Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
BEAUPORT – La Nouvelle-France ne compte que 3 000 colons lorsque Pierre Marcoux fonde sa ferme à Beauport en 1662. Plus de 360 ans plus tard, sa descendance de 12e génération s’apprête à poursuivre son œuvre : faire pousser des légumes pour les gens de Québec.
Comme sa mère France avant elle, Laurie Bégin n’a jamais songé à faire autre chose que de cultiver la terre dans sa vie. Ce n’est pas une question de vocation, assure-t-elle, même si elle suit les traces de son illustre ancêtre et de tous ceux qui ont perpétué la tradition agricole de la famille Marcoux au fil des générations.
« J’ai trop besoin de l’adrénaline que procure l’agriculture pour m’imaginer passer ma vie derrière un bureau », ajoute celle qui, en principe, prendra d’ici la fin de l’année les rênes de la vénérable ferme aujourd’hui entourée de quartiers résidentiels.
Orphelin et sans-le-sou, son aïeul Pierre Marcoux serait arrivé à Québec en 1652 à l’âge de 21 ans, selon le site généalogique Nosorigines.qc.ca. Après quelques années comme maçon, il a obtenu une première concession de terre du seigneur Robert Giffard, en 1655, puis une seconde, en 1658. Il a bâti sa ferme quatre ans plus tard après avoir épousé la jeune Marthe de Rainville, en janvier 1662. Ils ont élevé ensemble une famille de 11 enfants.
Déménagement obligé
La ferme actuelle, baptisée Le Potager France Marcoux, n’est toutefois pas située sur la terre ancestrale. « Le lopin original n’était pas assez grand. C’est mon grand-père qui a acheté la terre où nous sommes actuellement, raconte la mère de Laurie. Mais l’essentiel de notre production est maintenant cultivé sur une grande terre que mon père a achetée sur l’île d’Orléans dans les années 1970. »
Comme sa fille, France Marcoux n’a jamais ressenti le poids des générations précédentes sur ses épaules. C’est en toute liberté, dit-elle, qu’elle a grandi en suivant son père Roger et sa mère Alexina dans les champs pour les plantations et les récoltes, ainsi que dans les marchés publics de Québec. L’achat de la ferme, en 2008, était pour elle la suite naturelle des choses.
Par manque de temps et de main-d’œuvre, Mme Marcoux a rapidement remplacé la vente dans les marchés publics par un service de paniers de légumes. C’est pour répondre à la demande de ces clients réguliers qu’elle a entrepris, il y a six ans, un virage vers l’agriculture biologique.
« On n’a vu que du positif dans ce changement », affirme-t-elle, en soulignant une augmentation des ventes, la fidélisation de la clientèle et l’absence de pesticides nocifs pour la santé des travailleurs.
« C’est sûr qu’on la trouve moins drôle, la culture biologique, par les temps qui courent. Tout est extrêmement plus cher, comme dans l’agriculture conventionnelle, concède Laurie Bégin. Mais on ne reviendrait pas en arrière, d’autant plus que les clients nous répètent qu’on a fait le bon choix. »
Poursuite de l’histoire
La famille Marcoux cultive d’ailleurs précieusement cette relation de proximité avec sa clientèle.
« C’est là qu’on s’aperçoit de la longue histoire agricole de la famille dans la région. Nous avons des clients qui nous suivent depuis plus de 30 ans. Ils s’informent de la santé de mes parents et de mes anciens employés. Nous avons vu des couples se former, fonder une famille et venir nous voir maintenant avec leurs adolescents », s’exclame Mme Marcoux.
Et que ressent la mère devant la décision de sa fille de poursuivre cette histoire de famille? « Beaucoup de plaisir, admet-elle. Je suis fière d’avoir su transmettre la passion de la ferme. »
Fait maison
De manière traditionnelle, le séchage de l’ail se fait en le suspendant à une corde ou en l’étalant sur une table. En collaboration avec les spécialistes du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, la famille a conçu un séchoir pour optimiser le rendement, explique Laurie Bégin. Installé dans le garage, le nouvel appareil souffle des jets d’air à travers les caisses pour extraire l’humidité des plantes le plus rapidement possible. Résultat : une diminution de la maladie et un nettoyage plus facile. « L’ail se conserve également beaucoup plus longtemps depuis qu’on a instauré cette méthode », ajoute-t-elle.
3 conseils pour…un virage réussi vers la culture biologique
S’appuyer sur un conseiller fiable
L’agriculture biologique exige une révision des techniques apprises à l’école, admettent les deux femmes. Ce défi nécessite l’appui d’un conseiller compétent dans ce genre de cultures. « Notre agronome nous pousse dans cette direction. Il fait la tournée des champs et il s’occupe de la recherche pour trouver les solutions nécessaires. C’est un gros poids enlevé de nos épaules », affirme Laurie Bégin.
Choisir les bonnes variétés
Il n’est pas facile de trouver les semences biologiques de légumes capables de résister aux maladies et aux insectes, reconnaît France Marcoux. « Après six ans de travail, on commence à trouver les belles variétés qui offrent la qualité et la grosseur désirées. Nous avons même commencé à faire nos propres semences. »
Ne pas négliger l’engrais vert
Un bon engrais vert permet de diminuer le coût des intrants, de contrôler les mauvaises herbes et d’augmenter la fertilité du sol, rappelle Laurie Bégin. « C’était un point qu’on avait mis de côté. Mais en assistant à des conférences horticoles, on a compris l’importance de l’engrais vert et de bonnes rotations de cultures. Cela procure au sol une banque d’azote pour l’année suivante. »
Fiche technique | |
---|---|
Nom de la ferme | Potager France Marcoux |
Spécialité | Culture maraîchère |
Année de fondation | 1662 |
Nom du propriétaire | France Marcoux |
Nombre de générations | 12 |
Superficie en culture | 5 hectares |
Avez-vous une famille à suggérer?
[email protected] | 1 877 679-7809
Ce portrait de famille agricole est présenté par