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Le Québec accepte un compromis pour éviter un retour à l’anarchie. En novembre 1972, alors que le Canada vit un important surplus d’œufs, l’Office canadien de commercialisation des œufs (OCCO) – qui porte aujourd’hui le nom de Producteurs d’œufs du Canada (POC) – est créé.
Dès sa fondation, l’OCCO envisage un contrôle de la production et un contrôle des frontières en fonction des importations historiques, le niveau desquels devait faire l’objet de négociations et d’ententes. Dorénavant, les ajustements de l’allocation pour chaque province sont décidés sur une base nationale selon des critères spécifiques.
La production canadienne est partagée entre les provinces sur la base de leur production respective moyenne des cinq années précédentes, soit de 1968 à 1971 inclusivement.
Le Québec obtient 16,556 % du volume national, malgré qu’il représente 26 % de la population canadienne. Les dirigeants québécois acceptent néanmoins cette entente, car, à leurs yeux, elle constitue un gain stratégique appréciable.
Il faut se rappeler que, jusqu’au milieu des années 1970, le marché des œufs de Montréal est presque exclusivement contrôlé par l’Ontario et par le Manitoba. Le Québec préfère avoir 16 % de la production nationale que pas d’entente du tout. Cet accord fédéral-provincial est crucial pour éviter que les marchés ne retournent à l’anarchie.
Tout est à mettre en place. L’évaluation des besoins des marchés et la compilation des données de production, des surplus et des importations nécessitent des années de rodage.
Néanmoins, le Canada peut maintenant utiliser les dispositions du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) pour contrôler les importations puisqu’il contrôle sa production et sa commercialisation intérieure. En effet, dans le cadre de cet accord signé en 1947 par 23 pays, la gestion de l’offre est l’une des seules justifications acceptées pour la mise en place de contingents à l’importation.
Le gouvernement fédéral met rapidement en place un programme d’aide aux producteurs pour éliminer les excédents de pondeuses; plus d’un million de poules doivent être abattues afin de stabiliser les prix le plus rapidement possible.
En 1976, l’OCCO met en place un programme de rachat des excédents du marché de table. S’il y a un surplus d’œufs dans une province, ces œufs seront rachetés par l’office national et dirigés vers le secteur industriel où ils seront utilisés dans l’industrie agroalimentaire pour la préparation d’aliments. Ce programme de rachat des surplus d’œufs destinés à la transformation se nomme « le produit industriel ». Ce programme nécessite une révision de l’Accord fédéral-provincial, signé par l’ensemble des provinces en 1973.
Malgré les erreurs et les difficultés aux débuts de l’OCCO, l’augmentation des prix payés aux producteurs permet à ces derniers d’espérer des jours meilleurs. Autre bonne nouvelle : en acceptant les recommandations de la commission Ross, l’OCCO reconnaît en 1976 que les producteurs ne seront plus payés selon les lois du marché, mais selon leur coût de production.
Les 3 piliers de la gestion de l’offre
- Contrôle de la production
l’équilibre établi entre la production et la consommation intérieures permet d’éviter les surplus et les pénuries susceptibles de causer d’importantes fluctuations de prix.
- Possibilité de couvrir son coût de production
les agriculteurs bénéficient d’un prix de base, établi en fonction des coûts de production, entre autres. Cela assure au producteur que ses revenus couvriront les dépenses de son entreprise.
- Contrôle des frontières
les importations sont contrôlées afin de protéger l’équilibre de la production. Au-delà de certaines quantités, les entreprises étrangères se voient imposer des tarifs douaniers plus élevés. Cette mesure évite qu’une trop grande quantité des produits étrangers vienne déstabiliser la production sur le marché canadien