Page conseils 19 juillet 2024

On ne parlera jamais assez de sécurité alimentaire

Le concept de sécurité alimentaire existe depuis longtemps, mais c’est au cours des dernières années qu’il s’est surtout fait entendre, plus haut et plus fort. Sournoise, cette expression s’est infiltrée dans nos discussions, parfois sans trop que l’on ne sache comment ni pourquoi. C’est que nous en sommes tous concernés : de l’agriculteur responsable du potentiel de production jusqu’aux consommateurs, dont le panier d’épicerie a été fortement ébranlé au cours des dernières années, en passant par l’ensemble des intervenants du secteur bioalimentaire, qu’ils soient agronomes, techniciens, transformateurs ou distributeurs.

Le secteur agricole est au cœur de cette préoccupation, plus particulièrement les agriculteurs dont le rôle est central dans l’adoption de méthodes durables intégrant la biodiversité et favorisant la sécurité alimentaire.

Rappelons ce qu’est la sécurité alimentaire. En voici une définition de la Banque mondiale, également adoptée par un bon nombre d’organisations qui s’y intéressent : « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. » 

On fait donc référence à un accès en tout temps, pour toute la population. Est-ce qu’on y est? Pas du tout! Et même pas chez nous, au Québec. 

Comme partout ailleurs, les changements climatiques d’intensité croissante entraînent des conséquences directes sur notre potentiel de production agricole. Certains autres facteurs plus conjoncturels, comme la pandémie et le conflit Russie-Ukraine, ont récemment occasionné des bris de la chaîne de distribution de produits agricoles et alimentaires. Facteur de nature plus structurelle, l’absence d’épiceries à grande surface dans certaines régions empêche l’accès à une alimentation à coût raisonnable pour chacune des populations du Québec. L’effet simultané de ces facteurs s’est traduit par une hausse des prix à la consommation, alors que ces prix avaient joui d’une relative stabilité depuis plusieurs années.  

Notre réflexe est de se sentir impuissants devant ces situations. Quelques mesures sont mises en place pour en diminuer les effets et atténuer l’insécurité alimentaire – on pense aux banques alimentaires ou aux aides fiscales – mais elles s’avèrent ponctuelles et circonscrites. 

Nous avons un rôle à jouer à plus long terme. L’évolution essentielle vers une agriculture durable et résiliente face aux changements climatiques est déjà bien en cours. À cela s’ajoutent de plus en plus d’initiatives favorisant la biodiversité agricole et alimentaire, en tenant compte des spécificités régionales.

Ces réalités régionales nous incitent à considérer et à promouvoir l’agriculture de proximité et les circuits courts d’approvisionnement alimentaire. Des circuits sont déjà bien en place dans plusieurs régions, autant urbaines que rurales, sous la forme, entre autres, de marchés publics, d’autocueillette ou d’offres de paniers.  Profitons de l’été et participons activement à cette collaboration qui unit directement le premier maillon de la chaîne, les producteurs et productrices, au dernier maillon, les consommateurs. 

Soyons tous parties prenantes dans l’atténuation de l’insécurité alimentaire d’environ un million de personnes au Québec (La faim justifie les moyens, Observatoire québécois des inégalités, 2022). Le travail est loin d’être terminé.

Et surtout, n’arrêtons pas de parler de sécurité alimentaire. Ne serait-ce que pour rappeler que des leviers politiques et financiers sont nécessaires pour soutenir la recherche, mettre à jour les connaissances sur le sujet et encourager les initiatives de l’ensemble des intervenants du secteur bioalimentaire québécois.


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