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MATANE — À la Ferme R. C. Truchon et Fils, du secteur Saint-Luc de Matane, les animaux sont propres et les bâtiments sont bien entretenus. Contrairement à d’autres fermes, il n’y a ni robot, ni station de traite, mais ce n’est pas faute de moyens. C’est qu’ici, on a décidé il y a bien longtemps déjà de garder les choses simples et efficaces, histoire de pouvoir dormir la nuit.
« Ça fait 15 ans que je ne dois plus un cent à personne », lance Daniel Truchon, propriétaire de la Ferme R. C. Truchon et Fils depuis 2005. « Je m’autofinance. J’accumule, puis j’achète. C’est dans mes gènes. Je ne vis pas bien avec les dettes », explique l’entrepreneur de 56 ans, fier de sa ferme à dimension humaine.
Il mentionne avoir 25 vaches en lactation et 55 bœufs de boucherie. « Ça va rester comme ça, insiste-t-il. Quand tu es endetté, puis que tu vois les taux d’intérêt monter à plein, ça peut être fatigant. » Le producteur affirme en riant que sa ferme n’est donc pas « tannante » à garder.
L’absence de dettes ne veut toutefois pas dire qu’il laisse aller son entreprise. « J’évolue et je me modernise quand même dans mon petit système. C’est seulement que les grosses fermes, ce n’est pas pour moi », explique le représentant de la 5e génération de Truchon à occuper la terre.
Retour en arrière
Son père, Réjean Truchon, âgé de 82 ans, est toujours très actif dans les activités de la ferme. Il raconte que Zéphyrin dit Jurin a démarré l’entreprise en 1910. « Ensuite, ça a été au tour de François, puis de mon père Adrien de prendre la relève », poursuit le producteur. Il précise qu’il y avait un peu de tout au début, dont des cochons et des poules, mais au moment de l’achat, en 1974, il n’y avait que des bœufs.
Colette Fortin, l’épouse de Réjean, se souvient d’une conversation qu’elle a eue avec son beau-père à l’époque. « M. Truchon voulait vendre sa terre, mais il ne savait pas à qui. À un moment donné, j’étais dans la maison avec lui, et là, je lui ai dit : ‘‘Réjean, c’est ça qu’il cherche, une ferme.’’ Il s’est levé de sa chaise, puis il a dit : ‘‘Ce ne sera pas long, on va régler ça. Ça ne prendra pas de temps’’ », raconte-t-elle, dans un éclat de rire.
L’arrivée du lait
Il a fallu cinq ans pour que le lait s’ajoute à la production des Truchon. « Mon oncle Ange-Aimé [le frère de Colette] est venu voir mon père pour lui offrir sa vacherie, qui se trouvait sur la terre des Fortin, juste de l’autre bord de la coulée », raconte Daniel. Les installations étaient neuves à l’époque. Réjean s’est alors fait dire par son beau-frère : « Si tu veux continuer à payer les termes de la vacherie, elle est à toi. » Il a également acheté les terres des Fortin en 1990.
Daniel souligne qu’au départ, la production laitière ne devait être que temporaire. « On s’est dit qu’on allait faire ça un peu, qu’on allait ramasser de l’argent, puis qu’on allait tout mettre ça dans le bœuf. On était en 1979. Là, on est en 2023 et c’est encore comme ça, puis ça n’arrêtera pas, parce que c’est payant », précise le producteur.
Le bon coup de l’entreprise
« Mon bon coup, c’est quand j’ai acheté une déchaumeuse à disques semi-portée, affirme sans hésiter Daniel Truchon. Tout de suite, quand j’ai commencé avec ça, ça a été incomparable. » Le premier avantage de la déchaumeuse tient à son traitement en surface des sols. « Avec ça, j’ai éliminé 90 % de mes roches, et j’ai amélioré ma qualité de sol parce que je ne mélange pas un paquet de terre pour rien », observe le producteur. Ce traitement en surface présente un autre avantage important, étant donné la géologie passablement accidentée des terres sur lesquelles l’entreprise est installée. « Souvent, on n’a même pas un pied de sol avant de frapper la roche. On appelle ça un sol à pelure d’orange. Tu laboures puis tu restes crocheté à tout bout de champ », raconte celui qui s’est inspiré d’un agriculteur autrichien pour introduire l’instrument. « En Autriche, c’est ressemblant comme terrain. C’est côteux à plein, puis celui qui m’a envoyé la vidéo avait une déchaumeuse comme ça. Il s’est adonné qu’un concessionnaire en a eu une. Je l’ai achetée », poursuit Daniel Truchon. « C’est la première machine que je m’achète et que je peux dire que ça, ça fait une grosse différence. »
2 conseils pour… bien dormir la nuit
- Améliorer sa productivité
La première chose, c’est d’assurer un contrôle serré des dépenses et de toujours chercher comment améliorer la productivité, explique Daniel Truchon. « Nous, par exemple, on fait du lait fourragé. On ne donne pas de maïs à nos vaches. Ça nous expose moins aux fluctuations de prix », dit le producteur qui s’est déjà classé 5e au Québec pour la qualité de son lait et qui vise le 1er rang. La ferme compte aussi 55 vaches de boucherie, soit une trentaine de moins qu’il y a quelques années. « On a amélioré la génétique, les vêlages, plus de veaux, ce qui fait que j’ai un meilleur rendement et que je fais plus d’argent qu’avant », illustre le producteur.
- Réparer soi-même autant que possible
Un autre truc, c’est d’être autonome et débrouillard. « Je fais tout moi-même, j’aime réparer. Je suis curieux de tout », soutient l’entrepreneur. « J’ai des ordinateurs pour aller dans les codes des machines, je gère tout ça moi-même. Et quand on rencontre un problème avec Internet, des techniciens pour t’aider, tu en trouves beaucoup. » Quant au vétérinaire, il se présente une fois par année pour sa visite annuelle. « Mes vaches sont en santé, dit Daniel Truchon avec fierté. Les cellules somatiques de mes vaches sont super basses »,
précise-t-il.
Fiche technique 🐮🌾 | |
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Nom de la ferme : | Ferme R. C. Truchon et Fils |
Spécialités : | Production laitière, bovine et fourragère |
Année de fondation : | 1910 |
Nom du propriétaire : | Daniel Truchon |
Nombre de générations : | 5 |
Superficie en culture : | 146 hectares en culture et 70 hectares loués |
Cheptel : | 25 vaches en lactation et 55 bœufs Angus de boucherie |
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