Ma famille agricole 30 janvier 2024

Agriculteurs depuis 1659

SAINTE-ANNE-DES-PLAINES — L’amour de la terre, des animaux et du public se manifeste facilement chez les Charbonneau lorsqu’on s’entretient avec eux. En tant qu’héritiers d’un savoir-faire plus que trois fois centenaire, les propriétaires de la Ferme Vachalê, Mathieu, Luc et Julie Charbonneau, garantissent la pérennité de l’entreprise depuis 2008.

Descendants d’Olivier Charbonneau, les éleveurs laitiers Mathieu, Luc et Julie Charbonneau poursuivent ce que leur ancêtre a entamé en 1659 lorsqu’il a embarqué sur le Saint-André, au port de La Rochelle, en compagnie de sa femme et de sa fille, en direction de la Nouvelle-France.

Plus de 360 ans plus tard, cette aventure se perpétue dans la municipalité de Sainte-Anne-des-Plaines, dans les Laurentides, où les propriétaires de la ferme Vachalê et de la marque de commerce Lait Charbonneau ont mille et une idées pour transporter cette tradition agricole vers de nouveaux ­horizons. Bien entendu, leur projet phare du moment est la mise en marché de leurs produits laitiers dans leur toute nouvelle boutique, mais le perfectionnement de leurs techniques de culture et d’élevage n’est pas négligé pour autant.

Ils poursuivent ainsi le travail amorcé en 1962 sur cette terre anneplainoise par leur grand-père Jean-Louis et ses cinq fils. Il convient de rappeler que cinq ans auparavant, ce producteur avait subi l’expropriation de sa ferme de Sainte-Thérèse en raison de la construction de l’autoroute 15.

Présentement, le réservoir à lait de la ferme est vidé tous les deux jours, mais Mathieu Charbonneau espère pouvoir le vider tous les jours dans un avenir rapproché. Photo : Simon Martel

De maraîcher à producteur laitier

« Mon grand-père Jean-Louis était maraîcher à Sainte-Thérèse. Je pense qu’il était la 6e génération à exploiter la ferme. Après avoir été exproprié, il visitait régulièrement des fermes en vente. Cependant, dans les années 1950, emprunter n’était pas bien vu et le montant qui lui avait été accordé pour l’expropriation était dérisoire. Il a quand même réussi à mettre la main sur une ferme, mais c’était la terre la plus pauvre de Sainte-Anne. Au fil du temps, il a réussi à la remonter », explique Luc Charbonneau.

Pensant d’abord cultiver des fraises, Jean-Louis Charbonneau s’est finalement lancé dans la production laitière, ce qui, selon son petit-fils Luc, était la solution la plus simple. À partir de 1972, le fondateur de la Ferme Vachalê a diversifié ses activités en achetant le lait de son voisin. « Il s’est donc mis à embouteiller du lait, un peu comme on le fait en ce moment. Il avait un camion et tous les deux jours, il faisait sa tournée, jusqu’à ce qu’on interdise la vente directe de lait non pasteurisé », indique son petit-fils.

À partir des années 1980, la famille Charbonneau s’est tournée vers l’utilisation de la RTM (ration totale mélangée), permettant d’augmenter la production laitière de ses vaches. Selon Daniel Charbonneau, le père de Luc, de Mathieu et de Julie, la RTM n’était pas du tout répandue au Québec à cette époque. Il s’agissait ni plus ni moins d’une innovation dans le domaine.

Avant que je vende, en 2008, on tirait 80 vaches. Puis là, ils tirent 160 vaches. Les jeunes ont doublé ça!

Daniel Charbonneau

D’une visée internationale à des préoccupations plus locales

C’est également au cours de cette décennie que la famille, et surtout Guy Charbonneau, l’un des oncles des propriétaires actuels, s’est lancée dans les expositions, remportant des prix et se consacrant à la vente d’animaux.

« Il y a eu beaucoup de fermes qui se sont développées avec des vaches provenant de chez nous parce que la génétique était meilleure. Mon oncle Guy était un kingpin en génétique », explique Luc. Guy Charbonneau a également parcouru plusieurs régions du monde pour vendre des embryons, notamment en Europe, en Amérique du Sud, au Maghreb et au Japon.

Pour les années à venir, les trois propriétaires, qui ont racheté l’entreprise de leur père Daniel en 2008, souhaitent maximiser le confort de leurs vaches en leur garantissant des installations qui leur permettraient de marcher davantage.

« Nous voulons que les vaches puissent aller à l’extérieur. Nous souhaitons que les gens puissent voir les vaches et que cela fasse partie de leur expérience lors de la visite de la laiterie. Notre but est d’investir les gains apportés par la laiterie dans l’amélioration des conditions de vie de nos vaches », explique Mathieu Charbonneau.  

Le bon coup de l’entreprise

« Ce qui nous distingue des autres, c’est que nous essayons autant que possible de travailler en agroenvironnement. Nous avons planté des kilomètres de haies brise-vent, nous pratiquons la culture intercalaire et plusieurs de nos champs sont en couverture de culture. Cela fait plus de 20 ans que nous pratiquons le semis direct, ce qui nous permet également d’économiser beaucoup de travail », raconte Mathieu. « Tout cela a également contribué à réduire la quantité d’engrais que nous utilisons dans les champs et à considérablement diminuer nos besoins en pesticides », explique Luc. Les Charbonneau réussissent donc, grâce à des techniques peu coûteuses en temps et en ressources, à nourrir leur troupeau tout en minimisant les effets négatifs sur la nature. 

Cette étable a été spécialement conçue pour les vaches en attente d’un veau. Dans un avenir proche, les Charbonneau espèrent que toutes leurs vaches pourront bénéficier de la même liberté que celles-ci. Photo : Simon Martel

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Déterminer les rôles

« Il est important de délimiter clairement les responsabilités de chacun. Luc s’occupe des champs et de la mécanique, Julie prend en charge le troupeau, Mathieu s’occupe des gros projets et de la gestion des employés. Jocelyne et moi gérons la laiterie. Cela évite de faire un travail en double, et chacun peut développer son expertise sans se gêner mutuellement », explique Marie-Andrée Raiche, conjointe de Mathieu et cogestionnaire de la laiterie.

Communiquer

« C’est certain qu’il faut prendre le temps de le faire. Nous n’avons pas toujours l’occasion de nous asseoir ensemble et de discuter de nos nouveaux projets ou idées, mais plus nous le faisons, plus nous communiquons, moins il y a de risques de malentendus », indique Marie-Andrée.

Avoir une vision commune de l’entreprise

« Quand tout le monde partage ses idées sur l’entreprise et que nous sommes tous clairs dans nos attentes, il est plus facile de comprendre la direction que prendra ­l’entreprise et finalement de s’aligner sur celle-ci », explique Mathieu Charbonneau.

Pour améliorer la qualité de leur sol et par souci de protéger la biodiversité, les Charbonneau ont entre autres planté, au cours des années, des kilomètres de haies brise-vent. Photo : Gracieuseté de la famille Charbonneau
Fiche technique
Nom de la ferme :

Ferme Vachalê

Spécialités :

Production et transformation laitière, puis grandes cultures

Année de fondation :

1962

Noms des propriétaires :

Mathieu, Luc et Julie Charbonneau

Nombre de générations :

12

Superficie en culture :

30 ha de fourrages, 70 ha de céréales, 120 ha de maïs et 85 ha de soya

Cheptel :

330 vaches dont 160 en lactation

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