Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
SAINT-JOSEPH-DE-BEAUCE — Quand Michel Vachon et ses proches ont fondé Les Élevages Westmount en 2015, ils ne connaissaient pas grand-chose au monde agricole. Ceux qui font partie des rares éleveurs de boeuf Wagyu au Québec ont rapidement eu la piqûre et se retrouvent aujourd’hui à la tête d’une entreprise qui a le vent dans les voiles.
Fiche technique Nom de la ferme Spécialité Année de fondation Noms des propriétaires Nombre de générations Cheptel |
C’est un peu par hasard si Michel Vachon est devenu producteur agricole. Entrepreneur dans l’âme, il a été tour à tour propriétaire d’une boucherie, d’une firme de distribution de fromages puis de dépanneurs. Il a eu l’occasion d’acheter avec des partenaires un troupeau de 30 vaches croisées Angus-Simental. C’est ainsi que l’aventure des Élevages Westmount a commencé en 2015. « Deux ans plus tard, on a effectué un changement de cap majeur. Pour que l’entreprise soit rentable, il aurait fallu avoir un plus gros troupeau. On a alors décidé de se lancer dans l’élevage de bœuf Wagyu », raconte Michel Vachon, qui est désormais associé avec sa conjointe Isabelle Giroux, sa soeur Lucie Vachon et son beau-frère Harold Lessard.
La race Wagyu, d’origine japonaise, est reconnue pour sa viande de grande qualité, persillée de gras et au goût de beurre. Très rare sur le marché, elle est surtout vendue pour la restauration. Grâce à l’arrivée de nouveaux joueurs, elle se démocratise, étant dorénavant vendue dans un nombre croissant de points de vente.
Un cheptel à constituer
Il fallait avoir de la vision pour démarrer un élevage de bœuf Wagyu. Et de la patience. En effet, comme cette race de bœuf est rare, il est très difficile d’acheter un troupeau de plusieurs têtes. Pour constituer son cheptel, la famille Vachon a procédé par récolte d’embryons. « Dans ce domaine, on avait tout à apprendre. Heureusement, on a pu compter sur l’expertise du producteur qui nous a vendu la ferme, Serge Maheux. Sans lui, on n’y serait pas arrivé. Sauf pour quelques vaches que l’on a achetées, notre cheptel, qui compte aujourd’hui quelque 180 têtes, est constitué de bébés qui ont été conçus à la ferme », explique avec fierté Michel Vachon.
Trouver du financement pour démarrer cet élevage n’était pas gagné d’avance. « Les financiers nous ont regardés comme si on était des extraterrestres quand on leur a présenté notre projet. On n’avait aucun revenu à l’époque. Entre la période de gestation et d’engraissement, il fallait attendre plus de deux ans avant de commencer à vendre de la viande. Heureusement, nos états financiers prévisionnels étaient solides. Alors que la valeur d’une vache à bœuf se situe entre 1 500 $ et 2 500 $, celle d’un bœuf Wagyu varie entre 10 000 $ à 25 000 $ », raconte Isabelle Giroux.
Des projets à la pelle
Depuis l’été dernier, la famille a atteint son objectif d’abattre un bœuf par semaine. « D’ici 2023, on vise à en avoir quelque 70 sur une base annuelle. Cela nous permettra de répondre à la demande qui est croissante », soutient Michel Vachon.
En plus de la boutique à la ferme, les produits de l’entreprise sont distribués dans quatre points de vente en Beauce et plusieurs autres s’ajouteront bientôt. La distribution dans les restaurants est amorcée. Un projet de vente en ligne est aussi dans les cartons.
Les associés aimeraient également que leur ferme devienne une destination agrotouristique. « Les gens qui viennent à la boutique demandent à voir et flatter les animaux. On aimerait leur faire vivre une expérience de visite à la ferme », explique Isabelle Giroux.
Du quatuor, seul Michel Vachon travaille à temps plein pour l’entreprise. Néanmoins, vu la croissance rapide, cela devient de plus en plus difficile pour les autres de cumuler leur emploi avec leurs responsabilités à la ferme. Des décisions seront à prendre éventuellement. « Notre force, c’est notre complémentarité. On a chacun nos tâches selon nos intérêts et nos compétences », explique Michel Vachon, qui s’occupe de la production bovine avec sa sœur Lucie alors que son beau-frère est chargé des animaux aux pacages et de la machinerie. Quant à Isabelle Giroux, qui travaille comme comptable dans un cabinet, elle est responsable de l’administration et du marketing de la ferme.
Les enfants des associés manifestent un intérêt pour prendre le relais. « On est une entreprise de première génération, mais ce ne sera pas la dernière », lance fièrement Michel Vachon.
Le bon coup de l’entreprise La pandémie a forcé les copropriétaires à revoir leur plan d’affaires. Du jour au lendemain, l’entreprise s’est vue privée de son marché principal, soit les restaurants. « On s’est viré sur un dix cents pour mettre sur pied notre boutique de vente à la ferme, explique Isabelle Giroux. On a misé sur les réseaux sociaux pour se faire connaître. On a créé une page Facebook qui compte aujourd’hui plus de 2 000 abonnés. Le bouche-à-oreille a fait le reste. En quelques semaines, l’affluence a augmenté à tel point que les gens faisaient la file à l’extérieur pour acheter nos produits. La pandémie nous a déstabilisés, mais on a su s’adapter en ouvrant un canal de distribution qui n’était pas prévu au départ. » La réputation des Élevages Westmount dépasse les frontières de la région. Les clients viennent parfois d’aussi loin que Montréal ou le Bas-Saint-Laurent pour acheter le fameux bœuf Wagyu.
|
Équipement techno
Lors de la construction de leur nouvelle étable en 2019, les associés ont opté pour le système Agrimesh de Ventec. Cette technologie basée sur l’intelligence artificielle analyse et contrôle les conditions climatiques à l’intérieur du bâtiment. « Les Wagyu sont des animaux très fragiles. À la naissance, les veaux pèsent entre 35 et 40 livres, précise Michel Vachon. On voulait une bâtisse à la température constante et bien ventilée. La technologie nous permet également de contrôler à distance différents équipements, même la température des congélateurs dans la boutique, qui sont munis de sondes reliées au système. »
Sylvie Lemieux, collaboration spéciale