Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
PORT-CARTIER – C’est pour perpétuer une tradition d’élevage bovin, mais aussi pour contribuer au développement de l’agriculture dans une région minière autrefois vouée à l’industrie du bois que Ludovik Gélinas a réussi à convaincre sa conjointe, Wendy Gauthier, de fonder une ferme à Rivière-Pentecôte, sur la Côte-Nord.
Wendy Gauthier ne s’est pas fait prier longtemps quand Ludovik Gélinas lui a mentionné, dès leur première rencontre, que de fonder une ferme était conditionnel à la poursuite de leur relation.
Quelques mois plus tard, elle lui a demandé une vache laitière comme cadeau de Noël. « Le jour de Noël, j’étais en train de traire ma vache à la main. Je n’avais jamais fait ça! » raconte Wendy en riant.
En 2017, les deux tourtereaux, policier et intervenante sociale de métier, ont fondé leur ferme en périphérie du village de Rivière-Pentecôte, maintenant fusionné à Port-Cartier, sur une portion de terre donnée par les parents de Wendy, maintenant leurs voisins.
« Ç’a commencé par trois vaches, puis des poules, et des chèvres. On n’a pas aimé les chèvres, alors on a démarré un élevage d’une dizaine de cochons. Ça, on aime ça! » s’exclame Ludovik.
Fraîchement défrichée
Du haut de la butte qui borde la Ferme Lu-Dy et Fils du côté nord, le spectacle est saisissant. La terre, fraîchement défrichée, se déroule jusqu’à la route 138. Au-delà, c’est la plage de sable blond, puis la mer avec, au loin, par jour de beau temps, les monts Chic-Chocs. Dans ce paysage boisé de la Côte-Nord, les exploitations agricoles sont plutôt rares.
« On est très exotiques avec nos vaches! Les gens viennent à la plage et ils s’arrêtent pour venir voir nos animaux », dit Wendy.
Le couple a décidé de placer l’agrotourisme au cœur de son projet d’affaires. Il souhaite implanter un verger de pommes. Ce projet a d’ailleurs motivé Wendy à se lancer dans une formation en exploitation de verger nordique.
Déjà choisi, l’espace défriché et dessouché qui accueillera le verger est entouré de forêt sur trois côtés, ce qui l’abrite du vent du nord. « Il fait souvent trois ou quatre degrés de plus ici qu’en bas, au bord de la mer. On a un microclimat », souligne Wendy.
Camp de jour à la ferme
La mère de deux garçons a eu l’idée de consacrer ses vacances d’été à l’organisation d’un camp de jour. Une douzaine d’enfants âgés de 7 à 10 ans ont alors été accueillis à la ferme. « En quelques minutes, les inscriptions étaient pleines. Les enfants ont adoré. Ils ont cueilli des petits fruits et des légumes, fait des activités d’identification de plantes, nourri les animaux, conduit le tracteur et cuisiné leurs récoltes. Les gens d’ici n’ont pas toujours vécu ça. On va recommencer l’an prochain », dit l’agricultrice.
C’est aussi pour donner ce cadre de vie à leurs deux garçons au quotidien que Ludovik et Wendy se sont lancés dans ce projet de ferme, qu’ils conjuguent avec leurs emplois à temps plein. « Dans ma famille, on est éleveurs de bœufs depuis plusieurs générations. Je suis rentré dans la police en me disant qu’un jour, avoir une ferme serait mon projet de retraite. Ç’a toujours été mon objectif.
Je suis fier d’avoir perpétué ça et j’espère que mes gars vont continuer. Pour moi, c’était inconcevable de voir mes enfants grandir devant les jeux vidéo. Je voulais leur donner une vie active, dehors, comme celle que j’ai vécue », dit Ludovik, qui a grandi dans une ferme à Louiseville, en Mauricie.
Christophe et Nathan, 6 et 10 ans, sont déjà de vaillants petits fermiers, qui gèrent le poulailler, ainsi que la cueillette et la vente des fraises. « C’est leur business. Quand les fraises sont cueillies, on met une annonce sur les réseaux sociaux et c’est eux qui les vendent. Tout le bénéfice leur appartient », précise leur mère.
Fait maison
Les amis et voisins ne manquent pas de remplir leurs bidons d’eau quand ils passent à la Ferme Lu-Dy et Fils. C’est qu’ici, contrairement à presque partout ailleurs sur la Côte-Nord, au lieu d’être brune, l’eau est claire et pure comme celle des villes qui ont l’aqueduc. « On savait qu’il y avait une source qui coulait de la montagne derrière, alors on s’est patenté un système de tuyau d’un kilomètre de long, qui descend jusqu’à nos maisons. Grâce à la gravité, sans aucun système électrique, on obtient la même pression qu’avec un aqueduc. Avec ça, je vais pouvoir m’installer un système d’irrigation goutte-à-goutte », explique Ludovik Gélinas.
Le bon coup de l’entreprise
En 2019, la tordeuse des bourgeons de l’épinette s’est attaquée à la forêt de la Côte-Nord. Presque tous les arbres situés sur la terre de la Ferme Lu-Dy et Fils sont morts. La forêt fantôme, où se dressaient les squelettes de bois séché, ne pouvait désormais servir qu’à une chose, a jugé Ludovik Gélinas. « Faire bûcher notre terre, c’est le meilleur coup qu’on a fait, estime Ludovik Gélinas. J’ai appelé une abatteuse et on a tout jeté à terre. Je me suis équipé pour le scier moi-même, et avec le bois, j’ai bâti un entrepôt. Pendant la pandémie, le prix du bois a monté, alors j’ai passé mon temps à scier. Parfois, je sciais jusqu’à deux heures du matin! J’ai vendu 10 vans de bois d’œuvre. Avec l’argent, j’ai pu acheter une pelle mécanique et mon tracteur. C’est ça qui nous a partis. »
Fiche technique | |
---|---|
Nom de la ferme : | Ferme Lu-Dy et Fils |
Spécialités : | Production maraîchère et élevage |
Année de fondation : | 2017 |
Noms des propriétaires : | Wendy Gauthier et Ludovik Gélinas |
Nombre de générations : | 1 |
Superficie en culture : | 10 acres (4 hectares) |
Cheptel : | 8 vaches, 10 cochons et 30 poules |
Avez-vous une famille à suggérer?
[email protected] | 1 877 679-7809
Ce portrait de famille est présenté par