fort.

À part des patates et quelques cochons, il n’y avait jamais eu d’agriculture sur la terre de son grand-père, située tout au bord du lac Daigle, à une quinzaine de kilomètres au nord de Sept-Îles, raconte Patrick Bergeron.

« Comme un peu tout le monde sur la Côte-Nord, mon grand-père cultivait des patates, et, en plus, il avait des cochons. C’était une grande famille de 12 enfants. Plus tard, ma tante y a habité, puis mes parents, qui sont toujours dans la maison d’à côté. »

Patrick Bergeron s’y est fait construire une maison, avec sa conjointe. Puis à la naissance de leur fille, Rosalie, le projet de ferme s’est mis à germer. « Je voulais rester à la maison avec ma fille, alors je me suis demandé ce que je pourrais faire et j’ai décidé de me lancer dans la culture de légumes. » C’est ce qu’il a fait dès 2020.

Le sol orangé et sableux de la Côte-Nord est très rocheux. « On en a sorti, des roches! En plus, il a fallu déboiser, car les arbres avaient repoussé », raconte le producteur.

Au début, il vendait ses légumes au bord du chemin de gravelle qui ceinture le lac Daigle, un endroit très peu passant. À force de peiner à écouler ses légumes, Patrick Bergeron s’est demandé quoi faire avec les invendus.

« Je faisais des sauces piquantes que mes amis aimaient beaucoup, alors ils m’ont donné l’idée d’en vendre. Au début, je me disais que ça ne se pouvait pas, de faire des sauces piquantes à Sept-Îles, et encore pire, de produire des piments forts, mais je me suis lancé. »

Patrick Bergeron s’est donc équipé pour la transformation et a décidé de concentrer ses efforts à produire les légumes qui entraient dans ses recettes de sauces piquantes. Dans son grand jardin poussent céleris, carottes, oignons, patates, ail et fines herbes, le tout ponctué de menthe sauvage, une adventice particulièrement envahissante dans la région.

Diversité de piments

Pour assurer chaleur et protection à ses piments forts, il a construit un tunnel chenille, à partir de structures d’abris d’auto. Expérimentant toutes sortes de variétés aussi colorées et piquantes les unes que les autres, il a déjà eu 90 sortes de piments différents dans son jardin, certaines s’hybridant pour en créer de nouvelles.

« C’est sûr que c’est plein de défis, ici. En plus des mouches qui ne nous lâchent pas, la saison est courte et les températures plutôt fraîches. Avec le tunnel, je peux allonger la saison jusqu’à la mi-
octobre en chauffant au propane, mais ça augmente les coûts », dit M. Bergeron.

Maintenant séparé de sa conjointe, le producteur de piments mène son projet d’entreprise seul, mais heureusement, ses parents sont juste à côté, et sa fille peut courir jusque chez eux pour jouer avec sa cousine, Jade. 

Un précieux voisin

Son jeune voisin, Yohan Mayrand-Duval, 12 ans, vient souvent l’aider au jardin. « J’aime vraiment ça, témoigne le jeune homme, et je l’aide pour un peu tout, même le désherbage. Mais ce que je préfère, c’est quand on plante les piments, les oignons et les petits plants au jardin. C’est tranquille comme travail. »

Patrick Bergeron est très reconnaissant. « Heureusement qu’il est là, mon petit helper, parce que tout seul, ce n’est vraiment pas facile », confie-t-il.

Prêt à faire évoluer son entreprise, il voudrait bien construire une serre, maintenant, mais l’autorisation de la MRC tarde à venir. « Une vraie serre, isolée, me permettrait non seulement d’allonger de beaucoup ma saison en contrôlant mieux la température, mais, en plus, je pourrais démarrer mes semis là-dedans, parce que, pour l’instant, je dois réserver une pièce à ça dans la maison. »

Son objectif serait de produire encore plus de sauces piquantes et de multiplier les points de distribution — il en a une trentaine en ce moment —, mais aussi de cultiver assez de tomates et de piments pour pouvoir les vendre dans les épiceries locales, au rayon des légumes frais. « Il n’y a vraiment pas beaucoup de produits comme ça, ici. Ça changerait nos vies! » lance Patrick Bergeron.  

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