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Les pollinisateurs, intervenants essentiels dans la reproduction des plantes, jouent un rôle important dans la biodiversité des écosystèmes en santé. L’abeille domestique est le pollinisateur dont les services sont les plus exploités par l’homme, qu’il s’agisse de la récolte de miel ou de la pollinisation des cultures, dont dépend la production alimentaire.
L’importance de l’abeille domestique pour notre alimentation est donc incontestable, mais un grave problème de mortalité hivernale a frappé le pays l’hiver dernier. En effet, selon les résultats d’une enquête effectuée par l’Association canadienne des professionnels de l’apiculture, 45,5 % des colonies d’abeilles mellifères auraient été décimées à l’échelle nationale durant l’hivernage de 2021-2022. Plusieurs causes sont considérées, comme la famine, les conditions climatiques défavorables, diverses maladies apicoles, etc. Parmi les maladies affaiblissant le cheptel apicole, on retrouve la loque américaine.
La loque américaine est une maladie bactérienne endémique au Canada qui préoccupe sérieusement les apiculteurs. Elle s’attaque au couvain, plus particulièrement aux jeunes larves, ce qui freine le renouvellement de la population dans les colonies. La bactérie produit des endospores, des structures infectieuses en dormance, qui lui confèrent une excellente capacité à résister dans l’environnement et sur le matériel apicole, d’où la difficulté à contrôler la maladie. D’ailleurs, une larve morte contient des millions d’endospores, alors que moins de dix sont nécessaires pour infecter une jeune larve en santé. La loque américaine est donc considérée comme une maladie très contagieuse, et des mesures appropriées doivent être prises pour contenir les infections.
Des antibiotiques comme l’oxytétracycline ont été homologués pour traiter la loque américaine au Canada. L’efficacité demeure toutefois limitée puisque la bactérie elle-même y est sensible, mais pas ses endospores. Le transvasement, soit le transfert des abeilles adultes d’une ruche infectée à une ruche propre en laissant derrière le couvain malade, est une méthode qui permet de réduire la charge d’endospores dans une colonie. Cette pratique est souvent combinée à l’utilisation d’antibiotiques pour en minimiser l’usage. Plus souvent qu’autrement, l’incinération des colonies infectées et du matériel contaminé, puis leur enfouissement, s’avère être la méthode de contrôle la plus efficace. Cela peut néanmoins engendrer des pertes économiques considérables.
Fait intéressant, une compagnie pharmaceutique américaine a développé le premier vaccin pour insectes au monde afin de combattre la loque américaine chez l’abeille domestique, et son utilisation a récemment été approuvée par le département de l’agriculture des États-Unis (USDA). Le vaccin est offert aux ouvrières sous forme de pâte sucrée. Elles le consomment, le digèrent et le transfèrent dans leurs glandes productrices de gelée royale. À leur tour, les ouvrières nourrissent la reine avec la gelée et le vaccin atteint ses ovaires. La reine est relâchée dans une ruche et le vaccin est transféré aux œufs lorsqu’elle commence son travail de ponte. Ainsi, les larves en développement, maintenant vaccinées, sont immunisées à mesure qu’elles éclosent. Cette nouvelle biotechnologie s’annonce prometteuse pour toute l’industrie puisque la santé des colonies n’affecte pas seulement les apiculteurs, mais aussi les prix et la disponibilité des denrées alimentaires. Il vaut toujours mieux prévenir que guérir!
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