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LES ÉBOULEMENTS – À la tête de la Ferme Éboulmontaise, dans Charlevoix, Gabrielle Cadieux-Gagnon n’a pas craint d’affronter l’adversité pour réaliser son rêve et poursuivre celui commencé par ses parents, 30 ans plus tôt. Aujourd’hui, cette jeune entrepreneure se démarque par la qualité de ses produits, qui font le bonheur des amateurs d’agneaux et de bien d’autres choses.
En 1990, les parents de Gabrielle, Lucie Cadieux et Vital Gagnon, ont acheté une vieille ferme laitière aux Éboulements afin d’y démarrer une production maraîchère. « Le projet de mon père, agronome de formation, qui enseignait alors à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA) de Saint-Hyacinthe, était surtout la culture maraîchère biologique. Pour engraisser ses sols, une production animale comme coproduction leur est alors apparue évidente. C’est l’élevage ovin qu’ils ont choisi, puisque les ancêtres aux Éboulements les élevaient, dans leur temps, pour le marché de la laine », raconte Gabrielle.
Né dans une ferme de subsistance, Vital voulait cultiver la terre dans ce village où ses parents avaient vécu. Native de Montréal et agroéconomiste de formation, Lucie a embrassé l’idée de se lancer dans cette aventure « incroyable et enrichissante ».
En 1995, quand Vital a pris sa retraite de l’enseignement, le couple a décidé d’agrandir le troupeau afin de suivre la demande à laquelle ils n’arrivaient pas à répondre. Cette demande provenait de partout au Québec. La réputation de l’entreprise avait même traversé les frontières. On parlait déjà beaucoup du savoureux agneau de Charlevoix et sa consommation était principalement réservée aux restaurants de niche et à certaines ethnies montréalaises, raconte Gabrielle.
« Les décisions de régie de troupeau ont toujours été prises en tout respect du territoire charlevoisien. C’est pourquoi il sera essentiellement nourri d’orge, d’avoine et de fourrages locaux. De plus, les animaux auront accès à l’extérieur selon leur cycle de production », dit-elle.
Une salle de découpe, un restaurant et des sentiers pédestres ont été aménagés en 2000. Puis, en 2013, Gabrielle est arrivée à la ferme avec l’idée d’une boutique gourmande offrant des repas simples servis sur place afin de faire rayonner « les trésors charlevoisiens », mais principalement les produits d’agneau que produisent ses parents. Les deux productions, maraîchère et ovine, ont été menées en parallèle jusqu’en 2018.
La première IGP
Autour de 1995, Lucie a commencé à travailler sur un projet qui lui tenait à cœur, soit de créer une IGP (indication géographique protégée) pour la viande d’agneau, la première en Amérique du Nord. C’est ainsi qu’est née l’appellation Agneau de Charlevoix au tournant de 2009. La ferme a produit sous cette appellation jusqu’en 2014. Son arrêt, après cinq ans, se voulait « une protestation face au gouvernement qui ne protège pas suffisamment les appellations et qui ne saisit pas l’importance du terroir dans la force d’un territoire », souligne Gabrielle.
Au fil des ans, une série d’embûches a obscurci le projet de Vital et Lucie. En 2016, ils ont décidé de passer à autre chose et de remettre leurs immeubles et cheptels, qui étaient alors pris en garantie par leurs principaux créanciers.
Au terme d’une longue procédure, c’est en 2018 que Gabrielle a décidé de se consacrer pleinement à l’agriculture, réussissant à obtenir le financement nécessaire pour garder l’entreprise. Depuis, la jeune mère a rebâti l’image de marque de l’entreprise et est parvenue à relancer la ferme en y ajoutant du porc, du lapin et un peu de volaille, permettant de garnir une boutique où l’on peut, encore aujourd’hui, se procurer de la viande d’élevage, des plats cuisinés et des légumes frais.
Gabrielle, qui n’avait pas du tout envisagé, étant jeune, de reprendre l’entreprise familiale, est maintenant convaincue que c’est la plus belle décision qu’elle ait prise. Son conjoint, Guillaume Jalbert, et elle ont trois garçons : Émile, 8 ans, Laurent, 6 ans, et Jules, 4 ans.
Pour l’avenir, Gabrielle veut continuer de produire à une échelle artisanale et à offrir la meilleure qualité possible. Elle souhaite continuer d’assurer l’ouverture de sa boutique 363 jours par année avec, à l’intérieur, le meilleur des ingrédients pour un repas gourmand bien réussi.
Elle pense aussi à ouvrir un genre d’économusée de l’agriculture paysanne, témoin du chemin parcouru par ses parents « qui la rend fière de porter leur nom », conclut la jeune productrice qui n’est jamais à court de projets.
Le bon coup de l’entreprise
Selon Gabrielle Cadieux-Gagnon, le bon coup de l’entreprise a été de se diversifier au fil des ans. Le fait de proposer un plus grand éventail de produits et de services à la population, tels que des viandes de qualité supérieure (agneau, porc, lapin et volaille) ainsi que des mets cuisinés, a permis de fidéliser davantage la clientèle. Les gens de Charlevoix et de partout au Québec reviennent pour découvrir de nouvelles saveurs ou pour retrouver leurs produits coups de cœur qui ont fait la renommée de l’entreprise.
3 conseils pour faire face aux obstacles
Créer des liens
Pour réussir et durer, il est important, selon Gabrielle, de créer des liens durables avec la communauté et les collaborateurs. « On ne peut pas tout faire et exceller dans chaque domaine. C’est pourquoi il est essentiel d’avoir autour de nous des gens prêts à nous donner un coup de main », dit-elle. Il faut rester ouverts à toutes les occasions qui se présentent. « Beaucoup de gens ont envie de faire de l’agriculture et leurs projets peuvent se coller à nos projets », suggère l’agricultrice.
Demander de l’aide
Il ne faut pas craindre de demander de l’aide quand on en a besoin, croit la productrice. C’est le meilleur moyen d’éviter certaines erreurs et d’apporter des solutions à des problèmes qui, autrement, auraient mis plus de temps à se résoudre. Beaucoup de gens sont heureux de partager leur savoir-faire et leurs connaissances.
Rester honnête
Rester honnête et authentique avec la clientèle dans tout ce que l’on fait est une autre clé. Même quand l’entreprise traverse des moments difficiles, il ne faut pas le cacher. C’est une simple question de transparence, estime Gabrielle. Les gens peuvent alors mieux comprendre la situation et resteront fidèles. « Certains de nos clients ou leurs enfants sont toujours avec nous 34 ans plus tard », dit celle pour qui l’honnêteté est la meilleure façon de renforcer les liens.
Fiche technique 🐐 | |
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Nom de la ferme : | Ferme Éboulmontaise |
Spécialités : | Élevages ovin, porcin et cunicole |
Année de fondation : | 1990 |
Noms des propriétaires : | Gabrielle Cadieux-Gagnon et Guillaume Jalbert |
Nombre de générations : | 2 |
Superficie en culture : | 24 ha |
Cheptel : | 90 brebis, 6 truies et 15 lapines |
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