Ma famille agricole 27 novembre 2023

Il passe d’infirmier à producteur agricole

SAINT-NARCISSE-DE-BEAURIVAGE — Il y a deux ans, Jean-Raphaël Breton a quitté un poste d’infirmier clinicien au CHUL de Québec pour prendre la relève de la ferme familiale fondée par son grand-père en 1992 et dans laquelle il a grandi. Jean-Raphaël parvient depuis à concilier la vie familiale avec celle de producteur agricole. Il est très heureux de son choix.

En 2018, Bruno Breton a fait l’achat de la ferme porcine exploitée depuis 26 ans par ses parents, Jean-Baptiste Breton et Julienne Loignon. Son épouse, Josée Labrecque, et lui ont alors demandé à leur fils Jean-Raphaël s’il accepterait de s’associer avec eux. « Mon père avait 54 ans et voulait impliquer la relève dans l’entreprise », raconte celui qui a saisi l’occasion de revenir à la ferme où il a grandi. 

Le fils, alors âgé de 25 ans, était infirmier clinicien dans un grand centre hospitalier de Québec. Avant de changer de carrière, il en a parlé à sa conjointe, Gabrielle Nadeau, une citadine native de Montréal et elle aussi infirmière. Elle a bien voulu le suivre dans cette aventure même si elle savait que cela exigerait beaucoup de résilience, de conciliation et de compromis. On a beau être habitués à des horaires de travail instables en milieu hospitalier, la vie dans une ferme est bien différente. Le couple ne s’est pas embarqué dans un projet de cette envergure à la légère. 

Le désir d’assurer la suite

Jean-Raphaël dit avoir accepté de relever le défi par amour de l’agriculture, mais aussi pour assurer une relève à la ferme, ses sœurs ayant déjà, elles aussi, des carrières à l’extérieur de l’entreprise et peu d’intérêt pour le faire. Il avait grandi dans cette ferme, tout comme son père avant lui, et souhaitait en assurer la pérennité. « L’agriculture était toujours restée dans mon cœur. J’ai été élevé là-dedans », affirme-t-il. Avant d’acheter la ferme actuelle, son grand-père avait lui-même grandi dans une ferme de subsistance. 

Comme son père avait deux frères qui auraient pu eux aussi avoir un intérêt à acheter la ferme, Jean-Raphaël a choisi la profession d’infirmier quand est venu le moment de faire un choix de carrière. « Je ne pensais pas revenir à la ferme », lance-t-il en riant. 

Ce représentant de la 3e génération a dû faire un retour aux études afin d’acquérir le savoir-faire nécessaire à son nouveau métier.

Certaines connaissances en santé que j’ai acquises comme infirmier me sont utiles à la ferme. 

Jean-Raphaël Breton

Comme Jean-Raphaël avait déjà une famille, l’idée d’aller ­étudier à l’ITAQ de La Pocatière lui souriait moins. Il a plutôt décidé de s’inscrire en Gestion et technologies d’entreprise agricole au cégep de Lévis, qui est plus près de chez lui. 

Des activités qui se diversifient

Avec 1 300 places-porcs, la ferme produit 3 300 porcs à forfait par année. Afin de diversifier ses activités, la famille Breton s’est lancée dans les grandes cultures en céréales biologiques à l’été 2023 sur une superficie de 78 hectares. « Cette année, on a produit du blé et de l’avoine, mais l’an prochain, on veut ajouter le soya et le seigle », souligne le producteur, qui a dû lui aussi s’adapter aux conditions météorologiques ­difficiles de la saison dernière. L’entreprise compte une porcherie et un garage.

Même si elle ne fait pas encore partie de l’entreprise, Gabrielle aide régulièrement aux travaux aux champs. Elle a même appris à conduire la machinerie agricole.

La production porcine reste au cœur des activités de la ferme. Photo : Gracieuseté de la Famille Breton

Les parents de Jean-Raphaël sont également propriétaires d’une autre ferme qui produit du porc et de la volaille. Leur fils prévoit intégrer cette entité éventuellement. Quant à sa propre relève, difficile de la prévoir. Elle pourrait, dit-il, provenir de ses neveux qui démontrent un certain intérêt pour le travail agricole. Jean-Raphaël et Gabrielle ont un enfant de 18 mois et un autre en cours de route.

Les Breton ont-ils des projets pour la ferme? « Notre principal projet, c’est celui du démarrage de la production de grandes cultures », selon Jean-Raphaël, qui a dû, avec son père, acheter de la nouvelle machinerie pour ­démarrer cette production.  

Le bon coup de l’entreprise

Comme projet de relève agricole, Jean-Raphaël avait le désir de diversifier les revenus de la Ferme Poupou afin d’en assurer la pérennité en cas de perte de leur client d’élevage de porc à forfait. Considérant la situation critique dans le secteur du porc ces dernières années, le moment du renouvellement du contrat de l’élevage à forfait était de plus en plus anxiogène. Afin de diminuer les conséquences du marché porcin sur l’entreprise, celui-ci a repris les terres agricoles précédemment louées à un voisin afin d’y produire de grandes cultures biologiques. Auparavant, la Ferme Poupou avait comme seul gagne-pain le revenu de l’élevage de porc à forfait et un revenu sur la location des terres agricoles.

Les grandes cultures permettent à la ferme de diversifier ses activités. Photo : Gracieuseté de la Famille Breton

3 conseils pour réussir un changement de carrière

Provoquer sa chance

Le premier conseil serait de provoquer sa chance. Ce n’est pas en restant passifs face à notre avenir que nous saisissons les chances qui nous sont offertes. C’est en posant des actions concrètes qu’on augmente nos chances de réussite.

Maintenir ses connaissances

Le second conseil serait de maintenir ses connaissances à jour. Le fait de prendre le temps d’effectuer des formations de mise à niveau de façon quotidienne nous permet de rester compétitifs dans le domaine agricole. « De nos jours, la technologie et les avancements dans le domaine agricole évoluent assez rapidement, et le fait de suivre son évolution nous permet d’être efficients dans nos techniques et méthodes agricoles », affirme Jean-Raphaël.

Bien s’entourer

Le meilleur conseil, en terminant, serait de ne pas hésiter à effectuer des recherches et à magasiner ses conseillers afin de s’assurer d’être entourés des meilleures ressources possibles. « En prenant le temps de nous assurer d’avoir de bonnes références et de bons conseillers, nous consolidons la fondation de notre projet, ce qui augmente également nos chances de réussite », dit-il.

L’infirmier a répondu à l’appel de ses parents lorsqu’est venu le temps de se porter acquéreurs de la ferme de son grand-père. Photo : Gracieuseté de la Famille Breton
Fiche technique 🐷
Nom de la ferme :

Ferme Poupou (clin d’œil au surnom d’enfance de Jean-Raphaël)

Spécialités :

Production porcine et grandes cultures

Année de fondation :

2018

Noms des propriétaires :

Bruno et Jean-Raphaël Breton

Nombre de générations :

3

Superficie en culture :

78 acres (32 hectares)

Cheptel :

1 300 têtes

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