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Autrefois dominée par des méthodes manuelles, la culture de la canneberge a connu une véritable révolution avec l’arrivée de procédés modernisés et automatisés. Ces équipements, allant des planteuses aux rampes pour les épandages, en passant par les sableuses sur glace, sont adaptés aux besoins des producteurs, et ce, pour les quatre saisons.
L’évolution dans la machinerie, les équipements et les instruments a été soutenue par des manufacturiers visionnaires et soucieux de répondre aux besoins de cette nouvelle culture au Québec. « Au début, il n’y avait pas de fabricant au Québec; tout venait des États-Unis », souligne Michel Labonté, directeur d’usine chez Machinerie Dubois, à l’emploi de cette dernière depuis plus de 20 ans. Les équipements spécialisés pour la culture de la canneberge provenaient des États producteurs qui cultivaient la canneberge depuis plus de 150 ans. C’est ainsi que le petit groupe de producteurs de l’époque organisait des voyages au Massachusetts et au Wisconsin pour aller s’inspirer de ce qui se fabriquait là-bas.
Au fil des années, les manufacturiers ont très bien réussi à adapter la machinerie et les équipements aux conditions de culture du Québec. « Des entreprises manufacturières et de services sont carrément nées ou ont vu leur chiffre d’affaires augmenter avec la percée de la culture, particulièrement dans la région du Centre-du-Québec, où on retrouve une concentration de cannebergières », mentionne le président de l’APCQ, Vincent Godin.
Ces manufacturiers et équipementiers ont travaillé conjointement avec les producteurs de canneberges, pour pousser plus loin la performance des équipements en incorporant progressivement des technologies avancées et remplacer les systèmes purement mécaniques par des ajouts électroniques. Par conséquent, le temps d’exécution du travail réduit exige aussi moins de main-d’œuvre.
Au fil des années, la technologie d’irrigation pour les producteurs de canneberges a connu des progrès majeurs, transformant la manière dont ils gèrent leurs cultures, en particulier face aux risques liés au gel. Cette évolution a amélioré non seulement la productivité, mais également la qualité de vie des producteurs.
Des tensiomètres se perfectionnent afin de devenir plus simples d’utilisation. Les tours et relais de communication disparaissent pour faire place à des stations autonomes en champ. Les producteurs accèdent aussi plus facilement à leurs données par une application mobile. Les nouvelles technologies sans fil permettent de surveiller en temps réel les variations de température dans toute la ferme. L’automatisation des systèmes d’irrigation a aussi particulièrement simplifié la gestion du gel, surtout pour les grandes exploitations devant contrôler plusieurs moteurs simultanément.
Moins d’eau, plus de rendement
L’agriculture de précision s’est invitée au cours de la dernière décennie dans la culture des canneberges. Fruits de différentes recherches, des améliorations ont été apportées à la gestion de l’eau et à l’irrigation des champs. Résultats : les quantités d’eau nécessaires ont diminué jusqu’à six fois et les rendements ont bondi de 25 % à 30 %. « La canneberge est une des cultures où il y a eu le plus de recherches en gestion de l’eau », relève Caroline Letendre, directrice des ventes au Canada chez Hortau, une entreprise spécialisée en gestion de l’irrigation pour différentes cultures.
La PME, ainsi qu’une poignée de producteurs de canneberges, a en outre participé à la Chaire de recherche industrielle CRSNG-Hortau en irrigation de précision, qui a eu cours de 2010 à 2016, sous la direction de Jean Caron, chercheur à l’Université Laval. La petite révolution des méthodes de culture de la canneberge a cependant débuté quelques années plus tôt, avec le travail effectué par l’actuel vice-président exploitation chez Canneberges Bieler, Simon Bonin, et ex-étudiant de Jean Caron. Son mémoire de maîtrise en agronomie, terminé en 2009, portait sur la régie agroenvironnementale de l’irrigation de la canneberge.
Il est alors devenu clair, explique M. Bonin, que le drainage des sols est « un enjeu » pour la culture de la canneberge. Les tensiomètres, ces appareils permettant de mesurer l’humidité du sol en temps réel, ont été adoptés par les producteurs. Les méthodes d’aménagement des champs ont également été revues et améliorées, entre autres avec l’ajout de drains.
La précision, un atout
« Comparativement à d’autres cultures, on suit et on contrôle pas mal plus de paramètres, estime Simon Bonin. Si c’est trop sec, on peut élever un peu la nappe souterraine. Si c’est trop humide, on peut assécher les champs plus rapidement. Des sondes de température nous avisent s’il faut protéger contre le gel. Ce sont toutes des choses assez uniques. » Détail important : la très grande majorité des cannebergières fonctionnent avec des systèmes d’eau à circuit fermé. Cela permet le recyclage de l’eau et sa réutilisation.
Simon Bonin voit comme une belle victoire les avancées réalisées au cours des deux dernières décennies dans le « design des champs et la gestion de l’eau ». Il salue également « l’esprit d’innovation » des producteurs québécois et leur ouverture à la nouveauté.
Autres améliorations
« On travaille maintenant avec des images satellites qui nous donnent des indices de santé des plants, explique le vice-président, exploitation chez Canneberges Bieler. Les satellites passent au-dessus de nos têtes aux trois jours. On peut suivre l’évolution de l’effet de la fertilisation ou des correctifs qu’on fait aux champs. Ça va assez loin dans certains cas. »
Entre autres avancées dans les méthodes de culture, le propriétaire des Fermes LeMoine et cofondateur du transformateur Fruit d’Or, Martin LeMoine, souligne pour sa part la place grandissante de l’électrification de certaines opérations. « Chaque ferme a de nombreux moteurs diesel pour irriguer, dit-il. Mais on s’en va vers une électrification graduelle, quand même assez rapide. Il y a de beaux projets. Ce sont de bonnes nouvelles. »
Les nouvelles technologies sont maintenant présentes dans tous les aspects de la production. « Que cela soit pour la gestion de l’eau, la récolte ou la lutte intégrée, l’arrivée des modèles bioclimatiques précis et accessibles fait partie du quotidien des producteurs et vient faciliter leur travail », ajoute le directeur scientifique du Centre de Recherche et d’Innovations sur la Canneberge, Didier Labarre.
Après la machinerie… la plante
Après avoir consacré de l’énergie à intégrer de nouveaux outils, de nouvelles machineries pour perfectionner les méthodes culturales, on s’attarde depuis trois ans à la pureté génétique des plants et à leur amélioration. Ainsi, sur deux sites de production, on teste 19 nouvelles variétés de canneberges afin de cibler les cultivars les plus résistants aux insectes et aux changements climatiques.
Certaines nouvelles variétés permettent en outre « d’étirer la période de récoltes », note Monique Thomas, directrice générale de l’APCQ. À preuve, plusieurs champs devaient être prêts cette année autour de la mi-septembre, alors que la récolte des petits fruits était auparavant concentrée autour de l’Action de grâce.
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