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MELBOURNE — Ingénieur électricien à la retraite, Serge Proulx est curieux de nature. Après avoir bâti des centrales électriques un peu partout dans le monde, il s’est mis en tête de faire pousser des figues au Québec. L’un après l’autre, ses quatre enfants ont sauté dans l’aventure.
Serge Proulx espère vivre jusqu’à 100 ans pour avoir le temps d’accomplir tous ses projets. À terme, il souhaite non seulement bâtir une entreprise solide avec ses enfants, mais leur léguer « la flamme qui l’a habité toute sa vie ».
Une flamme? Il faudrait plutôt parler d’un feu brûlant. Depuis son embauche, à l’âge de 18 ans, à la baie James, où il dit avoir appris « à sauter dans le vide », ce Sherbrookois n’a pas cessé d’enchaîner projet après projet. Il a parcouru l’Asie avec son sac à dos avant de fonder son bureau d’ingénieur-conseil. Sa spécialité? Les barrages hydroélectriques. Il en a bâti un peu partout à travers le monde.
Serge Proulx a d’ailleurs construit sa propre centrale à partir de l’ancienne station de pompage de Richmond, en Estrie, à l’abandon depuis la fin des années 1960. Il a acheté les ruines du barrage et les terrains de 93 hectares environnants en 1998 dans l’idée de mettre en valeur, un jour, ce site bucolique baptisé « La Vallée du Moulin ».
En parallèle, l’homme d’affaires a fondé une famille tissée serrée de quatre enfants en s’assurant que chacun découvre ses propres intérêts professionnels : si l’aînée, Mylène, a choisi la physiothérapie, le cadet, Étienne, a opté pour la technique en génie électrique et la benjamine, Marie-Michèle, a préféré la technique en santé animale.
Pour sa part, la cadette, Anne-Marie, a étudié l’enseignement des mathématiques avant de travailler dans le système bancaire. « Mais ce n’était qu’une question de temps avant que je parte en affaires avec mon père. Nous ne savions tout simplement pas ce que nous voulions faire ensemble », raconte-t-elle.
Assembler le casse-tête
Le déclic s’est produit lorsque Serge Proulx a découvert la culture de la figue lors d’un voyage en France. « Je cherchais un produit exclusif. La figue est importée au Québec, mais elle supporte mal le transport. Elle arrête de mûrir dès sa cueillette et elle commence rapidement à dépérir. En faire la culture ici nous procurait donc un avantage concurrentiel », explique-t-il.
Mais comment faire pousser, à coûts raisonnables, ce fruit qui s’épanouit normalement sous le ciel méditerranéen? Réponse : dans des serres à haut rendement énergétique, alimentées en partie par la centrale électrique, conçue par l’ingénieur. « Je n’ai rien inventé », tient-il à préciser. « J’ai simplement bien assemblé les pièces du casse-tête. »
La culture en serre de la figue n’est en fait que le carton d’invitation de la Vallée du Moulin, où l’on retrouve également une érablière, des ruches et un verger composé de 17 essences différentes d’arbres fruitiers. Un vaste bâtiment consacré à la dégustation sera complété cet été.
Un projet familial
Sans forcer, le père de famille a ramené ses quatre enfants, âgés de 30 à 36 ans, autour de lui. Chacun y trouve son épanouissement, soit dans les bureaux, à la cabane à sucre, à la miellerie ou encore dans la cuisine pour la confection des produits transformés.
« La Vallée du Moulin, ce n’est pas seulement le projet de Serge, c’est un projet familial. Lui aussi a besoin de nous. S’il n’y a plus de famille, il n’y a plus de projet », affirme Anne-Marie, sous l’œil approbateur de sa fratrie.
La bonne marche de l’entreprise s’appuie sur les valeurs héritées de leurs parents, renchérissent-ils. Travail, communication et dépassement de soi, mais également l’émerveillement, le respect de la nature et le sens de l’entrepreneuriat.
« J’ai le projet d’élever des tortues », glisse Serge Proulx devant ses enfants, qui affichent un sourire en coin.
Nul doute que la Vallée du Moulin abritera, un jour prochain, une pisciculture.
Équipement techno
Les serres de la Vallée du Moulin sont des merveilles technologiques. Chauffées par un système radiant intégré à ses planchers et ses demi-murs, elles bénéficient d’une isolation supérieure grâce à des murs brise-vent et à des cloisons à double paroi. Selon la météo, leur chauffage est assuré par quatre fournaises à biomasse forestière ou par une fournaise à gazéification. L’une d’elles sera aussi équipée de thermopompes industrielles pour la déshumidification et, au besoin, son chauffage. « Nous pourrons ainsi [déterminer] quelle source d’énergie est la plus performante selon la température extérieure », explique Serge Proulx. Les coûts en chauffage des trois serres, d’une superficie totale de 20 000 pieds carrés, se sont limités à 21 000 $ l’hiver dernier. Une simple génératrice de 20 kW suffit à pallier les besoins des serres en cas de panne de courant.
3 conseils pour lancer une entreprise
Constituer son équipe
Un avocat et un fiscaliste compétents sont les bases essentielles d’une entreprise, souligne Serge Proulx, qui a créé et vendu une douzaine de compagnies dans sa vie. Il faut ensuite trouver les consultants qui vous guident dans les multiples options à considérer dans la construction du projet.
Bâtir un plan blindé
Une préparation minutieuse procure à un entrepreneur de la crédibilité face aux institutions, rappelle Anne-Marie Proulx. « Notre dossier à La Financière agricole [du Québec] faisait quatre pouces d’épais, dans un cartable avec séparateurs et signets. Nous n’avions aucune expérience dans le monde agricole, mais nous avions fait nos devoirs. »
Agir avec patience
Un entrepreneur doit prendre le temps de se doter d’une vision à long terme afin de prendre les bonnes décisions durables, selon Serge Proulx. Sa fille Anne-Marie le confirme : « Quand survient une difficulté, mon père avait prévu le coup des années auparavant. »
Fiche technique 🍯🍁 | |
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Nom de la ferme : | La Vallée du Moulin |
Spécialités : | Figues, miel et sirop d’érable |
Noms des propriétaires : | Serge Proulx, Anne-Marie Proulx, Étienne Proulx, Mylène Proulx et Marie-Michèle Proulx |
Nombre de générations : | 2 |
Superficie en culture : | 3 serres (total de 20 000 pieds carrés), 1 verger de 2 acres (0,8 ha) et une érablière de 1 200 entailles |
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