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SAINTE-ÉLIZABETH-DE-WARWICK — Jardiniers dans l’âme, Karine Lapointe et Mathieu St-Arnaud ont toujours cultivé un potager pour nourrir leur famille. Leurs légumes de qualité sont cependant vite devenus un secret mal gardé. Si bien que leurs verdurettes, leurs courges et autres délices de la terre se retrouvent maintenant sur plusieurs tables de leur région.
D’aussi loin qu’il se souvienne, Mathieu St-Arnaud a toujours aimé jouer dans la terre. Il a passé ses jeunes années à plonger à pleines mains dans les immenses jardins de ses grands-parents, à Saint-Louis-de-France, tout près de Trois-Rivières.
« À un moment, les fils se sont touchés dans ma tête. C’est ce que je voulais faire dans ma vie. Mes amis rêvaient tous d’aller vivre à Trois-Rivières. Moi, mes yeux étaient tournés vers la campagne », raconte le maraîcher, en jetant un regard sur ses serres et potagers construits au fil des ans derrière sa maison, dans la campagne de la région de Victoriaville.
À 44 ans, le père de quatre enfants vit son rêve. Avec sa conjointe, Karine Lapointe, rencontrée durant ses études à l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe, il peut enfin se consacrer à temps plein à la culture de légumes. Fini le temps où il devait travailler dans les fermes laitières des alentours ou passer l’hiver à faire du déménagement.
Aujourd’hui, le couple parvient à cultiver une variété de 40 légumes en quantité suffisante pour alimenter des marchés publics, des restaurants, des épiceries et son propre kiosque libre-service, en plus de remplir des paniers emplis chaque semaine de verdures, de tomates, de courges, de légumes racines et d’autres aliments pour ses clients réguliers.
Ce tour de force, les deux maraîchers l’accomplissent sur un peu plus d’un demi-hectare de serres et de champs. Leur recette? Une rotation des cultures réglée au quart de tour, une disposition étudiée des plantes voisines, un contrôle méticuleux des maladies et des insectes, ainsi qu’une gestion serrée des pertes, répondent-ils.
« Il faut connaître son marché. Par ici, les gens recherchent les légumes traditionnels : pommes de terre, haricots, pois mange-tout, courgettes, etc. », explique Mme Lapointe. « Mais parfois, on essaie des légumes. Parfois, ça fonctionne. Les rabioles, par exemple, sont devenues populaires. »
Patience et persévérance
Ce succès s’est bâti à force de patience, de persévérance et d’efforts familiaux.
C’est la Balade gourmande, organisée chaque automne par Tourisme Victoriaville et sa région, qui a donné l’idée à Karine Lapointe et Mathieu St-Arnaud de vendre les surplus des légumes qu’ils cultivaient dans leur potager pour nourrir leur nouvelle famille.
« On s’est alors mis à faire des petits projets avec les enfants. On leur donnait des responsabilités et on se partageait les sous », se souvient la mère de famille, qui partageait son temps entre l’éducation des enfants, l’entretien du potager et des contrats d’enseignement. « Je faisais des suivis de stages dans des mini-fermes et cela me donnait plein d’idées que j’essayais à la maison pour le plaisir. Tout s’est développé lentement avec les enfants », poursuit-elle.
Ces années d’expérimentation ont permis de confirmer non seulement l’intérêt autour d’eux pour leurs légumes, mais aussi de créer peu à peu leur réseau de vente. « Cela nous a permis de devenir bons sans subir de pression financière. L’idée n’était pas de faire de l’argent avec ça », affirme M. St-Arnaud.
Le réel coup de départ a retenti en 2017, après leur inscription officielle auprès du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. « On avait droit à des subventions pour se procurer de l’équipement, mais elles étaient réservées aux agriculteurs de moins de 40 ans. Comme nous avions 39 ans tous les deux, on s’est dit qu’il nous fallait accélérer un petit peu », raconte Mme Lapointe en s’esclaffant.
En effet, la croissance n’a pas tardé. Rapidement, le couple de maraîchers a dû réfléchir à déménager pour suffire à la demande. « Mais on est bien, ici. On aime notre communauté. On a donc décidé de tisser des liens forts pour louer des terres de façon durable, et d’en tirer le maximum. C’est notre façon de vivre à nous », conclut Mathieu St-Arnaud.
Le bon coup de l’entreprise
L’instauration d’un kiosque libre-service, il y a quatre ans, a permis de vendre les surplus et de limiter les pertes pendant la haute saison. Les clients réguliers et les touristes de passage peuvent s’arrêter devant les étals, choisir leurs légumes et laisser l’argent dans un panier. « C’est la façon la plus simple de vendre des légumes parce qu’il n’y a pas d’obligations de production, en comparaison avec les paniers », affirme Karine Lapointe. Par contre, le mot d’ordre est la patience. Cela prend beaucoup de temps avant qu’une habitude de passer par le maraîcher prenne racine. « La première année, on se disait qu’on serait contents si trois personnes par jour s’arrêtaient chez nous », admet Mathieu St-Arnaud. À son quatrième été d’existence, le kiosque a représenté 10 % des ventes en 2022. Les transactions sans caissier sont faites sous le signe de la confiance mutuelle. « Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des gens sont honnêtes », croit Mathieu St-Arnaud.
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S’attarder à faire mieux
Avant de procéder à une expansion, il est préférable d’optimiser d’abord la performance des cultures avec une même superficie. « On doit s’assurer de ne rater aucune culture des 40 légumes qu’on fait », dit Mathieu St-Arnaud. Cela permet d’éviter d’acheter des terres additionnelles, de recourir à de la main-d’œuvre supplémentaire, d’alourdir le fardeau financier et, en fin de compte, de créer une surcharge de travail fatale.
Connaître sa clientèle
Un maraîcher de proximité doit répondre à un besoin, et non chercher à créer une demande. « J’aimerais bien faire du fenouil, mais je sais que je n’en vendrai pas par ici. Je ne vais pas non plus cultiver un légume qui fait la force d’un autre maraîcher tout près. Pour faire ma place, je dois trouver ce que les gens cherchent et qu’ils ne trouvent pas près de chez eux », explique Karine Lapointe.
S’impliquer dans la communauté
Participer aux événements sportifs ou communautaires près de chez soi permet de nouer des relations avec une clientèle potentielle. « Cela permet de te faire connaître. Les gens te demandent alors si tu vends des légumes. Ces gens-là en parlent ensuite autour d’eux. Ce bouche-à-oreille permet de te faire connaître », souligne
M. St-Arnaud.
Fiche technique | |
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Nom de la ferme : | Les cultures St-Arnaud |
Spécialité : | Légumes biologiques |
Année de fondation : | 2017 |
Noms des propriétaires : | Karine Lapointe et Mathieu St-Arnaud |
Nombre de générations : | 1 |
Superficie en culture : | 0,65 hectare |
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[email protected] / 1 877 679-7809