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La ferme Paul Richard et Fils inc. exploitera prochainement le premier poulailler avec « cages enrichies » au Québec.
Le fumier, déjà, y sèche par la chaleur des poules; camions et tracteurs roulent partiellement à l’huile de canola, les planchers des poulaillers seront bientôt chauffés aux granules de paille de canola et d’orge. Non contents de réduire de façon draconienne leur dépendance aux énergies dispendieuses, les « bizouneux » de génie qui gèrent la ferme de Rivière-Héva engrangent soigneusement le fumier séché et cubé dans deux gros silos, avant de l’utiliser dans leurs propres champs ou de le vendre comme fertilisant de jardins et de terrains miniers.
« Les sections enrichies que nous implantons cet automne permettront aux oiseaux de satisfaire trois instincts totalement bridés dans les cages conventionnelles : se percher, nicher et gratter le sol », explique Maurice Richard, associé à son frère Alain dans la propriété et la gestion de cette exploitation avicole abitibienne. La nouvelle installation alloue en outre une superficie de 750 cm2 à chaque poule, comparativement aux 432 cm2 suggérés par les Producteurs d’œufs du Canada (POC).
Le poulailler contenant la moitié du troupeau de cette ferme, 25 000 poules dans 4964 cages de cinq oiseaux, fera place à un nouveau bâtiment abritant 468 sections (cages) de 64 oiseaux chacune.
Les Richard investissent 1,2 M$ de dollars dans cette gageure. Ils s’y sont préparés grâce à plusieurs séjours en Europe pour évaluer les avantages de divers types de cages et de volières en usage. Confortant leur choix, la station de recherche de Truro en Nouvelle-Écosse a constaté il y a quelques années que les systèmes enrichis favorisent la ponte de coquilles plus épaisses tout en réduisant la nervosité des poules. La Fédération des producteurs d’œufs du Québec collabore aussi, sur le même sujet, avec une toute nouvelle chaire de recherche en bien-être animal à Guelph, en Ontario.
Un saut dans l’inconnu
« On est les premiers au Canada avec ce type de cages (FA64FR), assure Maurice Richard, les premiers en Amérique du Nord sans doute aussi. » Les cages enrichies deviendront obligatoires dès 2012 dans tous les pays de la Communauté européenne; c’est pourquoi on parle de norme 2012.
Chez les Richard, l’enrichi est un choix.
« C’est aussi un défi! On va devoir s’adapter à un nouvel éclairage, à une nouvelle méthode de récolte des œufs et à un nouveau système de ventilation », précise Maurice Richard. La manipulation des animaux s’en trouvera compliquée, ne fusse que par la grandeur des habitacles, presque quatre mètres de longueur…
« On est des innovateurs », renchérit Alexandre, fils et relève prévue du précédent, de concert avec son frère Jean-Philippe. C’est Alexandre qui a inspiré l’utilisation maximale du canola récolté sur la ferme Paul Richard. Ses trouvailles lui ont valu prix et bourses d’études universitaires à l’Expo-sciences l’an dernier.
Une gageure peut-être, mais une gageure bien planifiée. « Ce sera une amélioration extraordinaire. On va le constater lorsque les deux systèmes, l’ancien et l’enrichi, fonctionneront côte à côte », prédit Maurice Richard.
La ferme Paul Richard de Rivière-Héva compte 50 000 poules et enregistre un revenu brut, pour les œufs seulement, de 2,1 M$ par année. Elle figure parmi les 15 plus importantes exploitations du genre au Québec, les plus grosses atteignant le quart de million de pondeuses.
De concert avec Les Œufs d’or inc. de Val-d’Or (75 000 pondeuses), la ferme avicole Paul Richard fournit principalement l’Abitibi-Témiscamingue, seule région autosuffisante en la matière au Québec.