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forêt privée représente une richesse économique et un patrimoine environnemental qui pourraient enrichir les régions du Québec
LONGUEUIL – « La forêt privée peut faire l’objet d’un projet de société », lance Marc-André Côté, nouveau directeur de la Fédération des producteurs de bois du Québec (FPBQ), dans une entrevue à la Terre sur les défis qui attendent les producteurs de bois dans les années charnières avant la mise en place du nouveau régime forestier en 2013.
Il fait valoir que la forêt privée représente une richesse économique et un patrimoine environnemental qui pourraient enrichir les régions du Québec si les politiques mettent en place les signaux appropriés de façon à rééquilibrer le marché du bois, tout en prévoyant une rémunération pour les services environnementaux rendus par la forêt.
« L’équilibre est brisé », estime le directeur qui rappelle que la crise économique a frappé durement le secteur forestier et que plusieurs usines ont fermé leurs portes. Les producteurs de bois ont vu les prix baisser de 18 % et le volume de 50 % en cinq ans. Le manque à gagner est évalué à 170 M$ par an.
Dans ce contexte difficile, la nouvelle Loi sur les forêts aura un impact majeur tant sur la mise en valeur de la forêt que sur la mise en marché du bois.
Le directeur de la FPBQ estime que la nouvelle gestion écosystémique va changer l’intensité de la récolte et qu’on peut donc s’attendre à moins de bois en provenance de la forêt publique. Les chiffres de possibilité forestière seront connus à la fin de 2011, après les calculs du forestier en chef. La question primordiale sera ensuite de savoir quel pourcentage du total disponible sera donné en garantie d’approvisionnement aux usines par le ministère des Ressources naturelles. « On pense que ça va varier entre 60 % et 75 %, c’est le facteur clé », avance Marc-André Côté. Une autre partie du bois de la forêt publique ira au nouveau Bureau de mise en marché des bois, de façon à assurer un prix représentatif. Cette partie est estimée de 5 à 6 millions de mètres cubes par la FPBQ. Il n’est pas encore clair par ailleurs si les forêts de proximité obtiendront également une part du gâteau plus importante qu’en ce moment.
Dans la situation actuelle, la forêt publique peut donner 21 millions de m3, la forêt privée 9 millions de m3 en incluant le bois de chauffage et les importations représentent environ 5 millions de m3. « Un changement d’un million de m3 ça fait une différence, ce sont des vases communicants », explique M. Côté. Des garanties d’approvisionnement trop élevées pourraient ne pas laisser de place aux producteurs de bois. La FPBQ souhaite donc toujours un mécanisme d’ajustement des garanties en cours de route et pas seulement aux cinq ans. Il peut en effet y avoir un déséquilibre de marché dans une région donnée pour une essence d’arbre donnée à un moment imprévu au départ. Si rien n’est fait dans un cas comme celui-là, le marché peut s’effondrer. « On sent une écoute de la part du ministère », indique Marc-André Côté, qui pense qu’il n’est peut-être pas obligatoire de modifier la loi, mais qu’il faut s’assurer que les vases communicants fonctionnent bien.
Projet de société
Il ne manque pas grand-chose pour faire de la forêt privée un succès économique au Québec. « Les éléments sont pas mal en place », estime Marc-André Côté, en parlant des producteurs engagés, des conseillers forestiers, de la structure de mise en marché et des programmes gouvernementaux. « On a besoin de grands objectifs sociaux et de cohérence gouvernementale », précise le directeur, qui estime que le ministère des Ressources naturelles travaille dans cette optique et que la FPBQ « l’accompagne ».
Il faudra notamment trouver le moyen de mobiliser les producteurs durement frappés par la crise. Il y a environ 130 000 propriétaires de boisés au Québec, dont 35 000 producteurs de bois enregistrés. De ce nombre, 20 000 par an mettent du bois en marché et seulement 3000 tirent leur revenu principal du bois.