L’art d’accueillir les occasions d’affaires à bras ouverts

VAL-JOLI – Stéphan Perreault et Sylvie Bolduc ont développé leur entreprise agricole sans avoir de plan précis. Doté d’un solide flair entrepreneurial, le couple a toutefois su profiter de plusieurs occasions de croissance. Il a ainsi fait sa marque en agrotourisme, de même qu’avec l’exportation de sapins et de citrouilles.

La capacité du couple formé de Stéphan Perrault et Sylvie Bolduc à évaluer le potentiel d’une idée et à la concrétiser rapidement est « une grande qualité, mais aussi un grand défaut », lance l’agricultrice en riant.

Car cette propension à enchaîner les projets s’accompagne d’une charge de travail accrue. Les producteurs n’ont donc jamais ménagé leurs efforts. Et ils ont transmis leur passion de l’agriculture à Viviane, l’une de leurs trois filles, qui travaille désormais avec eux au quotidien.     

Leur aventure a débuté en 1991 avec l’achat d’une terre à Saint-Georges-de-Windsor, en Estrie, afin d’y planter des sapins destinés à l’exportation. Le couple habitait à cette époque à Saint-Alphonse-de-Granby. Stéphan travaillait comme monteur de lignes pour Hydro-Québec et Sylvie, comme éducatrice en garderie.

Question de « bâtir sa clientèle » en attendant que ses sapins fraîchement plantés soient suffisamment grands pour être récoltés, Stéphan s’est mis à exporter les conifères qu’il achetait d’autres producteurs québécois. 

Chaque année, il bonifiait sa production en plantant de nouveaux sapins. À une époque, il en a mis en terre jusqu’à 50 000 par année. Le producteur a également acheté une plantation à Courcelles, déjà pourvue de conifères matures. 

Populaires citrouilles 

C’est en acheminant ses sapins dans les garden centers de la côte est américaine que le couple a commencé à recevoir des demandes pour des citrouilles. « Pourquoi pas? » s’est-il dit. 

« On a commencé à cultiver des citrouilles, explique Stéphan Perreault. Mais on en a aussi acheté d’autres producteurs des secteurs de Granby et Ange-Gardien, qui sont encore nos fournisseurs aujourd’hui, pour les revendre à nos clients américains. » 

Son travail agricole à temps partiel devenant de plus en plus accaparant, le couple a déménagé à Val-Joli, près de Windsor, en 2002, pour être plus près de ses terres. Il en a profité pour aménager un kiosque à la ferme, ses champs de citrouilles ayant entraîné une demande locale. 

Au fil du temps, d’autres cultures maraîchères de même que l’autocueillette de sapins se sont ajoutées, question de garnir et d’animer le kiosque. Durant cinq ans, la famille Perreault a également fourni en fruits et légumes une quinzaine d’épiceries de sa région. Elle a en outre tenu un kiosque au marché public de Sherbrooke. « À un moment donné, c’était étourdissant, reconnaît Sylvie. On avait aussi trois ados. »  

Après avoir profité de congés à traitement différé, Stéphan a mis un terme à son travail de monteur de lignes en 2012 pour se consacrer à temps plein à son entreprise. 

À une époque, on a acheté beaucoup de terres et on a connu une croissance très rapide.

Sylvie Bolduc

Relève

En 2019, un important producteur canadien de sapins a déposé une offre d’achat pour acheter la majorité de sa production de sapins, soit environ 250 000 arbres, qui n’étaient pourtant pas à vendre. « Pourquoi pas? » se sont dit, encore une fois, les propriétaires. 

Une condition accompagnait la transaction :  continuer de vendre localement. Les Perreault ont dû mettre une croix sur l’exportation durant cinq ans. Ce délai ayant pris fin l’an dernier, les exportations ont repris. 

Tout semblait indiquer que le couple n’aurait pas de relève, leurs trois filles ayant pris des chemins différents. Mais il aura fallu la pandémie et l’achat d’un ranch pour inciter Viviane, l’aînée de la famille, à revoir ses plans. Le projet de transformation du ranch en résidence de tourisme l’a allumée.

Elle s’est par la suite investie davantage dans le volet agrotouristique de la ferme. Il est désormais possible d’y cueillir également des petits fruits, d’acheter des produits locaux transformés et de déguster un produit glacé au bar laitier de l’endroit, qui emploie une vingtaine de personnes. 

« J’aime le sentiment de travailler pour soi, explique Viviane. L’exportation ne m’intéresse pas, mais j’aime le volet local. »  

Pour l’heure, Viviane, 33 ans, n’a pas encore acquis de parts dans l’entreprise. Le trio qu’elle forme avec ses parents veut prendre le temps d’analyser ses options. Le contexte économique est difficile et les mesures de soutien offertes aux agriculteurs et à la relève ne sont plus ce qu’elles étaient, déplore la famille d’agriculteurs. 

« Si on est là, c’est parce qu’on aime ça, dit Sylvie Bolduc. Sinon, ça serait facile de dire que c’est fini. »  

Fait maison

Les exportations de citrouilles aux États-Unis étant devenues difficiles à une époque en raison de la présence d’un parasite, le nématode doré, Stéphan Perreault a inventé un lave-­citrouille. « On ne pouvait rien exporter qui était recouvert d’une couche de terre », dit-il. Il s’est donc inspiré d’un lave-auto pour en aménager une version pour les cucurbitacées. Déposées sur un convoyeur, les citrouilles sont dirigées vers une série de jets d’eau. « On le fait encore parce que les clients se sont habitués à avoir des citrouilles lavées », affirme le producteur maraîcher. 

Un lave-citrouille a été inventé par Stéphan Perreault, car les exportations étaient difficiles à une certaine époque en raison d’un parasite. Photo : Gracieuseté des Plantations Stéphan Perreault

Le bon coup de l’entreprise

S’il y a une chose pour laquelle Stéphan Perreault estime être doué, c’est la mise en marché. « Au départ, j’étais beaucoup plus vendeur que producteur, dit-il. Ç’a été l’une de nos forces. Quand le marché était difficile, il y avait des producteurs qui ne trouvaient pas le moyen de vendre leurs produits. Nous, on trouvait le moyen. » La famille Perreault a passé plusieurs vacances estivales sur la côte est américaine. Elle en profitait pour faire la tournée des jardineries afin d’y dénicher des clients pour ses sapins et ses citrouilles. « D’une porte de garden center à l’autre », lance M. Perreault, qui passait ses journées sur la route. Il n’y avait pas de GPS, ni d’Internet, à cette époque. Même les enfants mettaient la main à la pâte. « Le matin, on allait à la plage et l’après-midi, on pliait des dépliants et on faisait des listes d’adresses », raconte Viviane Perreault. 

La mise en marché est une force de la famille de Stéphan Perreault, qui profitait entre autres des vacances estivales sur la côte est américaine pour faire la tournée des jardineries, en quête de nouveaux clients.
Fiche technique
Nom de la ferme :

Plantations Stéphan Perreault

Spécialités :

Agrotourisme et exportation de sapins et de citrouilles

Année de fondation :

1991

Noms des propriétaires :

Sylvie Bolduc et Stéphan Perreault

Nombre de générations :

2

Superficie en culture :

142 hectares

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