Partenaire de La Terre 17 janvier 2025

Les méthodes culturales de la canneberge

Il faut trois ans après l’implantation des plants de canneberges pour obtenir une première récolte, et la maturité des champs est atteinte après cinq ans. Plante ligneuse et rampante, la canneberge développe des tiges qui forment des bourgeons à la fin de l’été pour l’année suivante, d’où la nécessité de les protéger à l’hiver et au printemps.

Il s’avère donc essentiel de bien protéger les plants du froid hivernal.  Dès la mi-décembre, les champs sont inondés afin de recouvrir les plants d’une couche de glace d’environ 6 po, ce qui les protège du froid et des cycles de gel et de dégel. Tous les trois ou quatre ans, les producteurs pratiquent le sablage, qui consiste à épandre une fine couche de sable sur les champs. À la fonte des neiges, ce sable enrichit le sol et aide à contrôler les mauvaises herbes et les insectes. Cette pratique se déroule généralement entre janvier et mars. Des modèles de sableuses sont fabriqués spécifiquement pour ce genre d’opérations.

Les champs de canneberges, de plus en plus situés sur des sols sableux, nécessitent une attention particulière en matière d’irrigation et de récolte. Contrairement à la croyance populaire, les canneberges ne poussent pas sous l’eau. Elles sont cultivées dans des champs qui sont inondés au moment de la récolte. En régie biologique, des champs peuvent aussi être inondés au printemps comme moyen de lutte contre les ravageurs.

Lorsqu’un champ est inondé, les canneberges, pourvues de petites poches d’air nommées alvéoles, flottent et se retrouvent à l’une des extrémités de celui-ci. Avec l’aide d’estacades, elles sont ramenées à proximité de la pompe à fruits, où elles sont aspirées et transvidées dans un camion qui les amène au centre de lavage, puis au centre de congélation. 

Le système à ressorts mécaniques Gate Harrow réduit de manière significative les composants hydrauliques, éliminant ainsi pratiquement tout risque de contamination. 

De l’origine à nos jours

L’entreprise familiale Les Atocas du Québec est une pionnière dans la culture des canneberges au Québec. Fondée en 1939 par Edgar Larocque, cette dernière continue de prospérer. Son petit-fils, Louis-Michel, dirige l’entreprise depuis 1985. Ayant observé de nombreuses évolutions, il témoigne des changements qui ont marqué cette industrie au fil des ans.

« La première grande innovation a été l’installation d’un système d’irrigation », raconte-t-il. À l’époque, cette technologie était révolutionnaire pour la culture des canneberges, car elle permettait de protéger le fruit contre le gel. Pour Louis-Michel Larocque, l’irrigation reste, encore aujourd’hui, l’élément clé du succès dans cette culture.

Un bon système d’irrigation est l’équipement le plus important pour la réussite de la production.

Louis-Michel Larocque

Dans les années 1970, le manque d’équipements spécialisés au Québec a poussé la famille Larocque à se tourner vers le Wisconsin, aux États-Unis, pour acheter des machines adaptées. « Cette période marque le début de la modernisation des équipements », explique-t-il. Les machines importées des États-Unis ont servi de base pour développer des équipements conçus pour les conditions québécoises.

L’introduction de nouvelles batteuses dans les champs a marqué un tournant décisif. « Avant, on devait marcher derrière et elles étaient difficiles à manipuler. Là, on était assis dessus pour décrocher les fruits », se souvient Louis-Michel. Ces nouvelles machines ont permis de gagner du temps et d’augmenter la production, marquant un grand progrès pour l’entreprise.

Une autre avancée importante est survenue à la fin des années 1990 avec l’apparition des rampes d’épandage. Celles-ci permettent d’épandre les engrais à partir de la digue, évitant d’écraser les fruits dans les champs. Cette innovation a amélioré l’efficacité et la qualité des récoltes, tout en réduisant les pertes.

En 1985, lorsque Louis-Michel a pris la direction de l’exploitation, le processus de tri des canneberges était encore long et laborieux au centre de conditionnement annexé à la ferme : « On classait 60 000 livres de fruits dans un quart de 8 à 10 heures. Maintenant, on fait ça dans une heure », dit-il. Les progrès technologiques ont ainsi permis de réduire considérablement le temps de travail et d’améliorer la productivité. « Bref, ce qu’on faisait en une journée, ça prend une heure aujourd’hui », résume-t-il.

Toujours à la recherche d’innovations, les fermes de canneberges du Québec continuent de se démarquer par leur capacité à intégrer des équipements modernes et à optimiser leurs méthodes de production. « On a toujours été proactifs avec les équipements », conclut Louis-Michel Larocque, qui a aussi été président de l’Association des producteurs de canneberges du Québec pendant six ans. 

Ocean Spray

En 1958, Les Atocas du Québec ont rejoint Ocean Spray, une coopérative agricole internationale regroupant plus de 700 producteurs de canneberges du Canada, des États-Unis et du Chili. Cette adhésion a offert des avantages importants en matière de transformation et de mise en marché. Charles Larocque, père de Louis-Michel, a été l’un des premiers Canadiens à siéger au conseil d’administration d’Ocean Spray, contribuant ainsi à la visibilité et au développement de l’entreprise. Aujourd’hui, près d’une vingtaine de producteurs du Québec font partie de la Coopérative Ocean Spray et y vendent leurs fruits. Installée à Manseau, en bordure de l’autoroute 20, l’entreprise y transforme une partie de la récolte du Québec.


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