SAINTE-BRIGIDE-D’IBERVILLE — Originaires de la Suisse, les Bernhard sont installés à Sainte-Brigide-d’Iberville, en Montérégie, depuis 1979. Voilà trois générations que ces éleveurs de vaches laitières travaillent main dans la main.

Après de longues lignes droites et sous une pluie battante apparaît la Ferme Bernhard & Fils, isolée à deux kilomètres du centre de la municipalité de 1 330 âmes. D’un côté de la route se dresse la maison familiale ainsi que les entrepôts, puis de l’autre, la ferme laitière.

C’est en 1979 que les agriculteurs Elsbeth et Ernest Bernhard Sr, qui étaient locataires de leurs terres en Suisse, ont décidé de venir s’installer au Québec. Ils ont commencé avec 40 vaches, pour une production annuelle de 300 000 litres de lait, et 40 hectares (ha) de terres. « Nos parents parlaient un peu le français et des fermiers suisses étaient déjà établis ici. Cela a aidé. J’avais 14 ans à notre arrivée. Mon frère et moi avons travaillé à la ferme depuis notre plus jeune âge », se souvient Rudolf Bernhard, maintenant dans la soixantaine, qui a repris l’affaire en 1989 avec son frère Ernest.

Pour celui qui porte le même prénom que son père, le choix de leurs parents d’immigrer au Québec était logique, car « c’était, à l’époque, l’endroit au monde où il était possible et facile de s’installer, car des entreprises agricoles étaient à vendre pour des prix relativement abordables ».

En 2019, les fils d’Ernest Jr, Karl et Simon, âgés respectivement de 27 et 25 ans, les ont rejoints comme associés. Ils ont étudié en Gestion et technologies d’entreprise agricole au campus Macdonald de l’Université McGill.

Si chacun des quatre individus est capable d’effectuer toutes les tâches au quotidien, ils se répartissent les responsabilités pour plus d’efficacité. Ernest   prend ainsi en charge l’administration, l’approvisionnement et les productions végétales. Son frère Rudolf s’occupe de la gestion du troupeau, de la reproduction, des sabots et des équipements de l’étable. Quant aux deux plus jeunes, Karl gère l’alimentation des vaches et, parfois, les productions végétales, tandis que Simon surveille la santé du pis, la traite et l’entretien des équipements, tout en contribuant à la gestion du troupeau.

L’exploitation a grandi petit à petit en acquérant des quotas de lait et en agrandissant les installations, pour arriver à près de 1 million de litres de lait produit par année. « Pour nos expansions au niveau des terres, elles se sont faites avec les occasions qui se sont présentées, avec maintenant 500 ha », raconte Ernest.

Les défis de grandir 

Les expansions ont eu lieu en 1996 et en 2001 pour les infrastructures, avec des investissements majeurs comme des acquisitions de terres et la modernisation de l’équipement, de l’alimentation du troupeau et des pratiques culturales.

Les efforts financiers ont été mis, ces dernières années, sur la nourriture des animaux et son entreposage. Un bâtiment neuf pour le troupeau est d’ailleurs en cours de planification.

Une seule crainte tracasse les agriculteurs : celle qu’un jour, les prochaines générations n’aient plus les moyens financiers nécessaires pour investir et conserver la ferme, car les retours sur investissement, dans le monde agricole, se font sur de nombreuses années. Rudolf souligne que cela rend les transferts d’entreprises agricoles « plus difficiles », en plus des successions à régler et des taxes avec de « gros » chiffres. Chaque fois qu’Ernest et Rudolf prennent la décision d’investir, ils pensent au patrimoine qu’ils vont transmettre, mais aussi aux dettes. Ils font leurs choix en conséquence.

« Dans une ferme familiale, le plus important est de faire fonctionner correctement la famille. Sinon, rien ne va », recommande Ernest.

Les quatre hommes cultivent sur leurs terres majoritairement des céréales, et parfois, en rotation, des semences de blé de printemps, du soya ou du maïs-grain, en plus des fourrages pour leur troupeau. Ils travaillent beaucoup à forfait avec des contractants et possèdent un minimum de machinerie. Ils ont cependant encore leurs propres engins pour la pulvérisation et certains semis comme le maïs, pour le travail au sol, la phytoprotection ou encore la récolte du fourrage. « Dans les champs, nous travaillons beaucoup avec des machines équipées de GPS pour aller chercher la précision lorsque nous répandons des semences ou des fertilisants. Et pour les engrais, nous sommes souvent proches des 1 à 2 % de marge d’erreur. Avec le coût des intrants, il est très important d’investir dans la technologie pour réduire les dépenses », insiste Karl.

Le quatuor peut également compter sur un employé à temps plein depuis plus de 20 ans. Celui-ci gère principalement la maintenance des équipements de récolte du fourrage, comme la récolte d’ensilage du maïs.  

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