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Adaptation aux changements climatiques, électrification de la machinerie agricole, développement d’une agriculture plus nichée, réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, intégration de l’intelligence artificielle, et bien plus : l’agriculture a connu des changements majeurs depuis 100 ans. Et ce n’est pas terminé; l’agronome Pascal Thériault entrevoit de nombreux bouleversements dans la vie des producteurs agricoles au cours des prochaines décennies.
« Nous allons assister à une multiplication des modèles agricoles, prévoit le directeur du programme Gestion et technologies d’entreprise agricole à l’Université McGill. La ferme familiale au Québec, telle qu’on la connaît, va continuer à évoluer dans le temps, mais à côté de cette agriculture plus conventionnelle, on va voir se développer l’agriculture urbaine et périurbaine, de plus petites fermes maraîchères avec des productions très nichées comme la culture d’hiver. Ça ne deviendra jamais des modèles dominants, mais ils ont leur place parce que ça permet de favoriser l’innovation et ça, c’est important. »
Et cette innovation sera particulièrement requise pour faire face aux défis posés par les changements climatiques. « Le plus grand enjeu que ça pose, c’est l’incertitude du climat dans lequel on va devoir apprendre à vivre. Ça va représenter un grand défi pour les producteurs agricoles, poursuit l’agronome. Ils devront développer une capacité d’adaptation et de résilience. Et si on pense au réchauffement de la planète, ça veut aussi dire qu’on pourra produire ici des cultures actuellement semées aux États-Unis, mais l’autre côté de la médaille, c’est qu’on risque aussi d’en perdre ou qu’elles se déplacent vers d’autres régions. »
L’automatisation des opérations et l’utilisation des robots en agriculture, une tendance qui fait déjà son chemin, prendra évidemment encore plus d’importance dans l’avenir.
Pascal Thériault croit également que le développement de l’agriculture de précision contribuera à une diminution de l’emploi des produits de phytoprotection sans engendrer de perte de rendement. « Leur utilisation se fera de façon très ciblée. Le concept des 4 B (le bon produit et la bonne dose, au bon moment et au bon endroit) sera de plus en plus intégré dans la pratique des producteurs. »
Plus tôt que tard, l’intelligence artificielle (IA) se frayera également un chemin jusque dans les fermes québécoises, prédit l’agronome. « À McGill, nous travaillons actuellement sur un projet de recherche en production laitière avec l’IA. Nous avons installé un système de caméras dans une étable pour filmer les vaches et développer un algorithme artificiel qui sera en mesure, juste en les observant, de déceler un problème de santé avant qu’il ne soit visible. C’est un concept qu’on verra aussi se développer au niveau des grandes cultures. L’IA pourrait arriver à prédire des phénomènes météorologiques juste en analysant une série de données. »
Le directeur du programme Gestion et technologies d’entreprise agricole croit également que malgré les accords commerciaux passés depuis trente ans ou ceux à venir, le modèle agricole du Québec, avec le système de gestion de l’offre et de mise en marché, va demeurer dans le futur et même prouver encore plus sa pertinence.
« Ce que la pandémie nous a appris, c’est que la sécurité alimentaire d’un peuple est importante, et une des grandes forces de la gestion de l’offre, c’est d’être capable d’aligner notre production avec notre consommation », estime Pascal Thériault, qui termine en disant que pour faire face à ces multiples enjeux, « ça va prendre des producteurs encore mieux formés pour pouvoir performer dans ce nouvel environnement ».