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Les odeurs de la campagne, pour certains, sont synonymes de beaux souvenirs. Elles leur rappellent leur enfance, des séjours de loisir, etc. Toutefois, pour d’autres, elles constituent une nuisance.
Les odeurs sont une des principales sources de tensions et de conflits de voisinage, souvent entre ruraux et néoruraux. Au fil des années, des conflits d’usage entre les activités agricoles et les autres activités ont été engendrés par la présence grandissante d’une urbanisation diffuse (c’est-à-dire lorsque des non-agriculteurs s’installent en milieu agricole), la baisse démographique des agriculteurs et des personnes liées à la production agricole, l’intensification des pratiques agricoles et la diversification des activités économiques en zone rurale.
Plusieurs technologies et techniques ont été répertoriées et étudiées dans les dernières décennies afin de réduire les émissions d’odeurs à la ferme (voir tableau). Toutefois, dans la majorité des cas, leur efficacité est très variable, tout comme leurs coûts.
Il est pertinent de rappeler que les odeurs font partie de l’espace rural comme lieu de production. D’ailleurs, l’Assemblée nationale française a adopté le 30 janvier dernier un projet de loi visant à préserver le « patrimoine sensoriel des campagnes ». Ainsi, les bruits et les odeurs caractéristiques du monde rural seraient protégés.
Bonnes pratiques agricoles
Au Québec, depuis 1989, une législation a été mise en place afin d’encadrer les activités agricoles en termes de nuisances. Toutefois, outre les lois et règlements encadrant les activités agricoles, d’autres moyens permettraient de réduire les tensions et de favoriser la cohabitation harmonieuse entre les usages agricoles et non agricoles, notamment les bonnes pratiques agricoles et l’entraide. Les MRC pourraient d’ailleurs songer à se doter d’un guide de bonnes pratiques agricoles et à porter une attention particulière à leur diffusion. Ainsi, ce guide servirait de complément au cadre législatif et réglementaire déjà instauré. De plus, une connaissance de celui-ci par les habitants des différentes zones limiterait le recours à la justice dans la plupart des problèmes de voisinage.
Une revue a été menée récemment sur l’adoption de guides, codes, politiques et directives dans d’autres provinces canadiennes ainsi que dans certains États américains et pays européens ayant des caractéristiques – dont le contexte agricole et territorial – comparables à celles du Québec. Cette revue a permis de constater que si leur adoption ne fait pas l’unanimité, ils accordent tous une importance remarquable à la communication comme outil principal de prévention et de résolution des conflits de cohabitation. Cette importance est reflétée par différents mécanismes mis en place qui encouragent le dialogue et l’entraide ou favorisent les activités de sensibilisation. Ces actions seraient plus efficaces que le seul encadrement de lois et règlements et moins coûteuses que l’implantation de technologies d’abattement des odeurs.
Stéphane Godbout, ing., agr., Ph. D.
Joahnn Palacios, ing., M. Sc.