L’agriculture inscrite dans les gènes

BÉCANCOUR – Une quatrième génération de Mailhot est à l’œuvre dans la petite ferme du rang des Bouvreuils de Bécancour, où Claude Mailhot et sa conjointe, Nathalie Poisson, ont entrepris de donner une nouvelle orientation à l’entreprise d’élevage de vaches Highland en misant sur l’agrotourisme.

Difficile pour quiconque se promène sur le chemin des Bouvreuils dans le secteur Gentilly de Bécancour de ne pas remarquer les troupeaux de bovins de Nathalie Poisson et Claude Mailhot, de la Ferme Genty. Les irrésistibles ruminants de race Highland attirent tous les regards, surtout qu’ils sont une quarantaine. Les deux éleveurs travaillent maintenant à inciter les passants et les visiteurs à s’arrêter pour acheter les produits en vente dans leur boutique. 

Difficile de ne pas jeter un regard aux brunes, aux blondes et aux rousses cornues en passant sur le chemin des Bouvreuils du secteur Gentilly, à Bécancour. Photo : Pierre Saint-Yves

« D’une certaine façon, on reprend l’expérience de l’agrotourisme que mes parents ont tentée il y a 30 ans en offrant un gîte à la ferme, mais la tendance n’était pas encore développée », explique Claude Mailhot.

Avec sa conjointe et associée, il a entrepris, il y a trois ans, de changer l’orientation de l’entreprise familiale. Avant de franchir cette étape, le producteur a traversé une difficile épreuve : l’incendie de ses installations et la perte d’un troupeau de 300 chèvres. C’était par une nuit glaciale de février 2018. 

Pierre Mailhot, qui était alors copropriétaire de l’exploitation avec son fils Claude, n’est pas près d’oublier ce dramatique épisode. « L’étable construite en pièce sur pièce a flambé dans le temps de le dire », raconte-t-il.

Il y a maintenant trois ans que Claude Mailhot et Nathalie Poisson ont entrepris de bâtir leur troupeau de bovins Highland qui compte maintenant une quarantaine de têtes, un nombre voué à augmenter. Photo : Pierre Saint-Yves

Une page tournée

Cet incendie a sonné la fin de la production de lait de chèvre après 18 ans. Le père et le fils s’étaient lancés dans cette activité en 2000 en aménageant en chèvrerie la vieille étable de 55 mètres de longueur, héritage de l’époque où le grand-père, le père de Pierre, était producteur laitier.

« À la fin des années 60, mon père était malade et il a décidé d’arrêter la production et de vendre les vaches », mentionne Pierre. « J’ai travaillé à Montréal pendant cinq ans, mais je suis revenu dans la région pour me lancer dans l’élevage de bœufs jusqu’à ce qu’on se lance dans la production de lait de chèvre au début des années 2000, tout juste avant la crise de la vache folle. »

Pierre et Claude, devenus associés, ont ainsi bâti un troupeau de 300 chèvres, dont 160 étaient traites. Tout a basculé avec le sinistre de 2018. 

Claude est alors devenu travailleur de la construction tout en continuant à produire du foin avec son père… jusqu’à ce qu’un nouveau projet germe au fil de ses discussions avec sa conjointe, Nathalie.

Le couple a alors acheté trois bœufs Highland, puis sept autres, puis six, puis d’autres encore, qui ont eu des  veaux, jusqu’à avoir un troupeau de 40 bêtes. Enfin, le projet de ferme agrotouristique pris forme avec la vente de produits de la ferme (viande de bœuf, de porcelets, de volailles et produits transformés sur place) et de ceux de fermes voisines. 

Les propriétaires organisent des visites et accueillent des touristes par l’entremise du réseau de stationnements gratuits pour véhicules récréatifs, Terago. « On développe graduellement, explique Nathalie Poisson. C’est un peu comme si on construisait l’avion en plein vol! »

Puis ils préparent la relève, sans forcer, en faisant une place à chacun de leurs deux enfants, devenus grands, selon leurs goûts et leurs forces. Le fils de l’un étudie en agriculture et le garçon de l’autre poursuit des études secondaires, profil entrepreneurial. De son côté, Pierre, qui devrait être à la retraite, continue à s’impliquer dans les opérations agricoles, ce qu’il a toujours aimé. 

Le bon coup de l’entreprise

En élaborant leur projet de ferme agrotouristique, en 2019, Nathalie Poisson et Claude Mailhot avaient prévu la construction d’un bâtiment pour abriter l’accueil et la boutique de la ferme. C’était tout juste avant que survienne… une certaine pandémie. « Le prix des matériaux a explosé, raconte Nathalie. Notre projet était devenu irréalisable. » Le couple, aux commandes de l’avion toujours en construction, ajuste le cap, et opte pour l’installation de la boutique dans la maison, d’abord dans le salon, puis dans le logement attenant libéré par le départ de Pierre. « C’est la meilleure décision qu’on ait prise, reconnaît Claude. On a pu démarrer sans se lancer dans de gros investissements. » L’ouvrier de la construction en lui s’est tout de même mis à l’œuvre pour ériger une grange à proximité des enclos des bovins.

La boutique de la ferme a été aménagée dans un logement attenant à la résidence du couple. Photo : Pierre Saint-Yves

3 conseils pour réussir un départ sur de nouvelles bases 

Miser sur ses forces

Claude et Pierre ont pris en charge les opérations agricoles, Nathalie voit au développement du volet agrotouristique et les enfants sont impliqués dans l’une ou l’autre des nombreuses tâches. « On mise sur les compétences et les talents de chacun, sur les aptitudes que chacun veut développer », explique la productrice.

Rechercher les améliorations

Les deux propriétaires reconnaissent que la perfection est impossible à atteindre. Leur objectif est plutôt de s’améliorer dans chacune des tâches accomplies et dans chacune de leurs réalisations. « Tirer profit de nos erreurs est toujours profitable pour la suite », précise Claude.

Développer son réseau de contacts

Que ce soit pour obtenir des conseils, de l’aide, pour partager des connaissances, des expériences ou encore pour mettre en vitrine les produits d’autres fermes des environs, le développement d’un réseau de contacts apparaît essentiel pour le couple d’éleveurs. « Les producteurs sont trop souvent isolés », indique Pierre. « C’est essentiel d’entretenir des contacts pour la vie sociale et aussi pour partager nos expertises. » C’est ce qui explique l’adhésion de l’entreprise à l’Association québécoise des éleveurs de bovins Highland et l’implication de Nathalie au sein du syndicat des Agricultrices du Québec.

Avant de jeter son dévolu sur les bovins Highland, la ferme élevait des chèvres pour leur lait. Photo : Pierre Saint-Yves
Fiche technique 🐂
Nom de la ferme :

Ferme Genty

Spécialité :

Élevage de bovins de boucherie et agrotourisme

Année de fondation :

Fin des années 1920

Noms des propriétaires :

Claude Mailhot et Nathalie Poisson

Nombre de générations :

4

Superficie en culture :

60 hectares, dont 40 en culture fourragère et une érablière de 350 entailles avec 3 500 en croissance

Cheptel :

40 bovins Highland


Avez-vous une famille à suggérer?
[email protected] / 1 877 679-7809