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En vous promenant dans la vallée de Napa, vous pourriez très bien tomber sur un producteur bien de chez nous, issu d’un milieu atypique, qui a « atterri » dans le vin par passion.
NAPA (Californie) — Sous l’enseigne de Vice Versa Wine, Patrice Breton s’est créé une deuxième vie dans la vallée de Napa. Il y a encore quelques années, il occupait le poste de vice-président chez Technologies Interactives Mediagrif, une compagnie de haute technologie de Montréal. En 2001, à 33 ans, il largue les amarres et se dirige vers la vallée de Napa. Il fonde la Breton Wine Company, pour lancer en 2003 son premier millésime, Vice Versa.
Patrice Breton parle de son nouveau travail avec beaucoup de passion. « Ici, le sol calcaire permet de retrouver une pureté exceptionnelle. Les raisins sont dotés d’une peau épaisse, ce qui leur confère une complexité de saveurs », raconte-t-il. Son intérêt pour le vin remonte à ses 18 ans, tout comme faire son propre vin, une idée cultivée depuis longtemps.
« Produire un vin, ça prend beaucoup plus de temps que de développer des technologies; c’est une façon de créer un projet qui va me survivre. La technologie n’a pas la même profondeur », explique-t-il.
Sa production se fait encore assez humble, mais ses bouteilles se vendent de mieux en mieux. L’année passée, il avait produit entre 350 et 400 caisses de son meilleur vin. Cette année, il compte en produire 1000 caisses.
Selon Patrice Breton, cet accroissement de la consommation du vin, devenu le principal alcool consommé aux États-Unis, enlève une certaine pression aux producteurs.
Difficile de se lancer ainsi en affaires à Napa? « Pas si tu connais les personnes clefs. C’est un monde relativement petit. Si tu possèdes un bon réseau, ça fonctionne bien. »
Comme plusieurs autres producteurs dans la Vallée, Patrice Breton mise désormais sur la vente directe pour cultiver son marché, puisqu’il écoule principalement son vin en Californie. Il dit se faire contacter souvent par des clients. Pour les vendanges de 2011, il veut être davantage présent dans son commerce et pouvoir rencontrer les consommateurs.
Patrice Breton travaille aussi à un projet de vin plus commercial. « Ce serait une variété plus abordable, facile à boire », dit-il. Il vise un prix de 20 $ la bouteille. Techno un jour, techno toujours? Même si Patrice Breton se trouve à des lieues de sa première vie, il reste connecté.
Au moment même où il démarrait son projet de vignoble, il lançait Wine Price Exchange, un agrégateur de la valeur des vins sur Internet. Le site compte 15 000 clients partout dans le monde.
L’effet Silicon Valley
En Californie, pendant quelques mois, le vin et l’informatique ont vu leur destin brièvement entrelacé, pour le meilleur et pour le pire.
À la fin des années 2000, quand Silicon Valley est devenue pendant quelque temps le centre du monde de la technologie, c’est la vallée de Napa qui en a profité.
Les jeunes prodiges de l’ordinateur, soudainement riches, se sont dotés d’une nouvelle lubie : posséder d’imposantes collections de vieilles bouteilles de vin. « Ils achetaient des collections entières pour ne pas avoir à attendre que le vin arrive à maturité », se souvient Scott Turnnidge, chez Silenus.
Cette nouvelle clientèle a galvanisé les producteurs, qui ont ouvert les vannes pour la production de leurs vins les plus recherchés.
Puis, l’effondrement de la bulle techno a sonné la fin de la récréation. Cependant, ce dégonflement n’a pas affecté tout le monde. « Plusieurs viticulteurs ne dépendent pas uniquement de Silicon Valley, car ils ont la chance de distribuer leurs produits au sein d’autres marchés. L’impact s’est fait sentir surtout chez les petits producteurs qui distribuent seulement en Californie », note de son côté Gladys Horiuchi, au Wine Institute.
Chose certaine, dix ans plus tard, la vallée de Napa en ressent encore les effets. Des collections entières attendent toujours des acheteurs, et des producteurs peinent encore à écouler leurs grands crus.
Technovin
Les viticulteurs du nord de la Californie ont su tirer parti de l’engouement pour les technologies sans fil. Par exemple, dans la Vallée de Sonoma, à l’ouest de Napa, le bureau touristique du comté a créé une application pour téléphones intelligents faisant le pont entre les touristes et les vignobles. Non seulement les visiteurs peuvent trouver les vignobles les plus près de chez eux en un clic, mais ils connaîtront aussi la carte des vins du moment, les détails sur les cépages et les activités du jour. Cette nouvelle façon de rejoindre les touristes a fait des petits : plusieurs autres comtés ont lancé, en 2011, leur propre version de l’application. Selon plusieurs promoteurs touristiques, cela pourrait être le début d’une nouvelle ère dans le tourisme du vin!