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Frappés par une crise sans précédent au début des années 1960, les producteurs d’œufs québécois ont vite réalisé que leur sort résidait en la création d’une fédération capable de représenter leurs intérêts.
Soumis aux règles arbitraires dictées par le libre marché qui les privent de l’important marché montréalais, des producteurs québécois comprennent au début des années 1960 qu’ils doivent organiser différemment leur industrie. La solution qu’ils retiennent passe par un contrôle de la production et de la vente.
C’est toutefois le gouvernement de Jean Lesage qui, à la suite des pressions de l’Union catholique des cultivateurs (l’UCC, devenue l’UPA par la suite), amende cette loi à trois reprises, entre 1961 et 1965, pour procurer un cadre légal et de véritables pouvoirs aux syndicats spécialisés. Ceux-ci, à titre d’offices de producteurs, se voyaient confier le pouvoir de contrôler la production et la vente.
Les producteurs d’œufs ne tardent pas à se prévaloir de ces nouveaux droits. Aidés de l’UCC et de ses fédérations, ils se regroupent dans un premier temps dans neuf syndicats : Nicolet, Québec-Est-Nord-Ouest, Saguenay, Sherbrooke, Trois-Rivières, Rimouski, Québec-Sud, Saint-Hyacinthe et Valleyfield.
Puis, le 13 novembre 1964, réunis à Drummondville, une centaine de producteurs créent la Fédération des producteurs d’œufs de consommation du Québec. Un premier pas est alors franchi vers la gestion de l’offre. Leur industrie se trouve alors frappée par une chute sans précédent des prix. Les œufs se vendent alors aux mêmes coûts qu’à l’époque de la Grande Dépression des années 1930. S’ils veulent vivre de leur production, comprennent-ils, ils doivent se prendre en main.
« Pas un problème agricole n’a été solutionné sans les cultivateurs », leur rappelle à ce propos le président général de l’UCC, Lionel Sorel, ce soir-là.
Dès le 25 novembre 1964, Ovila Lebel, producteur de Saint-Félix-de-Kingsey et président du Syndicat de Nicolet, est élu à la tête de l’organisation. Fin stratège, il jouera un rôle crucial dans les luttes à venir jusqu’à sa retraite en 1982. Avec le premier comité exécutif, il commande rapidement les études nécessaires à la rédaction du premier plan conjoint de l’histoire du Québec.
Durant toute l’année 1965, les administrateurs et membres des divers syndicats régionaux parcourent la province afin de rencontrer les producteurs et les convaincre que s’ils ne travaillent pas ensemble, la production d’œufs au Québec est vouée à disparaître.
Autrement dit, répètent-ils, ne pas s’organiser, c’est se faire organiser.